GILLES BERHAULT :

PRÉSIDENT DU COMITÉ 21

Le 05/02/2014

Gilles Berhault, vous êtes Président du Comité 21, Président de ACIDD, Conseiller développement durable à l’Institut Mines Télécom, Auteur de livres, dans cet ITW vous nous faites part de quelques idées que vous allez développer dans un atelier sur la communication responsable, de la mini conférence que vous animerez sur « rompre la propriété » en lien avec votre dernier livre « Propriétaire ou artiste ? Manifeste pour une écologie de l’être. », des points que vous aborderez en clôture de notre RV notamment sur la Conférence mondiale pour le climat en France en 2015 et la futuring cities…

 

Vous allez intervenir dans un atelier. Quelle est la place de la communication dans la RSE ?

La question du développement durable de l’économie aujourd’hui est celle du changement d’échelle, de la généralisation. Nous avons tous prouvé que l’on pouvait éco-concevoir des produits, assumer ses responsabilités sociales, mettre en œuvre des démarches d’écologie industrielle. Cela marche et c’est généralement un gain pour l’entreprise, et pas seulement parce que cela motive les équipes. Aujourd’hui, nous devons tous changer profondément de culture et les comportements. C’est très compliqué. Pour cela nous avons besoin d’échange, c’est pour cela que RSE PACA existe. Mais nous avons besoin de designers très créatifs qui inventent des messages mobilisateurs, qui embarquent dans la RSE tous ceux qui ne s’y intéressent pas, et les motivent à changer de comportement. Après onze années d’Université d’été organisées par ACIDD dans le Luberon et à Bordeaux, nous en tirons trois conclusions

  • former tous les professionnels de la communication, en formation initiale et continue
  • multiplier la concertation et la coproduction
  • inventer l’imaginaire d’une communication qui s’adresse à toute la société

« Propriétaire ou artiste ? » Le titre de votre livre interroge ? Quelles idées voulez-vous partager lors de la mini conférence qui vous sera dédiée ?

Après avoir beaucoup écrit sur les relations entre numérique et développement durable, j’ai voulu m’interroger sur la dimension culturelle. Le premier point est que s’est développé une approche très technicienne de la RSE, qui me fait dire que le développement durable est une démarche humaniste qui a perdu son humanité.

Je crois aussi que s’est installé un modèle de consommation très compulsif autour de la propriété. Le modèle en est simple : j’achète toutes sortes de choses pour me rassurer. C’est un modèle de dépendance qui s’est installé aux dépends de notre qualité de vie. Je suis plutôt convaincu que le bien être est lié à l’usage pas à la propriété. C’est d’autant plus intéressant que l’économie de la fonctionnalité est moins impactante sur l’environnement, et que c’est une économie re-territorialisée… Et elle ouvre la porte aux innovations de façon très ouverte. 

La rupture nécessaire avec le modèle dominant actuel demandera du temps, c’est pour cela que je développe aussi dans ce livre la contribution nécessaire des artistes et un modèle d’enseignement très différent

Dans notre plénière de clôture, vous nous parlerez entre autre de la Conférence mondiale pour le climat en France en 2015 ?

Chaque année les Nations Unies organisent une « conférence des parties » sur les questions climatiques. La plus connue a été celle de Kyoto 1997, avec un protocole signé par de nombreux pays – pas assez – de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  

Les plus récentes ont été organisées à Copenhague, Doha ou Varsovie en décembre 2013. Ce sont les représentants des pays qui viennent négocier un accord… sont aussi présent des représentants non étatiques, que l’on appelle généralement la société civile : ONG, entreprises, villes et pouvoirs locaux, citoyens engagés. La France a été choisie pour organiser celle de 2015, son nom technique est la COP21. Ce sera une échéance importante, puisque que ce sera l’année où devront être pris les engagements à 2020, quand le protocole de Kyoto ne sera plus opérant. 

Mais au delà de la négociation entre 194 pays, c’est l’occasion pour la France de remettre à plat toutes les stratégies climat, c’est aussi une exceptionnelle opportunité de mettre en valeurs toutes les solutions que nous avons inventé et mis en œuvre sur l’énergie, la mobilité, le bâtiment… C’est le cas de grandes multinationales françaises, et aussi d’un foisonnement de PME, ETI, centres de recherches… et aussi de collectivités.

Qu’est que futuring cities ?

Je collabore en permanence avec l’Institut Mines Télécom qui regroupe les écoles des Mines et les écoles supérieures des télécoms. Nous travaillons avec des chercheurs, des experts et des collectivités à la ville verte et connectée. Les technologies numériques ont déjà apporté de nombreuses solutions pour la ville durable, mais nous devons aller plus loin. La question des données est centrale, mais ce n’est pas la seule. 

Sous la direction de Francis Jutand, nous réunissons actuellement un nombre limité de villes qui sont intéressées à engager une démarche laboratoire très participative. Du travail en commun va naître de nombreuses solutions. Nous pourrons aussi bien comprendre les freins, les besoins en compétences… Cela induit une démarche très transversale, au croisement des talents et compétences.

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