MICHEL DOUCIN :

AMBASSADEUR DE LA RESPONSABILITÉ SOCIALE EN FRANCE

Le 08/01/2013

Michel Doucin, vous êtes Ambassadeur de la Responsabilité Sociale en France, vous serez notre invité lors des Rendez-vous de la RSE et de ses innovations du 14 février. Vous nous faites part de votre cursus, vous nous expliquez, entre autre, vos missions, en quoi elles sont nécessaires et sur quoi, concrètement, débouche votre travail. Le, vous l’évoquerez le 14 février.   

Qui est Michel Doucin qui interviendra lors de notre plénière et des perspectives 2013 sur les Rendez-vous de la RSE et de ses innovations ?

Je suis un diplomate un peu particulier, si l’on observe les différentes missions que j’ai assumées depuis mon dernier séjour à l’étranger, en Allemagne, qui s’est terminé en 1996. J’ai été chef de la mission de liaison avec les ONG à la direction générale des affaires politiques du MAE, puis secrétaire général fondateur du Haut Conseil de la Coopération Internationale auprès du Premier ministre, Professeur à Sciences Po Paris de relations internationales, Chargé de mission à la direction des affaires économiques du MAE, Ambassadeur chargé des droits de l’Homme et, enfin, ma fonction actuelle, Ambassadeur chargé de la bioéthique et de la responsabilité sociale des entreprises. Les points communs à ces différentes fonctions : je les ai toujours choisies, voire créées (cas de l’actuelle notamment) ; elles sont toutes tournées vers la société civile et questionnent la diplomatie classique sur ses limites. 

Expliquez nous vos missions ?

Depuis le début de la décennie, les défis du Développement Durable se situent très haut dans l’agenda international. La RSE, définie comme la façon dont les entreprises intègrent les objectifs de développement durable dans leurs pratiques et maîtrisent leurs impacts sur la société, fait l’objet de négociations dans un grand nombre d’enceintes très diverses : certaines sont des institutions intergouvernementales (Nations Unies, OCDE, OIT, Union Européenne, Société Financière Internationale), d’autres sont des organisations privées (Organisation Internationale de Normalisation – ISO, Global Reporting Initiative) et d’autres encore sont mixtes (Pacte Mondial et Principes de l’Investissement responsable sous l’égide du Secrétaire Général des Nations Unies, Initiative pour la Transparence des Industries Extractives, Principes Volontaires sur la Sécurité et les Droits de l’Homme). La fonction d’Ambassadeur RSE vise à assurer l’unité des positions françaises entre ces différents lieux de négociation, veillant à ce que les points de vue de l’ensemble des acteurs publics et privés intéressés puissent être entendus, tout en veillant à une certaine cohérence. 

En quoi sont-elles nécessaires, et concrètement, votre travail débouche sur quoi ? 

Je n’aurai pas l’immodestie d’affirmer que je suis indispensable ! Qui l’est ? 

Le site Internet du gouvernement danois affichait en 2008, en introduction d’un « plan RSE », l’explication suivante : «Ce plan d’action a pour but d’aider les entreprises danoises à recueillir les fruits économiques de leur leadership, bien connu en matière de RSE. Il vise à renforcer le rayonnement international du Danemark et de ses entreprises dans ce domaine. » Le plan similaire adopté par le gouvernement Allemand fin 2010 sur proposition d’un Conseil national de la RSE ajoutait : la qualité RSE va renforcer la qualité technique légendaire des productions du pays et favoriser leur exportation. Ces pays, et bien d’autres, s’efforcent de faire reconnaitre, au plan international, des normes conçues pour consolider les atouts de leurs industries. Il importe de jouer le même jeu et d’amener les entreprises françaises à proposer, elles aussi, des normes internationales qui consolident leurs avantages concurrentiels. 

Il faut aussi veiller à ce que les normes qui s’élaborent en Europe ne soient pas rejetées par les autres continents, et travailler à la construction de règles internationales universelles :l’ISO 26000 est un bon exemple d’une telle réussite. Cela ne s’est pas fait tout seul. Un grand pays émergent asiatique voulait quitter la négociation en 2009. C’est la France qui l’a convaincu de rester en convaincant les autres pays d’accepter quelques concessions légères.

Vous interviendrez le 14 février lors de la plénière de quoi allez nous nous parler ?  

Je vous présenterai l’état des discussions entre les pouvoirs publics français et l’ensemble des acteurs privés de la RSE pour construire un dispositif permanent de dialogue faisant de la RSE, dans notre pays, non plus un ensemble de dispositions unilatéralement décidées sans concertation, non plus l’éphémère liste d’engagements issus d’une conférence de consensus détricotés dans les mois qui suivent, mais un travail conjoint et permanent de réflexion sur les enjeux de compétitivité internationale, d’inclusion, de changement climatique et d’épuisement des ressources naturelles pour lesquels l’entreprise a un rôle clé à jouer. La création d’une plateforme permanente multi acteurs sur la RSE sera l’un des piliers de cette transformation du débat. 

Je vous donnerai mon point de vue d’observateur de la mise en œuvre de la RSE par les entreprises sur les différents continents, vous présenterai les différentes conceptions qui se font jour d’une culture à l’autre et vous dirai l’image que les entreprises françaises ont, en général, hors de chez nous. Et je ne parlerai pas que des grandes entreprises, mais aussi des TPE et PME, des défis qui se posent à elles, mais aussi des opportunités. 

Vous avez une mission pour que chaque ministère intègre la RSE dans sa politique, expliquez nous ?

Pas exactement. La Commission européenne a demandé à chaque Etat-membre d’élaborer un plan national RSE. Comme je suis celui qui, pour pouvoir en parler à l’étranger, a accumulé la connaissance le plus transversale de ce que font les différentes administrations françaises dans ce domaine, j’ai proposé mes services pour établir le document préparatoire de ce plan ; Il a été transmis, après compléments apportés par les différents ministères, en fin d’année 2012 à Bruxelles et, surtout, servira de base aux travaux de la Plateforme que je vous ai déjà citée, à qui le gouvernement va demander, comme premier travail, de définir une proposition de plan national de promotion de la RSE. 

Vous auriez peut être un projet sur Marseille au niveau du CEFEB, le centre de formation de l’Agence française de développement ?

Le nouveau gouvernement s’est engagé dans une refondation de la politique française d’aide au développement. Des Assises Nationales du Développement et de la Solidarité Internationale ont été lancées, elles se déroulent pendant 4 mois jusqu’en mars. Le Centre de Formation de l’Agence Française de Développement, le CEFEB, situé à Marseille depuis de nombreuses années, jouera un rôle important dans la nouvelle politique qui sera adoptée à l’issue des Assises, car il est clair que la formation doit être développée pour donner aux élites des pays en développement les capacités de prendre en charge le destin de leurs peuples. Dans le domaine de la RSE, sujet qui présente aussi de grands enjeux pour les pays du Sud – il ne faut pas que les normes de RSE les excluent encore davantage des circuits de la production de la richesse mondiale et il faut qu’ils s’approprient les concepts du développement durable – nous pensons à organiser beaucoup de formations à Marseille.

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