Sébastien DEBEAUMONT
Directeur régional de la DREETS (Direction régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités)
Le 20/11/2025
Sébastien DEBEAUMONT, Directeur régional de la DREETS (Direction régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités), revient sur sa lecture des crises que nous traversons, les actions menées par la DREETS pour y faire face sur les plans social et environnemental, la place de la RSE comme levier de développement territorial et les raisons de son engagement et de sa venue à la 2ᵉ Journée des Réussites RSE, le 25 novembre prochain.
Quelle est votre vision des crises que nous traversons ?
Dix ans après les Accords de Paris, nous voilà à la COP 30. Certes, le constat est globalement partagé : un changement de modèle est inéluctable.
Les risques de rupture climatique sont nombreux, et notre difficulté à nous fixer – et surtout à tenir – des objectifs rend l’urgence d’agir évidente.
Nous traversons une crise durable, à la fois économique, sociale, écologique et politique.
À court terme, nous espérons tous l’adoption d’un cadre budgétaire national pour 2026 avant la fin de l’année, mais une chose est certaine : il sera de plus en plus contraint.
Il nous faut donc encourager et renforcer l’engagement collectif, notamment l’ouverture du monde économique – et en particulier des entreprises – aux enjeux de l’insertion, de l’emploi et de la solidarité.
Plus que jamais, il nous faut (re)faire société.
Nous devons aussi faire face à des défis majeurs : le renouvellement générationnel et le « mur démographique » qui se profile avec les départs massifs à la retraite.
Face à ces crises, que peut faire la DREETS ?
Nous travaillons étroitement avec les acteurs économiques pour valoriser les leviers existants et répondre aux tensions sur l’insertion et l’emploi.
Nous soutenons notamment les Écoles de production. Écoles techniques privées reconnues par l’État, ces établissements, associés à la pédagogie du « faire pour apprendre », permettent l’accès aux qualifications et à l’insertion professionnelle des jeunes de 15 à 18 ans les plus éloignés de l’emploi.
Au nombre de cinq actuellement dans notre région, elles forment des cohortes dans les métiers de l’industrie (chaudronnerie, soudage), de l’électricité et du photovoltaïque, ou encore de la confection textile.
Nous accompagnons également le développement de l’apprentissage, qui reste très dynamique dans notre région malgré la réduction des aides décidée par l’État.
Au 31 décembre 2024, 74 100 apprentis travaillaient dans la région, soit 2 800 de plus sur un an.
L’apprentissage a été un moteur majeur de l’emploi régional, davantage qu’en 2023, en raison du fort ralentissement de l’emploi dans la région : plus d’une création d’emploi salarié sur trois correspond à une embauche d’apprenti en 2024, contre moins de deux sur dix un an plus tôt.
Enfin, nous concentrons nos efforts sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), pour redonner de l’espoir à des territoires qui se sentent très souvent oubliés voire relégués, et dont la population – à commencer par la jeunesse – reste trop souvent au bord de la route de l’insertion économique.
Rappelons qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 10,6 % de la population habite en QPV, soit 539 000 personnes qui vivent dans l’un des 135 QPV actualisés en 2024, contre 6,6 % à l’échelle nationale.
En quoi la RSE est-elle un levier de développement pour la DREETS ?
Dans un contexte économique et politique incertain, la RSE est un levier essentiel que nous encourageons, car elle redonne du sens et de la visibilité à l’action territoriale.
Les entreprises engagées dans une démarche RSE placent au cœur de leur stratégie des valeurs que nous partageons : égalité, ouverture, insertion, solidarité et respect de l’environnement.
Elles contribuent à un récit collectif porteur, au service du territoire, et incarnent une vision du progrès tournée vers le bien commun.
Ces entreprises agissent dans le bon sens et sont aussi sources d’innovation et d’inspiration continues.
Nous en sommes convaincus : le temps de l’expérimentation est derrière nous. Place désormais au déploiement concret de la RSE.
Enfin, la RSE ne peut exister sans un dialogue social de qualité.
C’est une condition indispensable à la qualité de vie au travail et à la pérennité des entreprises.
Là où ce dialogue est vivant, le rappel au cadre ou aux normes devient moins utile.
Quelle est votre marge d’action au niveau environnemental ?
La DREETS est en première ligne, aux côtés des autres services de l’État et des collectivités territoriales, pour accompagner l’adaptation des modes de production aux changements climatiques.
L’un de nos enjeux majeurs sur la région concerne la réindustrialisation et la décarbonation des entreprises implantées sur la zone industrialo-portuaire de Fos-Berre-l’Étang, le deuxième site industriel le plus polluant de France.
Notre objectif est clair : réduire durablement les émissions de gaz à effet de serre, tout en préservant l’activité industrielle et en créant plus de 10 000 emplois supplémentaires d’ici 2030.
Tous les acteurs de l’État et des collectivités territoriales se mobilisent pour réussir ce deuxième acte de la révolution industrielle sur ce site stratégique.
Tous les investissements (publics et privés) pourraient en effet atteindre entre 16,9 et 19,9 milliards d’euros d’ici à 2030.
Vous soutenez et serez présent à la 2ᵉ Journée des Réussites RSE, le 25 novembre prochain. Quel est votre message ?
Je l’ai déjà dit : la RSE accompagne la dynamique sociale et environnementale que nous voulons impulser.
C’est pourquoi nous soutenons pleinement cette 2ᵉ Journée des Réussites RSE et ses trophées.
Notre territoire regorge de pépites souvent méconnues qui montrent la voie, participent à un climat social et environnemental plus serein, et inspirent les autres.
Nous avons besoin de mettre en lumière ce qui fonctionne, ce qui est positif et porteur d’avenir.
Votre événement nous invite à porter le regard vers l’avenir et à le construire ensemble.
