Sébastien DEBEAUMONT

Directeur régional de la Dreets (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Le 20/11/2024

Sébastien DEBEAUMONT nommé, directeur régional de la Dreets (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), le 1er octobre 2024, revient sur son parcours, ses ambitions et les défis de la Dreets. Il aborde la réindustrialisation de notre territoire, le rôle de la Dreets pour sa décarbonation et partage sa vision du télétravail et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Il nous dévoile également ce qu’il viendra présenter lors de la journée de la réussite, le 11 décembre prochain.

Quel est votre parcours ? 

Mon parcours me permet de bien comprendre les enjeux liés à des territoires comme Fos-sur-Mer grâce à 15 années passées au sein d’une agence d’urbanisme et de développement dans le contexte industrialo-portuaire de Dunkerque ainsi qu’à mon expérience en tant que directeur de cabinet d’une collectivité, a ville de Nancy. Par la suite, j’ai pu renforcer ma fibre sociale en dirigeant en pleine crise COVID la délégation départementale du Var et l’Agence Régionale de Santé PACA en qualité de directeur général adjoint puis de directeur général par intérim. Ces expériences m’ont permis de plonger au cœur des nombreux domaines d’intervention que couvrent la Dreets à savoir l’emploi, la protection sociale et économique des citoyens, l’accès aux droite et le développement économique.

Quelle est votre ambition ?

J’arrive avec enthousiasme pour développer ce que j’appelle « la maison Dreets » qui est une construction assez récente puisqu’elle est née en 2021 de la fusion entre les DIRECCTE (directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) la DRJCS (Direction régionale jeunesse et cohésion sociale).  Nous avons besoin de consolider les transversalités internes et asseoir la Dreets dans le paysage territorial et national. Je voudrai que tous, connaissent les enjeux que couvrent notre institution trop méconnue.

Quels sont donc les défis auxquels la Dreets est confrontée ?

L’une des missions de la Dreets consiste à favoriser l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi. Nous sommes des bâtisseurs de parcours allant de la rue à l’emploi. C’est tout le sens de la loi pour le plein emploi du 18 décembre 2023 qui porte l’ambition d’un emploi pour tous à travers un accompagnement socio-professionnel renforcé des personnes qui en ont le plus besoin… Parmi nos actions, nous travaillons à lever les freins liés à la mobilité, au logement, à la santé, ou encore à la garde d’enfants principalement. D’ailleurs le département des Bouches-du-Rhône a été choisi pour expérimenter l’accompagnement par France travail de tous les bénéficiaires du RSA, en attendant sa généralisation en 2025 pour tous les bénéficiaires du RSA, les personnes en situation de handicap sans activité et les jeunes.

Nous agissons donc pour répondre aux problématiques des métiers en tension, et pour anticiper les besoins en ressources humaines. Nous établissons des passerelles entre les besoins économiques et les métiers contribuant ainsi à l’attractivité du territoire en lien direct avec les entreprises. Ce rôle nous place au cœur des enjeux de développement économique et de réindustrialisation du territoire. 

Les défis liés à la réindustrialisation sont étroitement associés à ceux de la décarbonation, un processus que vous soutenez également. 

La réindustrialisation passe nécessairement par la décarbonation. A l’heure de la COP 29, nous observons que ces enjeux occupent une place centrale et s’intensifieront encore à l’avenir. Nous avons une responsabilité environnementale qui devient un atout concurrentiel dans un monde globalisé. Prenons le cas de Fos-sur-Mer, le deuxième territoire de France le plus émetteur de gaz à effet de serre : ce site se transforme en vitrine pour des entreprises qui intègrent leurs impacts environnementaux dans leur stratégie. Elles participent notamment au projet « Sirius » qui vise à réduire drastiquement les émissions carbones et à promouvoir des alternatives via les énergies renouvelables notamment l’éolien flottant ou l’hydrogène. Réussir cette transformation, c’est envoyer un signal puissant à l’échelle territoriale, nationale, voire mondiale. Les nouvelles générations sont très sensibles aux valeurs environnementales et attendent des entreprises qu’elles incarnent cet engagement. La décarbonation est un enjeu stratégique incontournable pour les entreprises qui veulent renforcer leur attractivité et valoriser leur marque employeur. 

Justement on a entendu plusieurs grandes entreprises vouloir revenir sur le télétravail (cher aux nouvelles générations)  êtes-vous inquiet de ce retour en arrière  ? 

La crise COVID a profondément bouleversé notre rapport au travail. Elle a redéfini les contours de la relation entre vie privée et professionnelle. Elle a mis en lumière de nouvelles valeurs porteuses de sens. Le télétravail est un acquis qui je pense, sera durable. Certes il nécessite une régulation mais correspond à une aspiration profonde pour la société et contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Je sais que les entreprises réfléchissent à la semaine des 4 jours et je serai plus mesuré quant à sa viabilité. Dans tous les cas, celles qui franchissent le pas répondent aux attentes de la majorité de leurs salariés et renforcent leur marque employeur. 

Que constatent vos inspecteurs du travail dans les entreprises ?

La situation de ralentissement voire de retournement du contexte économique engendre craintes, tensions et parfois du ressentiment face aux interventions de nos équipes qui comportent aussi des missions de protection. Il convient donc plus que jamais de maintenir l’échange et d’expliquer le sens de celles-ci.

Pourquoi la RSE est si importante pour votre Institution ?

La RSE permet de développer au sein des entreprises, des valeurs sociales, éthiques, environnementales, tout en favorisant le dialogue social, la participation des salariés et la prise en compte des partenaires locaux.  La Dreets soutient la RSE, car elle met en avant des entreprises sensibles à nos politiques publiques d’insertion et d’inclusion. Par ailleurs il est démontré que les entreprises engagées dans une démarche RSE sont mieux préparées en termes de résilience et de pérennité économique, notamment grâce à leur agilité, leur attractivité RH, et leur capacité à écouter leurs partenaires. C’est donc un modèle que nous soutenons car il incarne des valeurs ancrées dans leur environnement et leur territoire. Chaque année vos trophées permettent de mettre en valeur ces entreprises qui apportent une réelle valeur ajoutée à notre Région. 

Lors de la Journée de la Réussite RSE le 11 décembre prochain, vous interviendrez sur l’IA, le programme Territoire d’Industrie et la transition environnementale. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
 
Au sein de la Dreets nous disposons d’experts spécialisés métiers et secteurs d’activités nous permettant ainsi de mieux appréhender les transformations auxquelles font face les entreprises et les territoires. Nous avons des experts en RSE, en IA, et en cyber sécurité entre autres. Nous évoquerons l’offre en intelligence artificielle disponible sur notre territoire, ainsi que le programme Territoires d’industrie qui soutient les actions en faveur du développement économique, local en favorisant les synergies entre les entreprises, les collectivités et l’Etat. Des moyens d’accompagnement ont été mis en place pour aider les acteurs des territoires labellisés à investir dans de nouveaux outils industriels, plus performants et respectueux de l’environnement contribuant ainsi à structurer des écosystèmes de filières spécifiques dans nos départements. Nous aborderons également l’action de l’État pour la transition environnementale de l’industrie en région Provence-Alpes-Côte d’Azur à travers des exemples concrets. 
Enfin, nous sommes très heureux de célébrer ce 20ème anniversaire à vos côtés. C’est l’occasion pour nous de renforcer notre engagement. 20 ans c’est l’âge adulte, le bon moment pour faire un bilan et se projeter vers les défis à venir. 

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