ARNAUD DESCHAMPS :

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE NESPRESSO FRANCE 

Le 15/02/2016

Arnaud Deschamps, vous êtes directeur général de Nespresso France (1300 collaborateurs, sur 45 sites en France). Vous revenez dans cet interview sur votre itinéraire, ce que représente Nespresso, les enjeux et les actions de Nespresso en termes de DD. Enfin vous concluez par les messages que vous souhaiterez faire passer lors de la plénière du 8 mars où vous serez présent… 

Qui est Arnaud Deschamps et quelques mots sur Nespresso en chiffre ? 

Je suis le Directeur général de Nespresso France depuis août 2008, et membre du comité exécutif de Nespresso International depuis 2015, je participe à l’aventure Nespresso dès 1995, lors du lancement de l’activité de la référence du café haut de gamme en France. 

D’abord concentré sur le développement de la marque dans l’Hexagone je prends ensuite des responsabilités internationales. Après avoir dirigé la filiale Nespresso Belgilux (Belgique et Luxembourg), que j’étends aux Pays-Bas, je rejoins le siège international de Nespresso SA, en tant que Directeur International de Zone, en charge de la direction stratégique des filiales France, Benelux, Autriche, Allemagne, Scandinavie, Royaume-Uni, Irlande, Russie, Pologne, Hongrie, République Tchèque, Australie et Japon.

Nestlé Nespresso SA est le pionnier et la référence sur le marché du café portionné haut de gamme. Basé à Lausanne, en Suisse, Nespresso est présent dans plus 62 pays et compte plus de 10 500 collaborateurs dont 1350 en France. L’entreprise gère un réseau de distribution international constitué de plus de 400 boutiques exclusives, 31 dans l’Hexagone. 

Quels sont les enjeux de Nespresso en termes de développement durable ?

La stratégie de Nespresso en matière de développement durable reflète sa mobilisation autour de deux enjeux majeurs liés à son activité : en amont, dans les pays producteurs, sur toutes les implications liées à la culture du café ; en aval, lors de la transformation de ses Grands Crus de café, la conception et la fabrication de ses machines, sans oublier la distribution et l’utilisation de ses produits. Elle s’inscrit dans l’approche de création de valeur partagée de Nestlé. La pertinence et le choix des axes de travail sont partagés et discutés chaque année dans le cadre d’un comité réunissant ONG et experts du développement durable. Un principe de co-construction qui se prolonge sur le terrain, lors de la mise en œuvre des actions.

  • Dans les pays producteurs de café, les initiatives et investissements de Nespresso, regroupés dans le Programme AAA pour une Qualité Durable développé avec Rainforest Alliance, visent à développer la production de café d’une exceptionnelle qualité tout en améliorant le niveau de revenu des fermiers et préservant voire restaurant l’écosystème agricole. 
  • En aval, l’ambition de Nespresso est d’assurer une gestion optimale des ressources nécessaires à son activité et d’en limiter au maximum les impacts négatifs. Les axes prioritaires, définis à partir d’études telles l’Analyse de Cycle de Vie et des attentes spécifiques des parties prenantes associées à l’entreprise (ONG, experts etc) sont l’optimisation de la collecte et du recyclage des capsules usagées en aluminium et, plus largement, de tous les emballages, l’écoconception et les modèles d’utilisation durables des machines Nespresso dans l’optique de l’économie circulaire.

Aujourd’hui, l’entreprise entend, non seulement réduire l’ensemble de ces impacts environnementaux, mais, aussi proposer à terme un modèle à l’impact global positif. 

Quelles sont les actions de Nespresso en termes de développement durable ?

La stratégie de Nespresso s’articule autour de 3 axes : l’achat de café cultivé selon le standard de culture durable, la disponibilité de l’offre de collecte des capsules usagées et la réduction de l’empreinte carbone.

