VINCENT GILLET :
GROUPE AFNOR
Le 11/11/2019
Les candidats aux Trophées RSE Provence Alpes Côte d’Azur sont des précurseurs.
Plus de 200 entreprises candidates aux Trophées RSE PACA ont utilisé depuis 2016 un questionnaire RSE basé sur l’ISO 26000. Par cet exercice, elles disposent de données précieuses pour apporter des preuves de leur engagement, en avance de phase. Vincent Gillet, secrétaire général adjoint du groupe AFNOR, nous fait un point sur ce qu’il se passe en Région comparé au national et au sortir d’une étude menée auprès de plus 400 organisations françaises actives en RSE.
Vous venez de finaliser une étude auprès de plus de 400 organisations françaises actives en RSE, quelles en sont vos conclusions et pensez-vous que l’ISO 26000 soit toujours en phase avec les enjeux des organisations ?
J’en suis persuadé. Tout d’abord parce que cette norme a « fait des petits », si l’on observe les initiatives de près de 20 filières qui se sont approprié l’ISO 26000 pour créer des labels RSE en phase avec leurs enjeux. Détergence, salons de coiffure, professionnels de la relation client, vitiviniculture, agroalimentaire, établissements médico-sociaux, matériaux de construction, coopératives du BTP, agences de communication, imprimeurs… Je m’arrête là, car la liste est longue et c’est tant mieux !
Notre étude signale que 93% des répondants déclarent connaître l’ISO 26000, loin devant le UN Global compact (68%) et les ODD (66%). C’est bien la confirmation que cette norme volontaire a trouvé sa place parmi les outils des organisations qui s’engagent. C’est d’autant plus intéressant que l’ISO 26000 est un véritable mode d’emploi pour répondre aux ODD : plus de 450 recommandations de la norme sont des solutions face aux 17 enjeux identifiés par les Nations-Unies.
Un autre enseignement de cette étude, plus global, est que la RSE est avant tout un cheminement, complexe, qui porte ses fruits au fur et à mesure que la démarche avance dans le temps. Nous identifions 4 profils d’organisation, selon l’ancienneté de la démarche et la diversité des actions engagées. Les bénéfices observés sont décuplés au fil des ans et concernent autant l’image de l’organisation (engagement des collaborateurs, attractivité), que son activité (différenciation, embauche, rentabilité, développement du CA). Relevons aussi le lien direct entre RSE et innovation : l’étude signale qu’innover est un bénéfice direct de la démarche, pour 78% des répondants ! Ce sont donc des résultats encourageants et qui, je l’espère, décideront les entreprises de PACA à participer à l’édition 2020 des Trophées. Nous pouvons même faire le pari que les scores des participants continueront de s’améliorer, année après année !
Justement le groupe AFNOR est une nouvelle fois partenaire des Trophées, pourquoi ?
Cette initiative est pionnière dans le paysage de la RSE en France. Initiée au plan régional et soutenue par de nombreux acteurs, c’est un exemple probant que l’on peut aider les entreprises d’un territoire à s’engager en RSE, avec un dispositif séduisant et efficace. Pour nous, c’est essentiel et cela constitue une source d’inspiration.
Chaque année, les Trophées font aussi émerger des pépites, en donnant l’opportunité à des entreprises d’expliquer pourquoi elles s’engagent sur le terrain de la RSE et comment. Nous avons besoin de comprendre, par l’exemple, et d’entendre des dirigeants qui ont repensé leur stratégie pour développer, voire réorienter leur business de manière responsable. Pour cela, le questionnaire RSE utilisé par les candidats est un outil intéressant. Basé sur l’ISO 26000, la mère de toutes les démarches RSE, il leur livre des informations à la fois intéressantes pour eux, mais aussi pour leurs parties prenantes. Qui n’a pas dû, à la volée, se mobiliser pour répondre à des questions de ses clients ou prospects pour dire ce qu’il fait en matière de développement durable ? C’est aujourd’hui une réalité incontournable pour tous et toutes et les participants aux Trophées le font depuis des années.
Le score en RSE sont-ils bons par rapport à la moyenne nationale? Que retirer des informations déclarées par les candidats ?
Les tendances générales de notations et des résultats sont à la hausse. En 2017, les participants ayant sollicité un contrôle de leurs informations ont affiché une note moyenne de 56 / 100. En 2019, la note est passée à 70 / 100. Cette note est bien supérieure à celle des organisations qui ont utilisé notre questionnaire e-engagé RSE, très similaire à celui des Trophées RSE PACA, puisqu’ils affichent toujours une note moyenne de 56/100. Le niveau des participants aux Trophées est donc élevé : ils présentent une maturité avancée dans la gestion des enjeux RSE et cherchent, légitimement, à valoriser leurs actions sur le territoire.
Au-delà des scores, ce questionnaire permet-il d’identifier les singularités des entreprises qui s’engagent en RSE ?
Tout à fait. Les participants présentent une grande diversité d’initiatives. Certains sont très innovants en matière d’ancrage territorial, en revisitant leur business model grâce à des partenariats avec des parties prenantes. D’autres, en matière sociale, définissent des dispositifs de partage de valeur avec les salariés en cassant les codes que nous connaissons tous. Sur la thématique RH, des participants ont aussi investi dans la prévention des risques en matière de sécurité, voire en développant une politique ambitieuse en qualité de vie au travail…. Les exemples sont réellement infinis et c’est pour nous, les spécialistes de la norme volontaire, une grande source de satisfaction. Ce constat bat en brèche l’idée selon laquelle la norme est, en général, contraignante ou limitante pour agir et innover.
Au final quel est l’intérêt de s’appuyer sur un questionnaire RSE pour sélectionner les candidats aux Trophées ?
C’est objectivement un moyen d’éloigner tout risque de procès de greenwashing. Lors des quatre dernières éditions, entre 40 et 80 entreprises ont candidaté à chaque fois, pour un total de 250 participants, dont plus de la moitié a répondu à la totalité du questionnaire RSE. Celui-ci se compose de 20 questions structurées sur des points essentiels de l’ISO 26000 : vision et gouvernance ; ressources humaines et aspect sociaux ; environnement ; réalisation-fabrication des produits/services et ancrage territorial. La moitié de ces mêmes répondants a sollicité un contrôle de leurs réponses, à distance, condition sine qua none pour prétendre à l’un des prix. L’exercice est alors probant, car les candidats doivent être à même de prouver ce qu’ils avancent.