LAURENT NEYER :

DIRECTEUR RÉGIONAL DE LA DIRECCTE PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

Le 16/12/2020

Quel a été le rôle de la Direccte durant la crise ?

Durant la crise Covid et les périodes de confinement, la Direccte a essayé de répondre présente aux besoins d’urgence des entreprises pour les informer et pour qu’elles reçoivent les aides et soutiens apportées par l’Etat, tout en préparant la sortie de crise. En effet nous devons leur donner les moyens de retrouver une dynamique, de se relancer et de se redonner une vision sur l’avenir.

Nous n’avons eu de cesse avec les autres institutions régionales et les corps consulaires d’être au côté des entrepreneurs, en devant à notre tour, mettre toutes les forces vives de la Direccte à leur disposition. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour remercier vivement mes équipes de la Direccte pour leur investissement. 

Quelles ont été leurs missions ?

Répondre aux urgences ! Nous aussi, il nous a fallu être agile car nous avons reçu près de 4600 sollicitations en moins de trois semaines ce qui nous a demandé de redéployer nos moyens pour répondre aux inquiétudes et aux besoins du monde économique. Il a fallu débloquer également rapidement les fonds d’aides, et déployer notamment massivement l’activité partielle. Nous avons opté pour une approche basée sur la bienveillance et l’accompagnement, sur la confiance a priori et sur le contrôle a posteriori.

De quelle manière ?

Nous avons déployé nos inspecteurs du travail sur tous les territoires pour faciliter la mise en place des protocoles sanitaires dans les entreprises et préserver la santé et la sécurité de leurs salariés. Nos inspecteurs ont permis de créer plus de dialogue social et de compréhension en répondant aux peurs légitimes des salariés et à éviter ainsi l’éclosion de nombreux conflits sociaux. Ils ont été au côté des entreprises pour la préservation de la santé des salariés.

Maintenant, vient le moment des contrôles notamment sur l’activité partielle mais nous constatons dans l’ensemble peu de fraude avec,au-delà de quelques erreurs, une petite centaine de tentatives d’escroquerie sur des déclarations surévaluées ou sur des usurpations d’identité, espérant ainsi recevoir des aides pour les salariés qu’ils déclarent être en activité partielle. 

Vous avez aussi développé des aides pour maintenir l’emploi et les formations ?

Je conseille aux entreprises d’aller sur le site francerelance.gouv.fr et elles y trouveront l’ensemble des aides existantes. Effectivement l’état a voulu que les entreprises conservent leurs salariés dans les entreprises avec leurs compétences pour construire l’avenir.  L’Etat a mis en place des aides à l’activité partielle ou des aides pour permettre aux salariés de profiter de formations durant leur inactivité afin qu’ils acquièrent de plus grandes compétences et servir plus rapidement les besoins de leurs entreprises. C’est par exemple le FNE (fond national pour l’emploi) pour lequel plusieurs millions d’euros ont été débloqués avec pour relais les différentes OPCO.

Et des programmes d’insertion essentiellement tournés vers les jeunes ?

Soutenir l’emploi et l’insertion sont nos deux activités principales. Nous avons voulu prendre des mesures en faveur des jeunes qui ont été les premiers touchés par la crise sanitaire, financièrement et moralement. Il faut donner un horizon aux jeunes et pour se faire, l’Etat a mis en place un plan « un jeune, une solution ». Il concerne les jeunes de 16 à 25 ans et peut s’étendre à l’âge de 30 ans si la personne est handicapée. Ce sont des dispositifs d’aide à l’embauche de jeunes, des contrats aidés, des soutiens à l’apprentissage, des mesures supplémentaires pour l’insertion par l’activité économique,…. Avec la Région, nous allons rajouter près de 60 millions d’euros supplémentaires pour des formations complémentaires à destination des jeunes.  

Quel bilan pouvez-vous dresser ?

Nous sommes dans un paradoxe. Pour l’instant, nous constatons 30% de moins de défaillance de nos entreprises alors que beaucoup parlent de faillite. Cela s’explique du fait qu’elles soient encore sous la perfusion des aides de l’état. De plus, beaucoup d’entre elles ont entamé leur réserve financière durant la crise, nous craignons alors que beaucoup ne puissent plus investir et n’aient plus de réserve pour pouvoir faire face aux enjeux qui les attendent. Les mois à venir seront décisifs et il est à craindre toutefois des effets à retardement pour de nombreuses entreprises. Globalement la situation économique n’est pas aussi mauvaise que craint, excepté pour les secteurs économiques qui ont dû fermer pour des raisons administratives ou ceux qui ont vu leur clientèle fortement diminuée. Je pense, bien sûr, aux secteurs de l’évènementiel, de la culture, du tourisme, de l’hôtellerie et restauration et du sport. Malgré des soutiens encore très actifs (PGE, activité partielle, fond  de solidarité,…), l’impact sur ces secteurs risque d’être très important.

Vous avez parlé de relance, comment la préparez-vous ?

Le Plan de relance a permis de lancer différents appels à projet  dans le secteur de l’automobile, l’aéronautique et territoires d’industries,… Le dernier en date, appelé « résilience », a pour but de diminuer notre dépendance à des fournisseurs extra européens et ainsi à relocaliser les chaines de valeurs nécessaires au bon fonctionnement de notre pays. Les secteurs ciblés sont la santé, l’agroalimentaire, l’électronique, l’intra essentiel de l’industrie (fournitures, matières 1ère), et la 5G.

La RSE est pour vous, un enjeu de cette relance ?

Oui en effet, une entreprise équilibrée entre un bon dialogue social, une bonne gouvernance et qui collabore avec ses parties prenantes est une entreprise qui rebondit mieux que les autres. Il nous parait important de repérer les bonnes pratiques RSE mises en place dans les entreprises durant la COVID pour s’en inspirer, et nous aider à construire les nouvelles manières de travailler demain. C’est aussi pour cela que nous soutenons vos trophées RSE Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour nous aider à les connaitre et pouvoir offrir des exemples à suivre, pour nos entreprises.  L’exemplarité, n’a pas besoin de discours, elle parle d’elle-même.

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