BERNARD MOREL :

VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉGIONAL EN CHARGE DE L’EMPLOI DU DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA RECHERCHE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE L’INNOVATION

Le 17/09/2013

Bernard Morel, vous êtes Vice-Président du Conseil Régional en charge de l’Emploi du développement Economique de la Recherche de l’Enseignement Supérieur et de l’Innovation. En pleine élaboration du prochain Schéma Régional de Développement Economique innovant et d’Internationalisation ( SRDEII) ,vous nous dites quelle place vous souhaitez accorder à la RSE dans celui-ci, , l’éco système propice à la diffusion de la RSE que vous mettez en place, comment la Région s’applique la RSE à elle-même, comment la RSE contribue-t-elle à rendre PACA plus attractif, en quoi elle est un levier de compétitivité pour les entreprises et quelles sont vos actions mises en place pour réussir à faire grandir la RSE auprès des entreprises… Bien sûr en tant que partenaire, la Région sera présente le 3 octobre à la soirée de remise des trophées RSE PACA…   

Comment La RSE contribue à rendre un territoire plus attractif ?

Si les entreprises d’un territoire intègrent les principes de la RSE dans leur stratégie, cela veut dire qu’elles seront attentives aux questions relevant de la protection de l’environnement, du dialogue social, du dialogue avec les parties prenantes, à une meilleure intégration dans l’économie locale.

Tous ces éléments contribuent à l’amélioration de la qualité de vie dans une région, et plus les entreprises qui adoptent cette démarche et cette vision seront nombreuses, plus l’effet de levier jouera.

Nous misons sur la qualité, le service après-vente, un système de sous-traitant fiable et stable. Dans ces conditions l’ensemble des parties prenantes grandit en efficacité.

Lorsqu’une région offre une bonne qualité de vie, lorsque les filières sont dynamiques, avec un écosystème qui fonctionne bien, cela se traduit par des entreprises qui se développent et par des implantations de nouvelles entreprises. Et donc par des emplois.

La RSE illustre un changement de paradigme quant à la place de l‘entreprise dans la société, l’entreprise n’est plus une entité disjointe de la société, guidée par une rationalité économique hermétique aux valeurs et aux intérêts de son environnement humain. Elle est, elle doit être, partie prenante de son écosystème : c’est-à-dire des entreprises partenaires (sous-traitants, fournisseurs, donneurs d’ordres), des clients, des riverains et du territoire. Comme le dit justement le sociologue de l’entreprise Renaud Sainsaulieu, l’entreprise est devenue une « affaire de société ».  

La RSE permet ainsi de réaliser un autre objectif majeur de la politique économique régionale qui est de réconcilier citoyen et entreprise.  

Et dans la période dans laquelle nous vivons, une gestion économe de son environnement portée par des relations sociales plus humaines est assurément un élément positif de la concurrence. 

Notre société va vite mais elle doit apprendre à avoir une vision à long terme et le souci de tous les hommes et femmes politiques doit être de rappeler que tout ce que nous devons faire est, certes, rendre la vie meilleure de nos concitoyens mais sans jamais oublier que nos actions s’adressent aussi aux générations futures. Notre difficulté est sans cesse de devoir jongler entre le court terme et le long terme. La RSE c’est notre présent et notre futur ! 

En quoi la RSE est un facteur de gain de compétitivité ?

La Région arrive aujourd’hui au terme de l’élaboration de son schéma de développement économique. La politique de la Région va évoluer en matière d’économie car le contexte politique et économique a changé. La politique de la Région avait notamment pour fonction de permettre à notre économie d’amortir la crise, elle a aujourd’hui l’ambition d’orienter toute son énergie au service de la sortie de la crise. 

Pour cela, il faut inventer des produits nouveaux, et innover dans la manière de manager et d’anticiper. La RSE tient une place significative dans cette nouvelle manière de produire et de consommer. Il faut que le monde économique entrepreneurial, institutionnel, syndical etc.. réinvente une politique d’offre innovante, hors coût du travail, comme ont pu le faire les pays scandinaves précurseurs dans ce domaine.  

Le fait qu’une entreprise affiche des produits responsables cela leur ouvre des marchés et cela leur permet d’anticiper les marchés à venir. L’innovation et la RSE sont intimement liées.

En ces sens, la RSE est un levier de la compétitivité et doit être soutenue comme telle par la Région. La RSE est une manière de différencier les ADN des entreprises.

