PHILIPPE MILLION :

PDG D’EVEREST ISOLATION

Le 16/11/2018

Philippe MILLION, PDG d’Everest Isolation (40 salariés, 6,5 millions de CA), avait une gestion bien éloignée de la RSE. Ce chef d’une entreprise spécialisée dans l’isolation des combles et des planchers par soufflage, lauréat des Trophées RSE Provence-Alpes-Côte d’Azur 2017 (1er prix), nous explique comment, aujourd’hui, il en est devenu l’un de ses principaux étendards. 

Vous aviez un management « autoritaire » Jusqu’en 2011, qu’est-ce qui vous a fait changer ? 

Je vivais très mal le quotidien dans mon entreprise. J’avais l’impression de ressentir ce que pouvait éprouver un salarié quand il part travailler et qu’il n’en a pas vraiment envie ! Sauf que l’entreprise dans laquelle je n’avais plus envie de travailler, c’était la mienne ! C’était épuisant d’être dans l’autoritarisme. Nous étions dans un inconfort permanent, et vu comme un pion qui doit faire fonctionner l’entreprise sans aucune reconnaissance. 

En 2010, j’ai décidé donc de prendre le temps de sortir de mon entreprise dans laquelle je m’investissais trop, et mal !

J’ai rencontré d’autres chefs d’entreprises, d’autres réseaux… J’ai commencé ainsi à voir les choses autrement, car finalement pourquoi râle-t-on? Parce que l’engagement de ses salariés qui n’est pas à la hauteur de nos espérances ? L’image de notre entreprise qui ne correspond pas à l’idéal de ce que l’on se fait ? Des problèmes de trésorerie qui troublent nos nuits ! Nous pensons que l’autorité va corriger le tir et dessiner le chemin de notre idéal ? Mais quelle erreur ! Cela devait passer par une profonde remise en question. 

 

Comment s’est-elle effectuée ? 

J’ai décidé d’être mieux avec moi-même et pour cela j’ai pris des coachs. Puis, j’ai commencé par écouter mes collaborateurs et leurs envies. J’ai organisé une rencontre avec 14 d’entre eux, que j’ai réunis pour la première fois en dehors de l’entreprise. Ils avaient l’habitude de travailler par équipe de 2, du matin jusqu’au soir, et avaient ainsi peu d’occasion de se croiser et passer du temps à se connaitre. Cette première réunion fut plutôt un échec vu le peu d’échange et de participation de mes équipes mais au fond de moi c’était le démarrage d’une nouvelle ère à partir de laquelle devrait naitre beaucoup plus de « collaboratif ». C’est d’ailleurs pour cette raison que 4 mois plus tard j’organisais une première journée détente où le seul mot d’ordre était le plaisir. Nous n’avons pas parlé travail, juste vécu une aventure ensemble qui a commencé à nous unir et nous a permis de lâcher prise dans les représentations que nous nous faisions des uns et des autres. Ces journées firent beaucoup de bien à l’entreprise, comme que nous venions de vivre notre premier Ko Lanta ! 

Si j’ai un conseil à donner, c’est bien d’organiser ce genre de manifestation avant les grandes vacances car de cette manière tout le monde part en vacances avec un esprit positif. 

Nous organisons aussi le Noel de l’entreprise avec les conjoints pour qu’ils puissent, eux aussi, apprécier l’entreprise de leur conjoint et mieux comprendre leur investissement. De cette manière, ils sont plus conciliants avec eux si des déplacements sont à prévoir ou des heures supplémentaires à faire ! 

Quelles sont vos valeurs ? 

Dans mon éthique, je place en priorité la santé, la famille et le travail, et c’est au travers de ces trois valeurs fondamentales pour moi que je dessine et détermine les actions à mener pour mes salariés. 

Libérer la créativité de mes salariés est aussi au cœur de mes fondamentaux car ils en savent bien plus que moi sur les métiers qu’ils exercent tous les jours. Ils savent mieux que personne comment les faire évoluer, alors pourquoi ne pas leur demander, les impliquer et leur faire confiance pour, continuellement, éprouver leur propre modèle ? J’ai donc créé une prime à la créativité avec la mise en place d’un jury avec pour gain un weekend quelque part en Europe. 

Comment vous êtes-vous orienté vers la RSE pour en devenir l’un de ses portes paroles en gagnant le 1er prix des Trophées RSE Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2017 ?

En 2010, je ne savais même pas ce que ça voulait dire. J’ai appris et découvert que ça pouvait être un élément déclencheur pour l’entreprise. Grace à la RSE, on mène des actions économiques, sociales, environnementales et on les mesure sur les terrains. J’ai ainsi déployé la RSE sur chaque partie de mon entreprise. Elle m’a permis de me fixer des buts à atteindre en leur ajoutant du sens, de mobiliser mes salariés, et de mener mes réflexions toujours dans cette même dynamique. La RSE fait désormais partie de l’ADN de l’entreprise. Dans 4 ans, j’aurai 60 ans, et tous les jours je pense à mes petits-enfants : que vont-ils devenir ? Alors modestement j’essaye de faire ma part dans mon entreprise et de l’insuffler à mes salariés ! 

Une nouvelle action ? 

Nous avons décidé de recycler tous nos mégots de cigarettes en mobilier de jardin ! Rappelons qu’il faut 500 litres d’eau pour éliminer un mégot ! Cette initiative nous a permis de prendre conscience de notre consommation élevée de cigarettes et de la réduire. Voici une petite action que toutes les entreprises pourraient mettre en place, juste avec un peu d’envie et de volonté. Vous voyez faire du bien à notre entreprise, à nos salariés et à notre environnement, cela peut être aussi accompli par des mesures aussi simples que celles-ci ! 

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