GAELLE REBEC :
DIRECTRICE ADJOINTE DE L’ADEME EN RÉGION PACA
Le 05/06/2017
Gaelle REBEC, vous êtes directrice adjointe de l’Ademe en Région PACA et serez présente le 22 juin sur le Forum RESET. Vous insistez dans cette ITW sur l’importance pour l’Ademe de soutenir l’économie circulaire en citant des exemples d’actions aidées. Vous parlez des objectifs fixés, et pourquoi les entreprises sont très concernées par ces nouveaux sujets environnementaux qui sont sources de développement économique pour elles tout en réduisant leurs nuisances sur l’environnement…
L’Ademe soutient fortement les actions liées à l’économie circulaire, pour quelles raisons ?
Avec l’entrée en vigueur rapide en novembre 2016 de l’Accord de Paris sur le climat approuvé en décembre 2015 à l’issue de la COP 21, les Etats ont envoyé un signal fort sur leur volonté d’engager sans attendre un changement de modèle pour un monde moins carboné et ceci malgré l’annonce du retrait récent des Etats-Unis. La France, avec la loi de transition énergétique d’août 2015, s’est résolument engagée dans ce changement de modèle dont l’économie circulaire est un des piliers.
D’ici à 2050, nous devrions être plus de 9 milliards de personnes, à consommer toujours plus de ressources et à exercer une pression toujours plus forte sur la planète. Cela ne se fera pas sans conséquences sur l’accès aux ressources. Face à cette situation, il devient incontournable de développer une gestion efficace des ressources.
Il faut donc engager une évolution profonde de notre modèle de production et de consommation qui représente un tournant d’innovation pour les entreprises leur permettant de développer une nouvelle compétitivité.
L’économie circulaire envisage différentes façons de repenser le modèle économique, en s’appuyant sur la gestion efficace des ressources. Mieux gérer les matières premières, l’énergie et les déchets, c’est aussi réduire les charges. Il y a là un vrai gisement d’économies, encore insuffisamment exploité. L’économie circulaire offre une vaste palette d’actions que les acteurs doivent s’approprier. Si certaines pratiques sont engagées depuis longtemps comme le recyclage ou l’écoconception, d’autres sont émergentes comme l’économie de la fonctionnalité ou l’écologie industrielle et territoriale, et certaines plus anciennes sont à redynamiser comme la réparation ou le réemploi.
La transition vers l’économie circulaire induit la nécessité de généraliser les bonnes pratiques les plus performantes en ne se satisfaisant pas de l’idée que « l’on fait déjà ». Il s’agit non seulement de s’engager dans la lutte contre le gaspillage comme par exemple sur le gaspillage alimentaire mais aussi de s’inscrire dans un changement plus profond du modèle de production et de consommation. L’économie circulaire, en effet, questionne le monde économique sur ses modèles de développement. Ainsi, une gestion plus efficace des ressources peut permettre d’avoir une entreprise plus compétitive et plus résiliente dans un contexte économique fluctuant. L’économie circulaire est au cœur des missions de l’ADEME à travers le Fonds Déchet et nous accompagnons tous les acteurs, territoires comme entreprises, pour engager cette transition, mettre en place des actions, innover tant en terme de procédés que d’organisation, et pérenniser leurs démarches d’économie circulaire.
D’ailleurs vous serez présente sur le forum RESET 2017, quelle sont les actions que vous soutenez et qui répondent à vos objectifs ?
Comme chaque année, l’ADEME est présente au forum RESET afin d’échanger sur les bonnes pratiques mais également animer, partager ses retours d’expériences en matière d’économie circulaire sur les territoires de la région et auprès des entreprises. En matière de RSE, rappelons par exemple que depuis 2014, ce sont près de 1600 entreprises de la région qui ont été touchées, évaluées ou accompagnées dans le cadre de différents dispositifs partenariaux (du Parcours Performant et Responsable en PACA, PLATO Performance Durable, PG06, PG PACA Est, etc…).
