JEAN LOUIS LEVET :

ECONOMISTE SPÉCIALISTE DES QUESTIONS INDUSTRIELLES ET D’INNOVATION

Le 16/01/2012

Jean Louis Levet vous êtes un économiste spécialiste des questions industrielles et d’innovation passé par la haute administration, le pouvoir politique, l’entreprise, l’université,. Vous êtes conseiller auprès de René Ricol, en charge au niveau national du grand emprunt (35 milliards d’euros) de la ré-industrialisation de l’économie et des territoires. Vous interviendrez sur les RV de la RSE le 23 février et dans cet ITW revenez sur le grand emprunt ; les bénéfices attendus pour notre région PACA et les axes de la re-industrialisation de l’économie et des territoires ?  

Qui est Jean louis levet qui interviendra lors de notre plénière sur le RV de la RSE et de ses innovations le 23 février ?

Après avoir travaillé au ministère de l’industrie sur quelques uns des principaux dossiers industriels des années 80, à la présidence de la Caisse des dépôts et consignations, au côté d’Edith Cresson, alors Premier ministre, responsable notamment des PMI, et occupé plusieurs postes au sein du Commissariat Général du Plan (institution française qui était chargée de définir la planification économique du pays de 1946 à 2006), l’économiste Jean Louis Levet est nommé, en octobre 2006, Directeur Général de l’institut de Recherches Economiques et Sociales (IRES : travail au service des organisations syndicales françaises). Fin 2010, il intègre le Commissariat Général à l’Investissement (CGI) placé auprès du Premier ministre, comme conseiller auprès de René Ricol, l’actuel Commissaire Général. Il a toujours gardé une activité d’enseignant à l’Université et intervient régulièrement dans les médias sur les questions économiques.

Il a actuellement au sein du CGI la responsabilité de trois missions de nature transversale : 

  • la préparation de l’évaluation du « programme d’investissements d’avenir » (le « grand emprunt »), 
  • venir en appui à l’équipe du CGI sur la priorité de la ré-industrialisation de l’économie et des territoires, 
  • construire une relation d’information et de dialogue avec l’ensemble des organisations syndicales.

Essayiste, il a écrit une douzaine d’ouvrages ; signalons en particulier les livres suivants devenus des références :

  • Pas d’avenir sans industrie, Economica, 2006
  • L’Economie industrielle en évolution. Les faits face aux théories, Economica, 2004.
  • L’intelligence économique, mode de pensée et mode d’action, Economica, 2001.
  • Sept leçons d’économie à l’usage du citoyen, Seuil, 1999
  • Sortir la France de l’impasse, couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, Economica, 1998

Quels sont les grands investissements d’avenir qui feront la force de la France ? 

Il n’y a pas d’activités liées au passé et d’autres liées à l’avenir. Il n’y pas de secteur, d’activités condamnés, il n’y a que des entreprises qui innovent pas assez.

Nous pouvons, comme de nombreux exemples le montrent, créer de la valeur et de l’emploi dans des activités existantes à condition de créer et d’innover. Les nouvelles activités vont se développer à partir des nouvelles données de la recherche qui vont susciter une offre industrielle ( optique, économie numérique, génomique, etc..) , mais aussi à partir de la créativité des entreprises connaissant bien leurs marchés.

Bien sûr il ya les activités liées au champ de l’énergie. C’est un enjeu à la fois répondant à des besoins et un enjeu de souveraineté aux niveaux national et européen qui jouera un rôle capital dans la nécessaire transition que nous devons réaliser vers un mode de développement à la fois plus économe en énergie et moins sources d’inégalités.

La France depuis 20 ans n’investit pas assez et tout le monde est concerné, que ce soit les entités publiques ou privées. Un pays qui n’investit pas ne croit pas en son avenir. Il faut donc investir massivement pour rattraper notre retard d’où les 35 milliards du Programme d’investissements d’avenir (PIA, plus connu sous le nom de grand emprunt). Il faut savoir que le PIA n’intervient sur les projets qu’à hauteur de 50% maximum et sur la durée longue. Les logiques de cofinancement sont donc privilégiées, de stimulation de projets collectifs par des appels à projets. Pour autant les collectivités territoriales jouent un rôle fondamental, en réalisant 75% de l’investissement public.