En France, Nespresso investit dans différents domaines comme la lutte contre l’obsolescence programmée de ses machines et la collecte et la valorisation de ses capsules usagées en aluminium, un matériau 100% tout comme le marc de café. Si Nespresso développe son propre circuit de collecte et de recyclage depuis 2008 (5 000 points à date), l’entreprise reste convaincue que seule l’intégration de ses capsules au système de tri des déchets ménagers (bac jaune) permettra d’offrir accessibilité et praticité aux consommateurs. Trop petites, les capsules comme tous les petits emballages métalliques sont, en effet, rejetées des procédures de tri pour être incinérées ou enfouies. Après avoir fédéré d’autres acteurs des filières aluminium et recyclage, des éco-organismes et des institutionnels dans le Club des Petits Emballages en Aluminium et Acier (CELAA), Nespresso, soutenu par Eco-Emballages, démontre l’intérêt économique et environnemental du tri des petits aluminiums et plus largement des petits aciers au terme de 4 années d’expérimentation en centres de tri pilotes. 

Depuis 2014, ce dispositif baptisé Projet Métal est proposé à l’ensemble des collectivités locales au terme d’un d’accord conclu avec Eco-Emballages, CELAA et l’Association des maires de France. Nespresso apporte un soutien financier complémentaire avec le Fonds Nespresso. Résultat : une filière de recyclage des petits emballages métalliques est en train d’émerger. 3 millions de personnes résidant dans 500 communes peuvent d’ores et déjà jeter leurs petits emballages en aluminium et en acier dans leurs bacs jaunes. Une dizaine de centres de tri supplémentaires devraient rejoindre le Projet Métal d’ici à la fin 2016. 

Dans les pays producteurs de café, Nespresso, avec Rainforest Alliance, déploie depuis 2003 le Programme AAA pour une Qualité Durable pour s’assurer un approvisionnement en café de la plus haute qualité. Il incarne une volonté de s’engager durablement auprès des quelques 63 000 caféiculteurs qui y sont actuellement associés. Il s’est notamment traduit par :

  • La reconstruction de la filière café au Soudan du Sud qui a permis au pays d’exporter du café pour la première fois en 2013, le premier produit non pétrolier sud-soudanais introduit en Europe.
  • La création d’un plan d’épargne retraite pilote pour les agriculteurs colombiens associés au Programme AAA, pour la culture du café reste attractive pour les jeunes générations, avec le soutien du Ministère de l’Agriculture Colombien, de Fairtrade International et des coopératives de café locales. Les premières épargnes ont été virées sur les comptes en banque réservés aux caféiculteurs en mai 2015.
  • La mise en œuvre d’un vaste programme d’agroforesterie dans les pays caféiculteurs avec Pur Projet (10 millions d’arbres plantés d’ici à 2020) permettant une protection naturelle de l’écosystème, une meilleure résistance des plans de café aux changements climatiques et des revenus supplémentaires pour les fermiers. 

Vous interviendrez le 8 mars lors de notre plénière  d’ouverture à 11h30, quel est votre message ? 

Comme vous, je suis plus que jamais convaincu que le développement durable constitue un formidable levier de croissance pour les entreprises et non un coût supplémentaire que quelqu’un doit prendre en charge dans le jeu à somme nulle entre les producteurs, les distributeurs et les clients.  

C’est une formidable opportunité d’innover et de repenser son modèle économique. Co-construction, économie fonctionnelle, économie circulaire, permaculture… sont autant de nouvelles voies à explorer car elles sont porteuses d’avenir pour les entreprises. Intégrer le développement durable dans sa stratégie d’entreprise, c’est donné du sens, de la valeur ajoutée à sa marque, ses produits. C’est aujourd’hui indispensable pour engager les consommateurs et les citoyens à ses côtés mais aussi mobiliser les partenaires et les collaborateurs autour d’une approche commune, gage de création de valeur partagée.

C’est en tout cas le pari que nous avons fait chez Nespresso, de la cerise de café à la tasse : imaginer des produits et services toujours plus efficaces et durables seuls ou avec d’autres acteurs -ONG, entreprises, institutions, clients- tout en limitant les ressources utilisées et l’impact environnemental. Avec pour ambition à terme de proposer à un modèle à l’impact global positif. C’est passionnant évidement, exigeant toujours, éreintant parfois mais les résultats sont incroyables. Par exemple -même si rien n’est encore gagné… – à partir de notre problématique de recyclage de nos petites capsules en aluminium, nous sommes en train de faire émerger une filière entière de collecte et de valorisation des petits emballages métallique, grâce notamment à un partenariat public / privé. Une solution porteuse d’un bénéfice sociétal et environnemental pour toute une filière est en train de voir le jour ! 

Et tout cela, je serai ravi de l’expliquer au forum RESET le 8 mars …

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