JEAN-CLAUDE CAPUONO :

EXPERT COMPTABLE, COMMISSAIRE AUX COMPTES, DIRECTEUR SOCIÉTÉ CROWE HORWATH FICOREC, TRÉSORIER DU PRIDES FINANCES ET CONSEIL MÉDITERRANÉE, PILOTE DE L’ACTION RSE

Le 03/10/2012

Jean-Claude Capuono, vous êtes Expert comptable, Commissaire aux comptes, Directeur société CROWE HORWATH FICOREC, trésorier du PRIDES Finances et Conseil Méditerranée, pilote de l’action RSE. Vous lancez une action Collective Expérimentale : « Le Levier d’Excellence de la Responsabilité Sociétale » murie avec le Conseil régional réunissant cabinets d’experts comptables, commissaires aux comptes et avocats ( réunion de lancement le 17 octobre) . Vous nous faites part aussi de vos attentes sur la norme Iso 26000 et les bénéfices attendus…

Quelle est cette action Collective Expérimentale : « Le Levier d’Excellence de la Responsabilité Sociétale » ? 

Dans le cadre du fonds régional d’expérimentation CRÉER, le PRIDES Finances et Conseil Méditerranée pilote une action collective expérimentale « Accélères » à destination des cabinets d’experts comptables et d’avocats sur le thème : « Le Levier d’Excellence de la Responsabilité Sociétale ». Cette action est menée en partenariat avec l’Ordre des Experts comptables PACA et la Compagnie Régionale des Commissaires aux comptes d’Aix-en-Provence – Bastia.

Le programme Accélères se déroule sur 2 ans, entre septembre 2012 et août 2014. Il se compose de temps collectifs, et des temps d’accompagnement individuels de 10 cabinets pilotes par des consultants spécialisés en Responsabilité Sociétale du cabinet Eclosions.

Durant la première année, ils travailleront essentiellement sur les enjeux internes aux cabinets. L’année suivante sera celle du déploiement auprès des clients des cabinets.

Pour les professionnels du chiffre et du conseil, la Responsabilité Sociétale des Organisations revêt une importance toute particulière : les enjeux sont autant internes, pour la gestion des cabinets, qu’externes, vis-à-vis des clients accompagnés. Relayer la Responsabilité Sociétale auprès de leurs clients pourrait signifier enrichir les prestations délivrées, voire développer des produits et services nouveaux – notamment pour répondre aux nouvelles exigences en la matière issues du Grenelle de l’Environnement.

Pourquoi, engagez-vous vos cabinets dans une action collective de RSE ?

Nos cabinets d’experts comptables ou d’avocats sont des entreprises de conseil des TPE, parfois des PME qui sont comme toutes les entreprises à l’écoute des attentes croissantes des parties prenantes, de la Cité. Plus que d’autres, parce que notre mission est de conseiller les chefs d’entreprise, nous nous devons d’être en avance, d’être en phase avec l’exigence de responsabilité sociale. Le Prides FCM qui fédère dans sa gouvernance les organismes professionnels qui portent nos métiers a voulu s’adresser directement aux Cabinets pour être proche du terrain, pour avoir un effet de levier auprès des entreprises, pour initier, piloter et faire vivre ce projet.

Les actions RSE concernent souvent de grandes entreprises, qu’en est-il de vos cabinets ?

Les cabinets d’expertise comptable sont essentiellement à taille humaine, 90 % d’entre eux emploient 6 collaborateurs maximum. Cette atomisation du tissu est plus présente en PACA qu’ailleurs, en général. Elle est en cohérence avec la structuration du tissu productif de régional.

Le plus souvent, dans 90 % des cas, ce sont des cabinets généralistes avec quelques spécialisations. Le développement d’une branche d’activité spécialisée est rare.

La région compte parallèlement 4 500 avocats.

Vous réunissez des professions qui peuvent être en concurrence dans une même action ?

