CLAIRE GIBAULT :

FEMME CHEF D’ORCHESTRE

Le 08/01/2013

Claire Gibault, vous êtes une des rares femmes Chef d’orchestre, à avoir créé le vôtre : Le Paris Mozart Orchestra, composé de 40 musiciens. Vous êtes la première femme à diriger l’orchestre de La Scala en 1995, ancienne député européenne, vous êtes membre du Conseil Economique, Social et Environnemental, élue Vice-présidente de la section Culture Education. Vous serez présente le 14 février lors de nos Rendez-vous de la RSE et de ses innovations et vous nous faites part, dans cet ITW, de votre combat pour l’Égalité Hommes femmes, de votre engagement pour des actions solidaires et vous nous expliquez le parallèle que vous faites entre un chef d’orchestre et un chef d’entreprise…

Qui est-elle ? 

Après avoir fait ses armes au Conservatoire du Mans, le CNSM de Paris et l’Opéra de Lyon, elle devient la première femme à diriger l’Orchestre de la Scala de Milan en 1995 dans une création de l’Opéra « La Station Thermale » de Fabio Vacchi. Elle dirige ensuite de très nombreuses productions à travers toute l’Europe et l’Amérique du Nord. Elle a aussi été chef d’orchestre adjoint auprès de Claudio Abbado pour le nouvel orchestre Mozart de Bologne de 2004 à 2007 et a collaboré avec Placido Domingo.

Tout en continuant son métier, Claire, devient députée européenne, membre de la commission de la culture et de l’éducation et siège à la commission du Droit des Femmes et de l’Egalité des Genres. Elle se bat pour la protection des musiciens et, à cet effet, a été rapporteur d’un avis sur le statut social des artistes en Europe, voté en juin 2007.

En juillet 2010, elle crée son propre orchestre : le Paris Mozart Orchestra. 

En novembre 2010, Claire Gibault est nommée Membre du Conseil économique, social et environnemental et élue Vice-présidente de la section Culture Education. 

Quel est votre combat pour l’Égalité Hommes femmes ?

Outre les différentes missions que j’ai dans certaines commissions liées à l’Egalité Homme Femme, j’ai toujours considéré que ce qui faisait la richesse de l’Homme, c’est sa différence, et donc sa complémentarité. Nous sommes des êtres uniques animés par des passions différentes, homme et femme doivent construire ensemble et pas les uns contre les autres. C’est ce que j’ai voulu faire en créant uneCharte sur la parité dans mon orchestre et en la faisant signer à l’ensemble de la formation. Cela est vraiment exceptionnel de créer de la parité aux postes de responsabilité dans un orchestre, comme celui de soliste, souvent réservés aux hommes.

Vous-mêmes, avez-vous été discriminée en tant que Chef d’orchestre ? 

Les temps changent mais c’est vrai qu’à Vienne, alors que j’étais assistante de Claudio Amado l’orchestre uniquement composé d’hommes n’a pas accepté que je puisse le diriger, même pour les répétitions. Karayan a vécu le même écueil auprès de son orchestre quand il a voulu lui imposer une prestigieuse clarinettiste, car elle doit être cooptée, et les hommes ne voulaient pas céder des postes aux femmes, ils avaient l’impression de faire perdre un certain prestige à leur orchestre le cas échéant ! 

Vous ne vous produisez pas seulement dans des lieux prestigieux, vous choisissez les hôpitaux les prisons et les collèges classés en zone d’éducation prioritaire, expliquez-nous ? 

Notre orchestre considère qu’il faut démocratiser l’accès à la musique classique, ainsi notre formation est engagée et solidaire, car nous avons une mission d’éducation artistique et culturelle pour faire en sorte que le monde de l’école ou autre soit aussi le monde du sensible et pas seulement des savoirs, de la connaissance, de la haine ou de la maladie. 

Claire Gibault, vous serez présente le 14 février lors de notre plénière, et vous nous direz quels parallèles vous faites entre la direction d’un orchestre et celui d’une entreprise.

En effet, cette rencontre rapproche la direction d’un orchestre de celle d’une entreprise. La direction d’un orchestre n’est pas seulement technique, artistique et musicale. Elle requiert également des qualités managériales et humaines et sert un objectif commun de résultat.

La mise en valeur des talents des musiciens qui le composent se fait au service d’une œuvre à interpréter et d’un résultat collectif. Ecouter, réunifier les diverses sensibilités au sein d’un orchestre, avoir le sens du « tempo » sont des qualités primordiales pour un chef d’orchestre et pour un chef d’entreprise.

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