ALAIN JOUNOT :

AUTEUR DE « ENTREPRISES PERFORMANTES ET RESPONSABLES, C’EST POSSIBLE ! »

Le 12/11/2014

Alain Jounot est l’auteur, avec Florence Méaux, de « Entreprises performantes et responsables, c’est possible ! », publié aux éditions AFNOR. Faisant la synthèse des premiers retours d’expérience de 200 évaluations AFAQ 26000, ce livre valide l’hypothèse que la RSE est une source de compétitivité pour toutes les entreprises qui s’engagent.

Quelle est le profil des entreprises évaluées AFAQ 26000 ?

Les entreprises et organisations publiques sont notées sur 1000 points et se situent à l’un des quatre niveaux de maturité : « initial » pour 6% des organisations, « progression » (43%), « confirmé » (43% également). 8% seulement atteignent le niveau « exemplaire ». 

Les évalués, issus du privé et du public, sont basés en Ile-de-France à 24%, puis de manière homogène dans les régions Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Pays-de-la Loire, Midi-Pyrénées et Bretagne (entre 10 et 7%). Détail d’importance : 74% des évaluations concernent des PME.

Pourquoi les entreprises structurent-elles leurs actions en matière de responsabilité sociétale ?

Trois motivations principales ont guidé les démarches des entreprises évaluées AFAQ 26000. Tout d’abord, contribuer à la sauvegarde de la planète : les entreprises évoquent leur « responsabilité morale ». Elles véhiculent une culture d’entreprise responsable et souhaitent obtenir un constat impartial que cet engagement est réel. La responsabilité sociétale ne constitue pas une action uniquement déclarative et encore moins ponctuelle. Il s’agit d’une évolution culturelle qui doit être structurée pour pouvoir pénétrer et irriguer ses diverses activités. 

La deuxième est de pérenniser l’entreprise : le développement durable est invoqué comme « clef de la performance et de valorisation de l’entreprise ». Le troisième est de répondre aux attentes des parties prenantes, que ce soit pour répondre aux enjeux réglementaires ou, plus prosaïquement, aux critères des appels d’offre, en disposant d’un état des lieux impartial de leur contribution au développement durable.

Comment les entreprises évaluées peuvent-elles s’engager à long terme alors que le « court termisme » est de plus en plus la règle ?

Des liens évidents sont établis entre actions responsables et retombées positives : 

– si l’entreprise écoute davantage ses clients, elle peut faire du développement durable un avantage concurrentiel, et ainsi vendre mieux ou plus 

– par des actions responsables, l’entreprise peut réduire ses dépenses. A titre d’exemple, si elle améliore sa performance énergétique, elle réduit sa facture énergique et améliore donc son compte de résultat, etc.

Comment comparer une entreprise industrielle et une entreprise de services en matière de RSE ? 

L’évaluation AFAQ 26000 est un baromètre de la maturité des pratiques qui permet de faciliter la prise de conscience des changements nécessaires grâce à une vision extérieure, et mettre en place un système de comparaison externe ou interne (benchmark) des pratiques et résultats. Les champs couverts permettent de passer en revue l’ensemble du fonctionnement de l’entreprise. Le modèle est ainsi structuré afin d’offrir une grille d’analyse intuitive pour les managers des entreprises concernées. Le critère d’analyse et le système de scoring est commun à toutes les entreprises, ce qui permet à une entreprise de service de rechercher auprès d’autres secteurs les meilleures pratiques. Il peut être intéressant de connaître comment les entreprises les plus performantes ont sensibilisé leurs salariés, identifié les besoins et attentes des parties prenantes, hiérarchisé les domaines d’actions, revisité les valeurs etc. On constate que l’échange entre évalués de différents secteurs est très riche et d’ailleurs on nous demande d’organiser des réunions entre évalués afin de partager les expériences respectives. 

La labellisation en 4 « degrés » est-elle pertinente ? Les entreprises recherchent-elles vraiment à progresser ?

Les analyses qualitatives et quantitatives des 200 évalués montrent que toutes les entreprises progressent d’une évaluation à l’autre. Elles approfondissent leur engagement en faisant du rapport d’évaluation une feuille de route. Les évaluations étant prévues à minima tous les 18 mois -certaines entreprises en demandent 1 par an – elles stimulent les porteurs de projets, au premier rang desquels la direction, pour rechercher cette montée en grade, car elles considèrent la RSE comme contribuant à la performance et au fonctionnement global de l’entreprise. Un point important que nous avons noté : au-delà d’apporter des réponses aux questions de dégradation de la planète et de raréfaction des ressources, s’engager dans la RSE représente une posture optimiste et volontariste, à contre-courant de la morosité ambiante. Dans les entreprises évaluées, les collaborateurs ont la pêche. La RSE produit des hommes et des femmes qui prennent leur destin en main.

Alain Jounot est ingénieur en Physique des Matériaux. Il a débuté sa carrière dans le domaine de la recherche fondamentale avant de rejoindre le groupe AFNOR. Il a été responsable du département innovation en charge du développement du modèle AFAQ 26000. Il est depuis janvier 2011 Directeur commercial d’AFNOR certification.

A lire également