En 2016, l’ADEME en région PACA a soutenu plus de 118 projets dans le domaine de l’économie circulaire et des déchets pour un montant de 7 millions d’aides à travers ses appels à projets régionaux tels que « Filidéchets » mais également nationaux avec le dispositif « Orplast ».
Ce sont également des actions au plus près des territoires avec le soutien de 14 collectivités engagées concrètement dans des démarches Territoires zéro déchets zéro gaspillage. Ce sont plus de 21 projets soutenus dans le cadre des appels à projets « Prévention et réductions des déchets alimentaires » depuis 3 ans pour un montant d’aides d’environ 800k€. Un autre exemple d’actions spécifiques à la région PACA, depuis 2015, l’ADEME soutien de nombreuses initiatives territoriales de prévention et de gestion des déchets verts en région pour promouvoir des solutions de valorisations alternatives au brulage à l’air libre, contribuer à un retour au sol des matières et une meilleure qualité de l’air.
Enfin, L’ADEME soutient de nombreuses actions de sensibilisation, de prévention et d’animation dans le domaine de l’économie circulaire ce qui représente actuellement 32% de la population régionale impliquée dans une opération de ce type.
Les objectifs et les acteurs régionaux :
La transition vers l’économie circulaire n’est pas encore totalement déterminée par la législation qui s’appuie en partie sur la réglementation déchets. Dans ce domaine elle fixe des objectifs précis, comme la réduction de la mise en décharge de 50% en 2025 par rapport à 2010 ou une réduction de la production de 10% des déchets ménagers et assimilés en 2020 par rapport à 2010, mais aussi en limitant ou en interdisant la consommation de certains produits comme les sacs plastiques non réutilisables. Il s’agit aussi de laisser une place importante aux initiatives des acteurs de terrain notamment les collectivités territoriales et les entreprises.
L’ADEME accompagne des acteurs comme la Région qui de par leurs nouvelles compétences disposent d’un champ d’action dans lequel s’inscrit totalement la transition vers l’économie circulaire notamment au travers des politiques portant sur l’environnement et sur le développement économique. L’ADEME accompagne ainsi la Région pour l’élaboration de son PRPGD.
Les entreprises au cœur de l’évolution du système de production et de consommation :
Aujourd’hui les acteurs économiques doivent évoluer rapidement avec des mutations de modèles d’affaires ou technologiques qui induisent une remise en question régulière du monde de l’entreprise. A titre d’exemple, face à l’augmentation du coût des matières premières certains industriels cherchent à conserver la propriété des matières qu’ils ont acquises et transformées pour améliorer leurs performances économiques. L’économie de la fonctionnalité illustre bien cette stratégie, avec un modèle économique où l’objet de la transaction est la performance de l’usage… Ce modèle émergent, visant à la fois des impacts positifs en termes de qualité, de sobriété et de réduction des nuisances, doit encore être mieux analysé dans ses potentiels et ses contextes de développement tant pour les fournisseurs que pour les consommateurs professionnels ou citoyens. L’ADEME œuvre en partenariat avec l’Etat, la Région et le monde économique à soutenir la dynamique régionale impulsée depuis 2014 sur le sujet.
L’ADEME a toujours travaillé historiquement avec les acteurs économiques pour les accompagner dans l’amélioration de leur performance environnementale et le développement de solutions innovantes en matière d’énergie et d’environnement. Depuis 2010, l’année de l’élaboration de notre précédente stratégie vers les entreprises, le contexte a fortement évolué : croissance faible, prix des énergies fossiles relativement bas, révolution numérique… sont autant de nouveaux facteurs qui bouleversent les modes de fonctionnement traditionnels des entreprises. L’ADEME s’adapte à ces évolutions avec la nouvelle stratégie entreprises 2017- 2021 traduisant la volonté de généraliser la transition énergétique et écologique de la société en veillant à prendre en compte la réalité quotidienne du monde de l’entreprenariat et l’environnement dans lequel il évolue.
En matière d’économie circulaire, il nous faudra donc intensifier notre intervention auprès des entreprises pour les accompagner à relever les défis de demain.