Comment notre Région en sera ou en est bénéficiaire ? 

Sur les 35 milliards d’euros, 17 ont été engagés fin 2011 pour 1500 projets environ. De nombreuses actions du PIA passent par des appels à projets, ce qui permet aux acteurs territoriaux de se mobiliser fortement en travaillant à des projets collectifs dans les différents domaines concernés par le PIA.

On dit que la France se désindustrialise, quels sont les axes de la re-industrialisation de l’économie et des territoires ? 

La désindustrialisation est une réalité. Depuis le début des années 90, nous sommes passés d’une industrie qui représentait 25% de la valeur ajoutée nationale, à 12-13%. Il y a eu 30% d’emplois perdus en 20 ans que l’on n’a pas réussi à compenser. C’est aussi ces raisons qui expliquent notre déficit commercial ( 70 milliards en 2011 ). La crise financière puis économique a constitué un révélateur du processus de désindustrialisation de notre économie : ces dernières années, le développement des pôles de compétitivité avec un fort engagement des régions et plus largement des acteurs territoriaux, du crédit impôt-recherche, le PIA, la création d’une médiation des relations inter-industrielles ont constitué quelques unes des initiatives prises par les pouvoirs publics pour tenter d’enrayer ce phénomène, qui n’a rien de naturel. 

Nous avons besoin d’industrie (au sens large, services aux entreprises compris) et pour plusieurs raisons :

  • 85 % de la recherche-développement se fait dans l’industrie
  • Les niveaux de salaires y sont plus élevés ainsi que les niveaux de qualifications
  • C’est un moteur indispensable pour rééquilibrer notre balance commerciale et résorber nos déficits et notre sur-endettement
  • Influer davantage au sein de l’Union européenne et au-delà au niveau mondial

Il faut continuer d’innover dans les activités qui sont nos points forts et investir aussi des domaines à forte demande potentielle dans le futur comme la santé, l’énergie, l’urbanisation des territoires ( et toutes ses conséquences sur le transport, la construction, la qualité de vie etc..) 

Construire une stratégie de développement industriel passe bien entendu par les trois niveaux, national, territorial, européen.

Au niveau territorial, l’expérience montre que les entreprises et les autres acteurs territoriaux doivent travailler ensemble autour de projet fédérateurs. Les élus en particulier jouent un rôle essentiel dans ce domaine. Il faut créer ce lien pour se développer plus fortement et rapidement. C’est dans la coopération entre les acteurs que sortiront les innovations de demain. Un territoire quel que soit son périmètre est un espace collectif qui se construit, et non une plate forme off-shore de la mondialisation qui se contente d’être dans une logique d’attractivité-coût.

Une région n’est pas condamnée à être mono-activité ; elle peut développer une offre importante en matière de recherche et d’innovation ; une région comme PACA au tissu d’entreprises diversifié, qui détient des ressources humaines de qualité avec ces universités, ces centres de recherche, sa qualité de vie, une position géoéconomique clé au sein de l’Europe du Sud, etc a de nombreux atouts pour concilier à la fois développement touristique et développement industriel, économie résidentielle et économie productive.

Pour autant les relations entre le niveau national et régional sont indispensables ; Pour cela, il faut travailler à un pacte de confiance entre l’Etat et les territoires, avec, pour ce qui concerne le développement économique, un binôme région/agglomération.

Vous interviendrez lors de notre plénière du 23 février 2012 à 11h30, de quoi allez vous nous parler ? 

Je vous parlerai des défis qu’attendent nos territoires et nos entreprises qui sont nouveaux et qui souvent s’additionnent et comment la RSE peut constituer une des réponses clés à leur développement.

Je mettrais aussi l’accent sur les clés possibles qui existent pour développer un territoire sans ignorer les points faibles de votre Région et tenter avec vous de dessiner quelques scénarios pour le futur.

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