SYLVIA BARTHÉLÉMY :

PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE TERRITOIRE DU PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ETOILE

Le 11/11/2019

Sylvia Barthélémy, vous êtes Présidente du Conseil de territoire du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, (107 000 habitants), vice-Présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, vice-Présidente du Conseil départemental en charge de la politique de la ville. 

Pouvez-vous nous dire comment se déclinent les enjeux de la responsabilité sociale des entreprises à travers la politique économique que vous mettez en œuvre sur votre territoire ?

J’ai toujours considéré que nous ne pouvions pas exercer les compétences qui sont les nôtres, en matière de développement économique, de gestion des zones d’activités, d’accueil de nouvelles entreprises, de gestion des déchets, d’assainissement, de gestion au quotidien des transports… pour ne citer que celles-là, sans que cela ne profite au plus grand nombre de nos concitoyens, répartis sur l’ensemble des 12 communes-membres du territoire, sans considération de leurs attentes réelles et cela sans bien entendu respecter fermement l’environnement ! Car comme le disait si justement Antoine de Saint-Exupéry : « L’on n’hérite pas la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants » ! À nous de nous montrer à la hauteur des enjeux que cela représente !

Par conséquent, il y a une grande compatibilité, une réelle synergie entre la politique économique que nous menons et les fondements de la responsabilité sociale des entreprises visant à améliorer la qualité de vie des salariés, lutter contre les discriminations, garantir l’égalité femme/homme, une meilleure gestion des ressources énergétiques et des déchets… Les deux vont parfaitement dans le même sens.

Pourriez-vous illustrer votre propos ?

Je prendrai trois séries d’exemples significatifs :

Le premier concerne le lien « vertueux » qui va se concrétiser, se renforcer encore les prochaines années entre mobilité, environnement et zones d’activités.                                                                                            En effet, le programme du Bus à Haut Niveau de Service, le fameux BHNS entre Aubagne et Gémenos a été approuvé et revalorisé lors du conseil métropolitain du 26 octobre dernier ce qui constitue une excellente nouvelle et offre de belles perspectives ! Cela signifie que vers 2023, depuis la gare d’Aubagne, à travers 12 stations, les pôles économiques de la future zone d’activités de Camp de Sarlier, la zone de la Martelle, la ZI des Paluds (12 000 salariés) et le parc d’activité de Gémenos pourront être desservis, partiellement en « site propre » toute les 10 minutes par un bus au Gaz Naturel de Ville Hybride plus respectueux de l’environnement, silencieux, rapide, fiable, accessible à tous, interconnecté, relié à un parking relais de 85 places… Ce qui devrait attirer 30% d’usagers supplémentaires, parmi lesquels des automobilistes, désengorgeant ainsi le réseau viaire existant! De plus, les modes doux n’ont pas été oubliés avec 8KM de piste cyclable en parallèle du tracé.

Vous avez d’autres annonces comme celle-ci ?

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la métropole a également approuvé un programme « très attendu » qui me tient particulièrement à cœur, pour lequel je me suis battue farouchement : le Val’Tram entre Aubagne et La Bouilladisse ! Il sera réalisé en une seule phase, d’où de substantielles économies,  desservira plus de 60 000 habitants du territoire, qu’il s’agisse d’Aubagnais, ou d’habitants d’Auriol, de Roquevaire, de La Destrousse ou de La Bouilladisse qui pourront venir faire leurs achats à Aubagne et inversement, désengorgeant ainsi notoirement l’A55 de plus en plus saturée ! Un marché de maîtrise d’œuvre sera lancé d’ici fin 2019, avec un démarrage des travaux prévu pour 2021 et une mise en service en 2024 ! En attendant une extension jusqu’à Marseille, le Val’Tram sera interconnecté avec le RER vers la deuxième ville de France, il constituera un nouvel axe structurant d’urbanisation durable et maîtrisée, une nouvelle zone de chalandise pour de nouvelles entreprises !  

Et pour ce qui est du lien entre environnement et zones d’activités ?

Je suis très fière d’un projet pilote écoresponsable ambitieux, qui réconcilie activités économique et écologique : celui de Camp de Sarlier, doublement primé à l’occasion du salon « Novatech » de Lyon !  Cette future zone d’aménagement de 20 hectares, dont 10 dédiées à l’économie, à un tissu de TPE, PME à forte densité d’emplois, dans les secteurs de l’artisanat et des services principalement, sera valorisée notamment par l’aménagement d’un cours d’eau, affluent de l’Huveaune, le Fauge/la Maïre. Il constitue un atout environnemental de qualité, avec la création d’une belle ripisylve aux arbres remarquables, d’un parc urbain paysager favorisant les surfaces perméables !

