CORINNE TOURASSE :

DIRECTRICE DE LA DREAL PROVENCE-ALPES CÔTE D’AZUR

Le 03/12/2021

Corinne Tourasse, directrice de la DREAL Provence-Alpes-Côte d’Azur nous fait, notamment, mieux connaître les missions des Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement, et nous explique en quoi agir sur le foncier économique est un levier de transition.

Sous l’autorité du préfet de région, les DREAL participent à la mise en œuvre et à la coordination des politiques en matière de développement et d’aménagement durables, de mobilité, de logement, de lutte contre le changement climatique, de préservation de la qualité des milieux (eau, air, sol), de la biodiversité et des paysages. Elles doivent aussi assurer l’application des lois concernant notamment la prévention des pollutions, des risques et des nuisances. Son rôle est de contribuer à la cohérence locale entre tous ces enjeux et à la mise en œuvre de la transition écologique.

Pour y parvenir, la DREAL Provence-Alpes-Côte-D’azur agit en association étroite avec les autres services et établissements de l’État, mais aussi en partenariat avec les collectivités, les milieux économiques et professionnels, les associations ou directement en lien avec les citoyens. 

Par exemple, au travers des Trophées RSE, elle soutient les actions vertueuses des entreprises en matière de protection de l’environnement et des ressources naturelles.

Les trophées changent de nom et s’appelleront désormais les Trophées des Transitions et de la RSE. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

C’est un message fort qui est adressé aux entreprises dans le sens de leur engagement sociétal. Elles s’engagent depuis plusieurs années à conduire des actions qui impliquent souvent une évolution de leurs pratiques. De manière plus ambitieuse encore, la responsabilité sociétale pose l’entreprise comme un acteur incontournable pour engager les transitions globales nécessaires, affronter les crises et atténuer l’impact de l’homme sur la nature et le climat. Ces défis ne peuvent en effet être relevés que tous ensemble et au travers d’actions dans tous les domaines : par exemple gestion des déchets, de l’énergie, de l’eau, des transports, prise en compte de la biodiversité… ou encore gestion du foncier économique.

En quoi agir sur le foncier économique peut-il être un levier de transition ?

Le foncier est une des ressources rares, en particulier en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Or, le foncier économique occupe une part particulièrement importante de la consommation d’espace (presqu’un tiers sur les 10 dernières années), alors que l’on assimile souvent les enjeux d’artificialisation au développement résidentiel par la maison individuelle. Ce n’est pas pour autant signe de création d’emplois : ainsi, entre 2012 et 2017, la moitié des communes de notre région a perdu des emplois alors que ces mêmes communes ont représenté sur cette même période plus de 50 % de l’artificialisation régionale à vocation économique. Nous faisons généralement le même constat sur le terrain : chaque collectivité souhaite développer de nouvelles zones d’activité, sans forcément avoir une approche globale sur l’offre déjà existante, notamment le foncier économique délaissé qui pourrait être remobilisé.

Avec la loi Climat et Résilience qui donne le cap d’un objectif zéro artificialisation nette d’ici 2050, optimiser le foncier existant, et donc sur le volet économique aussi, devient un levier de transition écologique incontournable.

Comment l’Etat accompagne-t’il cette mobilisation nécessaire des entreprises sur le foncier ?

Le fonds friches du plan de relance a mobilisé cette année des centaines de millions d’euros sur les territoires pour accompagner le recyclage foncier des friches. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce sont près de 45 millions d’euros‚ qui ont été investis pour apporter des subventions d’équilibre à 40 opérations de recyclage à vocation résidentielle ou économique. La remise des trophées des transitions et de la RSE va être réalisée sur un des sites qui bénéficiera du fonds friches : l’Epopée est une ancienne friche de la société Pernod Ricard, reprise ici par une SCI pour porter un projet d’économie sociale et solidaire. Avec le coup de pouce du plan de relance, cette opération va pouvoir accueillir de nouveaux emplois et être vecteur d’une revitalisation du quartier. Nous accompagnons ici à la fois la mutation économique du tissu industriel local, et la remobilisation d’un foncier existant dans une perspective d’aménagement durable : c’est de fait un levier de transition écologique et économique, dont nos quartiers et nos territoires ont besoin.

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