ANTHONY FREMAUX :
DIRECTEUR FONDATEUR DE LA SOCIÉTÉ LIGAMEN
Le 26/11/2013
Anthony Frémaux, directeur fondateur de la société Ligamen, vous êtes Docteur en Sciences Humaines et enseignant à l’Université Paris 8. Vous proposez des outils et méthodes de détection et de management collaboratif des savoirs et des compétences. Vous faites pousser des « arbres de connaissances 2.0 », des cartographies dynamiques qui permettent de rendre lisibles quels systèmes performants un collectif (entreprise ou territoire) peut tisser ensemble, tout en repérant les compétences, les besoins et les ressources portés par chaque individu…
Qui êtes vous, comment est né le projet Ligamen ?
Depuis 1994, je pratique la démarche des arbres de connaissances (Michel AUTHIER, Pierre LEVY, Michel SERRES), inspirée par la maïeutique, la pédagogie coopérative, le Web 2.0 et la socianalyse. Mes travaux ont aussi porté sur les réseaux d’échanges réciproques de savoirs (Claire et Marc HEBER-SUFFRIN). Mais j’ai aussi la conviction que la reconnaissance et la valorisation de la contribution de chaque acteur au capital humain conditionnent la performance et la compétitivité des organisations, Collectivités et Entreprises ; c’est ainsi qu’est né Ligamen, soutenu par l’incubateur inter-universitaire Impulse, crée en 2010 avec une équipe pluridisciplinaire. Lingamen compte parmi ses clients et partenaires Entreprises, Collectivités, Laboratoires de recherche, Pôles d’innovation, Chambres de commerce.
Que proposez-vous aux entreprises et collectivités en matière de RSE ?
Nous agissons comme des « topographes » pour rendre visibles les espaces de collaboration communs au sein des entreprises ou des territoires et les mettre en rapport avec des besoins ou des demandes. Nombreux sont les collaborateurs qui font de la RSE sans le savoir : ils pratiquent la gestion des déchets ou les économies d’énergie dans le cadre familial, ils développent des pratiques managériales au sein d’associations, ils mobilisent des talents et des savoirs de vie dans leurs activités extra-professionnelles ou au sein de leurs équipes, sans que l’entreprise en ait connaissance.
Certains savoirs de vie sont pourtant essentiels pour travailler en équipe, interagir avec un contexte multi-métiers, innover ou encore mobiliser des savoirs techniques de façon responsable.
Cartographier ces savoirs et ces compétences, leur offrir un espace d’expression au sein de l’entreprise, cela permet de les valoriser et de les mettre en synergie, au service des objectifs de l’organisation. C’est enrichir la vision de l’entreprise en matière de GPEC, détecter les potentiels des individus au sein des collectifs, optimiser leur valorisation, leur bien-être, leur coopération. Au final, prendre en considération les richesses humaines, c’est aussi contribuer à une meilleure compétitivité.
Nous accompagnons nos clients sur objectifs opérationnels tels que :
constituer des équipes multi-métiers autour des commandes clients, optimiser des plans de formation, améliorer la mobilité professionnelle, fusionner des départements, animer une communauté de pratiques, organiser des échanges d’expériences et de savoirs, structurer des offres communes de produits et services, concevoir des projets collaboratifs R&D, mobiliser des acteurs autour de projets communs, etc.
Comment cette activité s’inscrit-elle dans votre parcours d’entrepreneur engagé sur les questions de RSE ?
Nous travaillons sur l’adéquation entre les aspirations de chacun et sa contribution au projet collectif de l’entreprise, à sa performance. Les compétences stratégiques pour l’entreprise sont renseignées, les compétences critiques, repérées et les enjeux sociaux et sociétaux, interrogés. Par exemple, un dispositif d’arbres permet de détecter quelles compétences stratégiques sont portées par des salariés sur le point de partir à la retraite, de les investir d’un rôle de tuteur ou de personne ressource, et de capitaliser les connaissances de l’entreprise, de la collectivité. Valoriser l’humain, rendre lisible la diversité des compétences, montrer les complémentarités me paraît un enjeu primordial au service du bien-être social et de la performance.
Quelles sont vos actions actuelles en matière de RSE ?
Nous travaillons notamment sur trois projets en PACA, dans lesquels nous déployons des dispositifs d’arbres de connaissances 2.0.
Avec notre partenaire « Citoyens de la terre », il s’agit de valoriser les pratiques de petites structures de la filière « Tourisme durable » et de faciliter la formation réciproque et les échanges d’expériences.
Pour le Prides eco-entreprises : il s’agit de détecter et développer les potentiels de coopération entre les membres (entreprises et labos) pour structurer des offres communes et intégrées de services et produits, y compris pour l’international.
Pour le réseau des ERIC (Espaces régionaux internet citoyen) : il s’agit d’organiser des échanges réciproques de savoirs entre les animateurs d’espaces, de mutualiser des ressources, de valoriser les emplois nouveaux de la médiation numérique et de mettre en place des projets communs, pour au mieux répondre aux besoins émergeants sur le territoire.
Côté innovation et RSE ?
Notre activité s’inscrit depuis son origine dans une démarche d’innovation technologique et d’usages sociaux qui nous conduit à questionner de manière transversale, les fondamentaux de la RSE. Une mobilisation intelligente du capital humain ne conditionne t-elle pas valorisation du capital naturel et développement économique durable ?
En interaction avec nos partenaires, nous traduisons une partie de la norme Iso 26000, en nomenclature commune de compétences et de savoirs, pour favoriser les transversalités. Cela permet, lors de projets qui durent de 2 à 10 semaines, de réaliser des diagnostics RSE mobilisateurs, c’est à dire qui aboutissent à des décisions de plan d’actions et à la constitution d’équipes motivées pour les réaliser.
Quel est votre crédo ?
Planter des arbres de connaissances 2.0, pour une gestion collaborative des richesses humaines, que pouvais-je rêver de mieux ?