Il va s’agir de mettre en place une gestion innovante des eaux de pluie qui ne se jetteront plus directement dans le cours d’eau mais qui qui seront absorbées dans les sols via des « noues » (des fossés peu profonds) et canalisées grâce aux toitures végétalisées des bâtiments… En résumé, une gestion intelligente, intégrée et durable de l’eau dans la ville, dans un contexte d’urgence climatique ; un beau trait d’union entre la zone des Paluds et le centre-ville, dans la continuité d’Alta Rocca !

Auriez-vous  un deuxième exemple ?

Toujours pour rester dans ce « mix : développement économique et valorisation  de l’environnement », cela est tout frais, l’Office du Tourisme Intercommunal du PAE a signé le 07 novembre 2019 avec le groupe Rossignol un accord partenarial « gagnant-gagnant » qui permet de promouvoir considérablement nos activités de pleine nature, de devenir la seule destination méditerranéenne ayant une station de Trail et de marche nordique !

De plus, le groupe Rossignol, dans le cadre de son développement de l’activité vélo, grâce au rachat des marques Time et Felt, entend promouvoir le réseau « R Bikes » et c’est sur notre territoire que cela se passera, le PAE devenant « site pilote Cyclo », attirant de nombreux touristes de toute la France et même nous l’espérons de toute l’Europe et d’ailleurs, générant ainsi de fortes retombées économiques… 

 La démarche RSE repose également sur la prise en compte de mesures sociales pour améliorer les conditions d’emploi et plus largement de vie des personnes, dont certaines, c’est une réalité, sont victimes de discriminations.

Que faites-vous dans ce domaine ?

Vous avez parfaitement raison, nous sommes là au cœur d’enjeux essentiels, de défis importants à relever et remporter ! Dans ce domaine, je pense que le développement économique d’un territoire prend tout son sens lorsqu’il favorise l’emploi, l’insertion locale et permet de lutter contre le chômage dû aux discriminations de toutes sortes, celles liées au genre, au niveau de qualification, à l’handicap, au quartier dans lequel on  réside…

Pour pallier ces dysfonctionnements et lutter contre le chômage, nous avons développé toute une palette d’outils.  Je souhaite d’abord citer ce formidable dispositif : le Lab’emploi  que nous avons mis en place dès 2015 avec nos partenaires via une charte et qui  offre aux entrepreneurs du Territoire en recherche de postes, des candidatures les plus adaptées à leurs besoins. Comme le ferait un service de Ressources Humaines dédié, qui plus est rapidement et gratuitement!

Il a été repris par la ville de Salon et étendu du PAE au canton de La Ciotat avec une nouvelle appellation « Lab’emploi Est Métropole »! En 4 ans, 240 entreprises ont utilisé ce dispositif, 170 personnes ont été recrutées dont 60% en CDI!

Comme vous le voyez, à l’Est métropolitain il y a du nouveau !

 Autre moyen d’action intéressant, celui des clauses d’insertion, qui permettent à des demandeurs d’emploi de longue durée, des allocataires de RSA… de (re)travailler ! Le PAE a été  précurseur en la matière dès 2006 et en 2017 avec la mise en place d’un agent facilitateur à plein temps qui travaille étroitement avec ses collègues métropolitains pour mieux suivre, évaluer analyser et améliorer le dispositif.                                          Nos opérateurs comme la SPL Façonéo, aménageur-constructeur  par exemple y recourent autant que faire se peut, 10% des heures travaillées sur les grands chantiers du PAE sont « clausées » à l’instar de la salle de spectacles d’Auriol « Espace de la Confluence », l’extension du groupe scolaire Molina sur Roquevaire,  l’exploitation des hauts de quais des déchetteries…

 L’expérience nous montre que les clauses sociales d’insertion ne sont pas l’apanage que des marchés de travaux dont bénéficieraient des jeunes sans qualification, ils bprofitent aussi à des personnes de plus de 40 ans et relèvent majoritairement de marchés de services !

Seule ombre au tableau la sous-représentation des bénéficiaires féminins qui n’étaient que 8% en 2018, mais cela, il va falloir que ça change et pour ce faire nous sommes parfaitement en phase avec la métropole qui met en place un vaste plan de lutte contre les discriminations pour 2020-2023.

Dans le cadre de la mise en œuvre de notre contrat de ville 2020-2022, je suis très attentive au développement d’actions qui valorisent et les femmes et le développement économique ! Aussi, à travers le PACI, un coaching pour un public féminin est mis en place afin de lui faire découvrir le tissu économique local, les sortir de leur isolement, les inciter à créer leur propre activité !

