PHILIPPE VASSEUR :
Ancien ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation et Député, Directeur de la Rédaction économique du journal « Le Figaro », rédacteur en chef du quotidien économique « Les Echos » et responsable des informations économiques et sociales sur la première chaîne française de télévision, TF1
Le 15/05/2017
Vous êtes aujourd’hui haut-commissaire à la ré-industrialisation des Hauts-de-France et à l’origine du lancement de La Troisième révolution industrielle (TRI) en Nord-Pas de Calais (démarche initiée en 2013 avant la fusion des régions). Vous serez présent à notre plénière le 22 juin prochain à Marseille.
Vous avez créé le World forum de Lille, des trophées RSE Nord, le réseau Alliances, d’où vous est venu cet engagement pour la RSE ?
Mon engagement dans la RSE et pour la RSE est le fruit de convictions personnelles mais aussi de mes « trois vies » successives, donc d’une triple expérience.
Journaliste économique, j’ai pu observer de très près le fonctionnement, les réussites mais aussi les échecs de nos entreprises et en tirer quelques leçons.
Engagé dans la vie publique, comme parlementaire et comme ministre, j’ai mesuré ce que doit être la contribution de tous au bien commun: les élus et les gouvernants ne peuvent pas en être les seuls détenteurs, le monde économique y est évidemment impliqué.
Comme dirigeant d’entreprise, j’ai vérifié que l’efficacité économique ne s’opposait pas considérations sociales, sociétales et environnementales. Au contraire, si l’on dépasse des visions de très court terme, je suis convaincu que la prise en compte des intérêts de toutes les parties prenantes est un facteur de performance de l’entreprise. C’est cela la RSE.
Comment vous est venue l’idée de créer cette 3ème révolution industrielle ?
J’organise chaque année le World Forum for a Responsible Economy (la onzième édition aura lieu les 17, 18 et 19 octobre prochain). En 2012 j’ai fait venir, parmi des nombreux intervenants, un prospectiviste américain, Jeremy Rifkin, pour nous parler de la Troisième Révolution Industrielle, c’est à dire du basculement de notre monde dans de nouveaux modèles économiques. Avec le président du Conseil Régional l’idée nous est venue de proposer à Jeremy Rifkin de faire de notre région un territoire expérimental de la Troisième Révolution Industrielle. C’est ainsi que tout a commencé.
Qu’avez-vous vraiment changé dans votre région ?
Le premier acte a consisté à rassembler toutes les forces régionales pour co-construire un projet avec Jeremy Rifkin. Cela a été – et reste – quelque chose d’unique. Élus de tous bords, chefs d’entreprises et représentants de toutes les activités économiques, universitaires et chercheurs, et bien d’autres se sont unis pour porter cette vision du futur régional. Il s’agit donc d’une démarche collective pour coordonner, faciliter, encourager, anticiper les mutations phénoménales, notamment dans les domaines du numérique, de la robotique et de l’énergie.
Aujourd’hui quels sont vos projets ?
S’accorder sur une vision collective, c’est bien, à condition que cela se traduise par des actes, par des engagements concrets. C’est notre préoccupation permanente. Il appartient aux entreprises d’êtres les principaux acteurs de cette mise en œuvre. Le rôle des organisations, politiques ou économiques, est de mettre en place les conditions et les outils leur permettant d’entrer pleinement dans cette Troisième Révolution Industrielle. Nous avons ainsi créé de nouveaux outils financiers. Nous avons organisé la constitution de filières (par exemple avec l’objectif de faire de la région la première d’Europe pour le bio-méthane injecté). Nous avons initié des « territoires à énergie positive ». Nous avons engagé ou accompagné des opérations d’économie circulaire et d’économie de la fonctionnalité. Mais, je le répète, nous devons être dans une démarche « bottom up » et le plus important c’est ce que font les entreprises elles-mêmes. Et aujourd’hui, nous pouvons être satisfaits de recenser 800 projets en cours vers cette nouvelle économie. Pour commencer…