SYLVIA BARTHÉLÉMY :
PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE TERRITOIRE DU PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ETOILE
Le 14/10/2016
Sylvia Barthélémy, vous êtes Présidente du Conseil de territoire du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, (107 000 habitants) vice-Présidente de la métropole Aix-Marseille Provence, vice-Présidente du Conseil départemental des Bouches du Rhône en charge de la politique de la ville, quelles sont les compétences de cette nouvelle institution au sein de la métropole Aix-Marseille Provence ? Vos priorités économiques et votre politique volontariste qui intègre les enjeux de responsabilité sociale des entreprises ?
A la tête du Conseil de territoire du Pays d’Aubagne et de l’Aubagne et de l’Etoile, pouvez-vous nous rappeler quelles sont les compétences de cette nouvelle institution au sein de la métropole Aix-Marseille Provence ?
Comme vous le savez, depuis le 1er janvier 2016, la métropole Aix-Marseille Provence s’est substituée aux six agglomérations qu’étaient Marseille Provence, le Pays d’Aix, l’agglomération salonaise, celle d’Istres, de Martigues, et enfin le Pays d’Aubagne et de l’Etoile. Cette construction métropolitaine mobilise fortement les élus que nous sommes. Elle prévoit que les territoires qui ont remplacé les anciennes agglomérations poursuivent leurs actions dans un certain nombre de domaines : le développement économique avec la gestion de zones d’activités et l’accueil de nouvelles entreprises, mais aussi la gestion des déchets, la politique de logement, l’assainissement, ou bien encore l’environnement et la préservation de nos espaces naturels. Enfin, nous continuons à nous préoccuper également fortement de domaines tels que les transports dont la compétence a été transférée à l’échelle métropolitaine, mais dont la gestion au quotidien reste aujourd’hui assurée par notre territoire.
En matière de développement économique, quelles sont vos priorités ?
Je souhaite avant tout créer les conditions les plus favorables pour que les entreprises s’établissent, se développent et créent de l’emploi sur le territoire. C’est à mon sens l’un des tous premiers rôles que doit assumer un élu local. Pour cela, nous avons lancé en 2015 un plan d’action intitulé « nouveau Paluds » visant à requalifier notre principale zone d’activité, la rendre plus attractive encore, et plus performante. J’ai souhaité que cette démarche implique les entrepreneurs, les propriétaires et l’ensemble des acteurs du monde économique. Cela se concrétise par des actions en matière d’amélioration de la voirie, de propreté, de sécurité, mais également par des actions de plus grande ampleur, comme la recherche de nouveaux espaces fonciers pour les entreprises.
Quelles possibilités d’offres foncières proposez-vous ?
L’un de nos principaux projets concerne la création d’un pôle entrepreneurial des Paluds. Le territoire du Pays d’Aubagne et de l’Etoile est propriétaire d’un bâtiment qui abrite depuis 26 ans une pépinière d’une vingtaine d’entreprises. Ce bâtiment est aujourd’hui devenu vétuste, et notre ambition est d’en doubler les surfaces. Dans un contexte où le manque de foncier est la première des contraintes, l’idée est donc d’optimiser l’espace, et grâce à la révision du PLU par la Ville d’Aubagne, de dégager 50 à 70 ha de terrains pour de nouvelles entreprises. Le projet prévoit ainsi de reconstruire un ensemble d’environ 4 000 m², susceptible d’accueillir une quarantaine d’entreprises, soit environ 150 emplois ! Plusieurs types de locaux seront proposés aux entreprises de 0 à 3 ans d’existence, de la couveuse à l’hôtel d’entreprise, en passant par l’incubateur.
Je ne le cache pas : notre objectif est double. Nous souhaitons tout d’abord donner une vraie dimension européenne à ce site. Ainsi, ce pôle entrepreneurial devra être associée à un réseau de pépinières européennes (italienne, allemande…), et accueillera donc en priorité des entreprises qui ont une prédisposition à l’exportation. Mais nous désirons également lui donner une vocation sectorielle « Med Tech », c’est-à-dire accès sur l’équipement médical de pointe, qui est un secteur en croissance de plus de 10 % par an. D’ailleurs, deux entreprises leaders dans ce domaine se trouvent sur d’ores et déjà sur notre territoire : Soluscope et Sartorius Stedim Biotech. Un tiers à la moitié des entreprises du futur pôle devra exercer dans ce secteur d’activité.
Cette politique volontariste intègre-t-elle les enjeux de responsabilité sociale des entreprises ?
La responsabilité sociale des entreprises constitue l’un des défis majeurs aujourd’hui pour chaque dirigeant. Sa mise en application permet d’améliorer très sensiblement la qualité de vie des salariés, de prévenir des risques professionnels, lutter contre certaines discriminations, ou encore promouvoir l’égalité hommes-femmes dans l’entreprise. En matière environnementale, la démarche RSE tend également à une meilleure gestion des ressources énergétiques et des déchets.
Afin d’accompagner les chefs d’entreprises, le Pays d’Aubagne et de l’Etoile s’est engagé par exemple dans une démarche spécifique d’écologie industrielle. A l’issue de 33 diagnostics individuels réalisés auprès d’entreprises volontaires, des groupes de travail se sont mis en place sur des sujets choisis par les entreprises elles-mêmes. L’un d’entre eux travaille aujourd’hui à la mutualisation d’achat d’énergie, profitant de la dérégulation du marché de l’énergie depuis le 1er janvier dernier. Ce sont ces initiatives partenariales qui participent à l’émergence d’une nouvelle économie circulaire.
Enfin, la tenue à Aubagne des Trophées RSE Paca, dont nous finançons une partie de l’organisation est un excellent rendez-vous pour promouvoir le développement d’une nouvelle gouvernance des entreprises auprès de nos décideurs.
Le volet environnemental d’une démarche RSE des entreprises implique un fort engagement en faveur d’une politique de transport dédié aux salariés. Quels sont les enjeux de mobilité sur le territoire du Pays d’Aubagne ?
Ces enjeux sont immenses et la gestion de la mobilité fait partie intégrante de l’attractivité économique d’un territoire. Le Pays d’Aubagne se veut exemplaire sur le sujet, en appliquant le principe de gratuité des transports publics. C’est une spécificité au sein de la nouvelle métropole Aix-Marseille Provence, une spécificité à laquelle l’ensemble des maires de notre territoire est très attachée. Par ailleurs, nous avons décidé de compléter notre ligne de tramway existante par la réalisation de deux grands chantiers de transports. La création d’une ligne de bus à haut niveau de service principalement destinée aux 12.000 salariés de la zone industrielle des Paluds et la réalisation d’une nouvelle ligne de tramway, baptisée Val Tram, qui desservira plus de 60.000 habitants de notre territoire entre Aubagne et La Bouilladisse. Ce projet, inscrit à l’agenda de mobilité de la métropole, sera particulièrement structurant pour notre territoire. Empruntant l’ancienne voie ferrée de Valdonne, il permettra la desserte de nombreux équipements publics aubagnais à l’ensemble des habitants du nord de notre territoire et offrira une alternative écologique à l’ensemble des automobilistes empruntant aujourd’hui l’autoroute A55 de plus en plus saturée.
En réalisant cette ligne de transport, interconnectée avec le réseau RER en direction de Marseille, notre territoire rend possible à l’avenir une urbanisation durable, capable d’accueillir de nouveaux habitants et de nouvelles entreprises.