Plus largement, nous organisons le plus souvent possible des opérations de « Job dating » dans notre espace dédié : « La Boussole » au sein de la Mission locale, ou directement sur le terrain, comme le 10 octobre dernier où avec Pôle Emploi notamment, dans le cadre de l’opération « 100% emploi » visant à favoriser le dispositif des emplois francs, des entreprises sont venu proposer une centaine d’offres d’emplois locales!

Voilà, même si les défis sont énormes et que nous n’en ferons jamais assez, j’ai voulu vous montrer à travers ces quelques exemples que nous avons la RSE chevillée au corps de notre politique économique !Parce que l’énergie n’est pas un bien comme un autre, nous menons de nombreuses actions de lutte contre la précarité énergétique : 300 conseillers solidarité en France dont une cinquantaine en Provence Alpes Côte d’Azur  travaillent avec les travailleurs sociaux pour identifier et  aider les personnes en situation de précarité énergétique. Plus généralement, le bien-être se transmet par les valeurs de solidarité qui caractérisent le Groupe et ses salariés qui s’engagent au quotidien pour favoriser l’inclusion dans notre société (insertion vers l’emploi, diversité, éducation…) au travers de la Fondation Groupe EDF, du Fonds Agir pour l’Emploi (FAPE) ou de Human Pacte, plateforme collaborative de mise en relation de salariés et d’associations.

Comment se traduit votre engagement RSE en région ? 

J’aimerais, tout d’abord, mentionner l’engagement citoyen de nos salariés dans des actions bénévoles à travers Human Pacte et le programme mis en place au printemps «Confinés et solidaires ». Près de 300 engagements ont été formalisés sur la plateforme sur des missions de soutien aux personnes isolées, d’aide à la scolarité, d’accompagnement à l’insertion professionnelle, complétés par 900 engagements hors plateforme.

Dans le cadre de cette crise sanitaire et sociale sans précédent, EDF s’est mobilisé, dans le respect de ses valeurs de service public, à travers plusieurs fonds pour aider les plus fragiles et pour répondre à des besoins d’urgence. La Fondation Groupe EDF a attribué, dans le cadre de son mécénat territorial d’urgence, plus de 70 000 € pour des associations dans chaque département de la région Provence Alpes Côte d’Azur pour aider les personnes les plus fragiles, les soignants ou les enfants en rupture numérique vis-à-vis de la continuité pédagogique. Je peux citer  les dons au  profit de la Banque Alimentaire des Bouches du Rhône et du Secours Populaire des Alpes Maritimes pour permettre l’achat de denrées alimentaires et de produits d’hygiène de première nécessité. Le FAPE a également soutenu des structures d’insertion par l’activité économique, par exemple, Résines Esterel Azur à Cannes qui s’inscrit dans le programme Résilience en assemblant des pièces de masques, permettant la fabrication de 2 000 masques par jour sur une chaîne de production de cinq personnes, masques dont les bénéficiaires sont l’hôpital de Grasse et les structures du médico-social et les commerçants.

Quelles sont vos dernières actions ?

Le 2 octobre 2020, la tempête Alex a fortement impacté le département des Alpes-Maritimes faisant de nombreux dégâts dans les vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie. Nous nous sommes tout de suite mobilisés. La Fondation groupe EDF a apporté son soutien à la Protection Civile des Alpes-Maritimes avec un don de 30 000 euros pour accompagner les sinistrés et mettre à disposition les moyens humains et sanitaires pour le déploiement en lien avec l’ARS d’un pont aérien de soignants dans les établissements de santé.

Nous avons créé en 72 heures, sur notre plateforme EDF HUMAN PACTE le programme  « Réflexe solidaire »  pour aider nos collègues durement touchés par les conséquences de la tempête Alex.  Nos collaborateurs ont ainsi pu faire des dons auprès de trois associations (Croix Rouge française, Secours Populaire ou Protection Civile) ainsi qu’à leurs collègues touchés à titre personnel.

Quels sont vos prochains challenges ? 

Notre challenge sera d’intensifier l’engagement de l’entreprise et de nos salariés sur le territoire de notre région Provence Alpes Côte d’Azur, en étant présent dans toutes les grandes agglomérations mais également les territoires ruraux.

Nous sommes en train de préparer, en lien avec la Fondation groupe EDF, l’attribution d’un fonds de solidarité de près de 70 000 Euro à des associations du territoire. Nous poursuivons nos actions de bénévolat avec notre plateforme EDF Human Pacte et venons de créer le programme « Solidaires à distance » pour s’adapter au contexte actuel. L’idée est de proposer une solidarité active et positive pour accompagner le territoire par des actions concrètes et utiles.

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