LINDA FILONE :
RESPONSABLE RSE DE L’INTERPROFESSION DES VINS PAYS D’OC IGP
Le 23/02/2016
Linda Filone est responsable RSE de l’Interprofession des vins Pays d’Oc IGP, un vignoble de 120 000 hectares dont la production représente 15 % de la production nationale de vins tranquilles français. Elle revient sur la dynamique engagée depuis près de sept ans et le pari de l’ISO 26000 pour aider les entreprises du secteur viti-vinicole à progresser. Elle témoigne ici de ses actions mises en place pour fédérer la filière vin. Venez découvrir à l’atelier co construit avec l’Afnor« Comment créer un label RSE sectoriel dans votre filière métier ?» d’autres filières engagées comme la Santé et le médico-social ou les entreprises du paysage…
Quels sont les fondements de l’action engagée par Inter Oc ?
« Ils sont concrets. Tout d’abord, dès 2009, nous avons mené des études dans les marchés américain, canadien, anglais, allemand et français pour comprendre les actes d’achats du vin. Elles ont clairement montré que les chances d’une bouteille d’être choisie sont plus fortes lorsque celle-ci revendique un engagement en responsabilité sociétale. Au-delà de l’acte d’achat favorable, l’étude montre que le consommateur de vin est prêt à payer plus cher pour une bouteille qui revendique un message durable crédible. En toile de fond, l’Interprofession souhaitait évaluer l’opportunité d’un engagement en responsabilité sociétale des structures présentes à l’export. Nous avons ensuite réalisé un diagnostic pour évaluer l’appétence des entreprises Pays d’Oc IGP pour une telle démarche et le retour positif nous a définitivement convaincus. Nous avons donc lancé, en 2012, un projet avec le groupe AFNOR. »
Pourquoi miser sur une norme, l’ISO 26000 ?
« Parce que la RSE avait besoin d’être cadrée. Les consommateurs demandent des preuves, ils ont maintenant besoin d’un dispositif visible, crédible et surtout parlant partout à travers le monde. C’est une des vertus de la norme internationale ISO 26000 qui donne des lignes directrices pour qu’une entreprise vise un développement durable. Mais soyons clairs : la RSE n’est pas innovante sur le fond, puisqu’elle revient quelque part à une gestion en bon père de famille sur le volet environnemental, social et économique. Ce qui est nouveau, c’est de la formaliser et de faire évaluer sa démarche par un tiers de confiance, pour démontrer que des actions sont menées et contrôlées sur le sujet précis du développement durable. Il faut bien comprendre que les recommandations d’aujourd’hui seront sans doute les prérequis de demain pour conserver certains marchés. Il nous semble donc essentiel de se mobiliser dès à présent. »
Que faites-vous pour aider les vignerons à comprendre cette norme ?
« Beaucoup de choses, car ce n’est pas facile d’accès, il faut le reconnaître. Nous pouvons aujourd’hui nous appuyer sur une transposition de la norme ISO 26000 à la filière vin . C’est le fruit du travail que nous avons mené au niveau national. Même chose concernant AFAQ 26000, qui permet de disposer d’une note sur 1000 points après évaluation d’AFNOR Certification, sur la base de la norme ISO 26000. Nous diffusons un guide de lecture dédié pour que les entreprises comprennent comment se préparer à la venue d’un organisme indépendant. Concernant les achats, nous avons mis à disposition ACESIA, une plateforme leur permettant d’évaluer leurs fournisseurs sur des critères de développement durable. C’est clairement une démarche qui se diffuse. Les entreprises comprennent bien que désormais, au même titre qu’on ne peut se déclarer label AB sans être certifié conforme sur le respect du cahier des charges officiel, un vigneron ne peut se déclarer responsable sans être évalué ISO 26000. »
Quels sont les bénéfices observés chez les plus engagés ?
« Au-delà des réponses apportées aux attentes des consommateurs, être évalué en RSE est, pour un vigneron, un moyen efficace de valoriser ses terres. Je pense notamment à BLB Vignobles, un domaine familial du Languedoc-Roussillon. Il a réussi à préserver ses vignobles d’un projet de rocade routière en faisant valoir sa démarche en biodiversité, de valeur économique et sociale. Pour l’export, et c’est là la portée de l’ISO 26000, je prendrai l’exemple de la Société des Alcools de Québec, qui attribue dans ces appels d’offres des points à des critères de développement durable. Elle a dernièrement reconnu l’évaluation AFAQ 26000 comme une reconnaissance à valeur environnementale et sociétale. Lorsqu’un dirigeant sollicite cette évaluation, c’est le signe qu’il se mobilise pour trouver des réponses à la question : comment sera mon entreprise dans 15 ans. »
Quelles réponses apportez-vous à ceux qui pourraient soupirer à l’idée d’un label de plus ?
« Nous en avons conscience. Pour autant, AFAQ 26000 est bien le modèle d’évaluation RSE le plus abouti et le plus utilisé du marché. Pour le rendre plus accessible, nous avons décidé de l’adapter pour la filière vin et allons créer un label spécifique, adossé à la rigueur de son dispositif. Pour être claire : un vigneron, par exemple, évalué AFAQ 26000 par AFNOR Certification et qui répondra aux critères de notre label sera soutenu pour communiquer sur sa démarche, sur ses produits, pour que les consommateurs l’identifient plus facilement. Vous le voyez, nous soutenons nos efforts et nous sommes encore au début de l’aventure.»
Que diriez-vous aux autres filières métiers pour les convaincre de venir dans l’atelier co construit avec l’Afnor« Comment créer un label RSE sectoriel dans votre filière métier » ?
Depuis plusieurs années et sous l’impulsion de fédérations professionnelles, les actions sectorielles en faveur de la responsabilité sociétale se sont multipliées. Ces initiatives sont aujourd’hui soutenues par le Ministère du développement durable et la plateforme RSE qui militent pour les développer davantage. Pour faciliter l’intégration des critères de la responsabilité sociétale, les organisations travaillent donc à décliner ce concept aux spécificités de leurs filières. C’est dans cette lignée qu’AFNOR Certification propose un accompagnement sur-mesure aux organisations professionnelles en prenant pour modèle l’évaluation AFAQ 26000.
L’une des premières filières à s’être engagée est l’Interprofession des vins Pays d’Oc IGP. Cette démarche, j’en suis sure peut se dupliquer dans d’autres filières, c’est pourquoi je les incite vivement à venir découvrir dans cet atelier d’autres exemples de filières engagées comme la Santé et le médico-social ou les entreprises du paysage et venir échanger avec AFNOR Certification sur les enjeux de votre secteur et les solutions proposées pour vous accompagner dans votre démarche RSE.