Les professionnels du chiffre et du conseil sont fédérés en Région Provence Alpes Côte d’Azur par le PRIDES Finances et Conseil Méditerranée (FCM). Ils exercent trois métiers principaux :

  • Les Experts comptables, qui peuvent intervenir sur les aspects sociaux, comptables, financiers et réglementaires,
  • Les Commissaires aux comptes, centrés sur la vérification des informations comptables et financières, et qui peuvent intervenir en matière de transparence et plus largement de gouvernance,
  • Les Avocats, qui par l’entrée légale et réglementaire peuvent toucher aux questions de gouvernance, de relations avec les parties prenantes, de financement, et aborder des problématiques environnementales et sociales autant qu’économiques.

Ces trois métiers sont complémentaires, et appellent souvent une collaboration étroite entre ces différents partenaires des organisations. L’un des enjeux de cette action collective expérimentale consistera ainsi à cerner en quoi ces collaborations sont nécessaires, effectives ou doivent être renforcées pour favoriser le déploiement de la Responsabilité sociétale chez leurs clients.

Quels sont donc les acteurs engagés ?

Les différents acteurs de la profession se mobilisent autour de cette action collective d’expérimentation. Autour du PRIDES FCM, et en lien avec le Conseil régional, se retrouvent en effet :

  • L’Ordre des Experts Comptables Marseille-PACA,
  • La Compagnie des Commissaire aux Comptes d’Aix-Bastia, pour sa partie continentale,
  • Les Ordres des Avocats des barreaux de Marseille, d’Aix en Provence et de Nice

Cette action collective a mûri avec le Conseil régional…

Une réflexion est née à l’initiative de la Région, nous avons conçu une action de sensibilisation des cabinets représentant eux-mêmes un vecteur de vulgarisation vers les entreprises.

Les 2 000 experts comptables de la région emploient plus de 9 000 collaborateurs. Il est difficile d’appréhender le nombre de clients mais il s’agit surtout de TPE et de PME.

Nous nous inscrivons en convergence avec le contrat régional CRÉER dans le cadre du plan régional de l’emploi : l’enjeu est bien de développer et maintenir l’emploi en faisant évoluer le tissu régional des petites et moyennes entreprises vers des systèmes de production plus respectueux des hommes et de l’environnement

L’Appel à projet de la région a été lancé à partir de 2008. Et nous y avons répondu avec les membres du Prides : nous avons considéré cette action comme structurante pour nos cabinets, dans leur gestion à moyen et long terme

La phase de validation du projet nous a permis d’écouter les professionnels et de cibler les actions les plus pertinentes.

Vos cabinets ne sont pas les plus grands pollueurs… vers quels types – d’actions vous engagez-vous ?

Nous avons en effet une empreinte écologique faible

Par contre le volet social est primordial dans nos organisations. Nos collaborateurs représentent avec nos clients la richesse immatérielle de nos cabinets

Pour permettre aux professionnels du chiffre et du conseil d’intégrer pleinement la Responsabilité sociétale dans les relations avec leurs clients, il est nécessaire de commencer par leur faire expérimenter la responsabilité sociétale, sur leur propre structure – ce qui est aussi nécessaire à leur légitimité en la matière.

Parallèlement, la parution récente de la norme ISO 26 000 soulève des questionnements chez nos clients. II apparaît donc nécessaire de leur faire découvrir et s’approprier ce texte de référence.

La norme ISO 26 000 est-elle importante pour vous ?

Nous prévoyons, en amont de l’expérimentation à proprement parler, une phase de diagnostic, avec l’élaboration d’un plan d’actions en matière de responsabilité sociétale au sein de chaque cabinet, inspiré de la norme ISO 26 000.

Au-delà de l’expérimentation par les cabinets de la mise en œuvre d’une démarche de Responsabilité sociétale, nécessaire à leur légitimité pour la déployer auprès de leurs clients, il nous semble essentiel de renforcer la compétence des collaborateurs de ces cabinets en la matière pour conduire les expérimentations proposées.