Une des options fondamentales que nous avons retenues est de considérer la RSE non comme un coût supplémentaire pour les entreprises mais bien comme un levier de croissance. Dans nos politiques, la RSE est donc traitée comme une opportunité de développement pour les entreprises de nos territoires, comme cela s’illustre notamment à travers les PRIDES, mais également comme un vecteur d’innovation (un fonds destiné au soutien de projets innovants en matière de RSE a été d’ailleurs créé par notre collectivité, la CEDRE).

La RSE est avant tout un état d’esprit et nous poussons tous les acteurs et partenaires à prendre conscience de ce qu’il peut changer pour eux de manière vertueuse.

Comment travailler vous à constituer un écosystème propice au développement de la RSE ?

Face à un nombre important de financeurs et d’opérateurs, il est nécessaire dans un souci de cohérence, d’utilisation optimale de l’argent public de mettre en place une forme de gouvernance régionale sur la thématique de la RSE. Cette nécessité a d’ailleurs été exprimée largement par les acteurs ayant participé aux fabriques du Schéma Régional Développement Durable Economique ( SRDDE) et au chantier CREER RSE.

La Région par sa compétence en matière d’économie, que renforce l’acte III de la décentralisation, peut légitimement devenir un acteur central de l’institution de cette gouvernance. 

Cette coordination régionale permettrait notamment la mobilisation d’une offre de service régionale à même de prendre en compte de façon cohérente et progressive les besoins des différentes entreprises en matière de RSE. Il est nécessaire de penser la construction d’une politique publique de promotion de la RSE intégrée sur le territoire régional. 

La Région intègre la RSE dans son nouvel appel à projet PRIDES. Cela traduit notre conviction que la RSE constitue un élément essentiel de l’économie régionale.  

La Région s’applique-t-elle à elle-même la RSE ?

Oui, notre collectivité, notamment dans le cadre d’AGIR+, a déjà une politique de soutien aux manifestations éco-responsables. Par ailleurs, la Région porte une réflexion sur le développement de l’achat public responsable (clauses sociales et clauses Développement Durable dans le cadre de l’Agenda 21).  

Quelles sont vos interventions en matière de RSE ? 

La question de la RSE est traitée par plusieurs services de la Région, deux pôles sont particulièrement concernés: IEF et Développement soutenable. Elle est l’objet de mesures ad hoc (nouvel appel à projet des PRIDES ou dispositif CEDRE ) ou est intégrée à des dispositifs ayant un objet propre (économie d’énergie, innovation, lutte contre les discriminations…). 

Un chef de projet RSE a été désigné sur cette thématique. 

Quelle place souhaitez-vous voir accorder à la RSE dans le SRDE2I ? 

Le Schéma Régional de Développement Durable Economique doit évoluer.

La RSE doit être transversale dans ce schéma et non être seulement un axe de celui-ci. La RSE doit être intégrée à la logique générale du développement économique. Elle doit être au cœur de nos politiques internationales, environnementales, touristiques de transport etc…

Nous sommes à la version 1.0 de la RSE. Nous avons organisé des fabriques et un certain nombre de réunion pour pouvoir faire un bilan de la réalité économique par secteur et par territoire. Nous avons repéré des initiatives, entendu les propositions de nos parties prenantes et remarqué que la RSE devenait au cœur des stratégies de nombreuses autres institutions telles les CCI, les chambre de métiers…

Fort de ce constat, notre réflexion porte maintenant sur l’instauration d’une gouvernance régionale et la rationalisation de nos interventions en matière de RSE. 

La vocation de la Région est de sensibiliser, diffuser notre politique vers tous les secteurs de l’économie et trouver la manière de proposer et développer des interventions différenciées dans lesquelles la RSE sera un des critères prépondérant. Ce schéma doit donner un cadre

Quelques grandes attentes des acteurs de la RSE (institutionnels ou opérateurs) ont émergé lors de ces travaux et pourront être intégrées au SRDE2I : 

– Nécessité de construire une gouvernance régionale de la RSE
– Soutenir les entreprises dans leur démarche RSE par la construction d’une offre de service cohérente et lisible
– Proposer une logique de parcours aux entreprises pour qu’elles puissent se repérer
– Renfoncer la mise en œuvre de la RSE en interne à la Région

On passe d’une politique de promotion et d’expérimentation en matière de RSE à une volonté dans le nouveau schéma d’ancrer cette politique dans le CPER oui dans le nouveau PO. On passe de l’expérimentation à un développement structuré et partenarial d’une politique.

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