RÉMI COSTANTINO :
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, EN CHARGE DU DÉVELOPPEMENT, DE L’INNOVATION, ET DE L’INTERNATIONAL D’EUROMÉDITERRANÉE
Le 16/11/2018
Rémi COSTANTINO, vous êtes Secrétaire Général, en charge du Développement, de l’innovation, et de l’international d’Euroméditerranée, dans cette ITW vous revenez sur les responsabilités que vous avez décidé de prendre en tant qu’établissement public et les leviers sur lesquels vous agissez pour construire ou diffuser une politique sociale, environnementale, sociétale. Vous expliquez aussi de quelle manière cette vision se traduit dans vos actions, enfin vous nous parlez de vos projets et de « l’urbanisme transitoire »
Quelles responsabilités avez-vous décidé de prendre en tant qu’établissement public et quels sont les leviers sur lesquels vous agissez pour construire ou diffuser une politique sociale, environnementale, sociétale ?
Depuis 23 ans, nous agissons sur une petite portion du territoire marseillais pour y apporter une véritable qualité urbaine et une plus grande attractivité. Nous sommes convaincus que, pour y arriver, il faut s’assurer que tous les aspects du développement de la ville soient regardés en même temps.
Par exemple, en matière économique, il faut à la fois donner envie à des entreprises de s’implanter, de localiser des lieux de décision, mais aussi s’assurer que des emplois soient créés pour les populations locales ou avoisinantes, avec tous les niveaux de qualification.
En matière d’habitat, c’est la même chose. Il faut bien sûr créer des logements neufs pour tous : en l’accession libre, aidée, en logement social, mais il faut aussi réhabiliter l’existant en tenant compte des populations en place.
En matière environnementale, on cherche à répondre à des enjeux énergétiques, mais aussi de gestion de l’eau, de qualité de l’air, de nature en ville, parce qu’on ne peut pas se permettre d’avoir des angles morts en matière de ville durable.
C’est cette vision d’ensemble qui caractérise véritablement notre action et nous amène finalement à agir dans beaucoup de domaines, pas forcément classiques pour un aménageur.
Concrètement, comment cette vision se traduit-elle dans vos actions ?
Notre crédo, c’est de travailler avec des partenaires dans tous les domaines. Bien sûr, les collectivités, Ville, Métropole, Département, Région et l’Etat sont nos principaux soutiens et partenaires.
Sur l’emploi, par exemple, nous avons systématisé dans nos marchés les clauses d’insertion en partenariat avec Emergences et Pôle Emploi. Depuis 2010, on parle de plus de 70 000 heures et 200 contrats conclus en lien avec ces clauses.
Sur la construction durable, on a par exemple un partenariat avec l’association EnvirobatBDM qui accompagne les promoteurs dans leur démarche de qualité environnementale, ce qui nous permet d’envisager demain un territoire où tous les bâtiments sont non seulement confortables et 15 % à 25 % plus performants que ce que les normes énergétiques exigent. C’est comme ça pour tout, en mêlant les énergies venant du public, du privé et de l’associatif suivant les sujets.
Quels sont vos projets ?
Vous pouvez en voir une bonne partie sous forme de chantiers autour de la Joliette et d’Arenc, au pied de la Tour CMA-CGM et de la Marseillaise. Ce qu’on voit moins mais qui prépare une mutation beaucoup plus forte, c’est ce qui se passe plus au nord, vers le Marché aux Puces et le Métro Bougainville. Bien sûr, nous avons imaginé un projet urbain très ambitieux à terme, mais c’est ce qui se passera d’ici-là qui est important, dans ce qui s’appelle aujourd’hui l’ « urbanisme transitoire ».
Avec Eiffage sur Smartseille, déjà sortie de terre, et maintenant Bouygues sur Les Fabriques, nous sommes en train d’imaginer un nouvel EcoQuartier, d’ailleurs labélisé par l’Etat, où tous les leviers que j’évoquais sont activés pour en faire un lieu accueillant, inclusif, connecté et innovant. La dernière ouverture dans ce secteur, qui est aussi la première des Fabriques (200 000 m² à terme), c’est une manufacture collaborative, portée par ICI Marseille, une structure construite sur un modèle qui a fait ses preuves à Montreuil. Sur 3 500 m², dans un hangar que nous avons mis à leur disposition en partenariat avec Bouygues, vous aurez à terme des dizaines d’artisans qui exerceront leur savoir-faire en utilisant des machines-outils normalement très coûteuses, qui sont ici partagées. Ca va de l’orfèvrerie à la charpenterie de marine, et ça permet à des métiers manuels de retrouver une place dans la ville. En plus, ce lieu accueille aussi des formations professionnalisantes pour des jeunes ou des moins jeunes, en ce moment, dans le câblage de fibre optique, un métier d’avenir !
Je suis sûr que ce thème de la formation de proximité a vocation à devenir un fil rouge de tout le nord de l’opération.
Pouvez-vous revenir sur le point de « l’urbanisme transitoire » que vous avez évoqué ?
On l’a vu en région parisienne, à Berlin et dans tous les quartiers d’entre-deux des grandes villes, mais à Marseille aussi on a déjà des exemples concrets : l’Etat et ses partenaires publics, dont nous sommes, ont confié à l’association Yes We Camp un projet sur ce modèle près de la gare Saint-Charles, dans des locaux administratifs désaffectés. Ca consiste à mettre à disposition des terrains ou des immeubles qu’on a achetés pour préparer les opérations à venir mais dont on n’a pas besoin tout de suite. Plutôt que de les laisser vides, avec des coûts de gestion exorbitants et surtout un impact catastrophique sur le quartier qui se vide petit à petit, on les met en sécurité et on les confie à des acteurs économiques ou associatifs qui implantent des projets pour une durée courte – moins de 5 ans en général. Notre démarche à nous est originale parce qu’elle touche beaucoup de sites diffus. Nous l’avons baptisée « MOVE » pour que ça bouge, avec l’objectif d’accueillir sur 9 emplacements situés dans un rayon de 10 minutes à pied autour de Bougainville des projets culturels, économiques et d’inclusion. La première édition est en cours, on peut candidater jusqu’au 21 décembre prochain.