Cette réflexion ne saurait être conduite indépendamment des programmes de gestion des compétences plus générales déjà déployés, ou à renforcer, au sein des cabinets.

La Responsabilité sociétale est ainsi appréhendée comme une compétence complémentaire à partager avec les collaborateurs des Cabinets, mais ce, dans le cadre général d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC).

L’action collective expérimentale proposée intègre donc une étape centrale d’action collective de GPEC, selon la méthodologie éprouvée par Act Méditerranée.

Les compétences des collaborateurs ne sont pas l’unique facteur clé de succès du déploiement de la responsabilité sociétale auprès des clients des cabinets. Leur organisation interne (relations par exemple entre les gestionnaires sociaux et comptables) doit être questionnée, ainsi que les outils et méthodes de travail actuellement déployées. En lien avec cette réflexion GPEC, les travaux devront ainsi aborder ces aspects purement organisationnels, avec un prisme fort d’analyse de la qualité de la relation client. L’apport des Ordres sera ici constructif et structurant.

Quels bénéfices attendez-vous de ces démarches de Responsabilité sociétale ?

La norme ISO 26 000 sur la Responsabilité sociétale dresse ainsi une liste de ces bénéfices potentiels :

1. Le fait de favoriser une prise de décision plus éclairée, fondée sur une meilleure appréhension des attentes de la société, des opportunités liées à la responsabilité sociétale (y compris une meilleure gestion des risques juridiques) et des risques liés au fait de ne pas assumer sa responsabilité sociétale,

2. L’amélioration des pratiques de l’organisation dans le domaine de la gestion des risques,

3. L’amélioration de la réputation de l’organisation et le fait que l’opinion publique lui accorde encore plus sa confiance,

4. L’acceptation sociale des activités de l’organisation,

5. La mise au point d’innovations,

6. L’amélioration de la compétitivité de l’organisation, y compris l’accès à des financements et le statut de partenaire privilégié,

7. L’amélioration des relations qu’elle entretient avec ses parties prenantes, d’où une ouverture vers de nouvelles perspectives et des contacts avec un éventail diversifié de parties prenantes,

8. L’accroissement de la loyauté des employés, de leur implication, de leur participation et de leur bien-être psychique,

9. L’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs et des travailleuses,

10. Un effet positif sur la capacité de l’organisation à recruter, motiver et retenir ses employés,

11. Le fait de réaliser des économies liées à l’amélioration de la productivité et à la plus grande efficacité de l’utilisation des ressources, à une moindre consommation d’énergie et d’eau, à une réduction des déchets et au recyclage des chutes de production,

12. L’amélioration de la fiabilité et de l’équité des transactions par un engagement politique responsable, la concurrence loyale et non faussée et l’absence de corruption,

13. La prévention ou la réduction des conflits potentiels avec les consommateurs à propos de produits ou de services.

Vous êtes engagé pour une période longue, quelle est la réunion de lancement ?

Nous nous engageons dans cette aventure collective pour deux années. La première va mobiliser nos cabinets, la seconde s’adressera à nos clients. C’est un projet exigeant et les cabinets ont répondu présents puisque nous sommes à 90 % de nos objectifs de recrutement. Nous avons un comité de pilotage partenarial, qui s’est réuni pour la première fois le 20 septembre et nous organisons la réunion de lancement avec les cabinets le 17 octobre, nous rendrons compte de chaque étape et nous ajusterons l’action en fonction des remontées de terrain.

Cette action est une première en région et nous remercions le Conseil régional de nous soutenir fortement dans cette action. La performance, les compétences du conseil font partie de la performance du territoire. À travers cette action, nous nous positionnons comme un vecteur de mutation de nos entreprises, vers plus de responsabilité donc vers plus d’efficacité économique.

A lire également