JEAN FRANCOIS GELAS :

PRÉSIDENT DE LA COMMISSION ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, RECHERCHE ET INNOVATION DU CESER PACA

Le 26/11/2013

Jean François Gelas, vous étiez Président de la commission enseignement supérieur, recherche et innovation du CESER PACA (représentant le Medef) vous avez travaillé sur une auto-saisine, née de la volonté du CESER de réfléchir sur « Comment stimuler l’innovation au sein des petites entreprises en Provence-Alpes- Côte d’Azur ». Dans cette interview vous revenez sur les raisons qui ont motivé une étude sur l’innovation, poussée aussi par les actions menées par l’Europe. Vous nous faites part des définitions du mot « innovation et innovation sociale », de l’analyse des facteurs et des bonnes pratiques stimulant l’innovation et vous concluez sur les recommandations du CESER faites pour renforcer l’efficience de l’Ecosystème d’innovation en PACA ?

Quelles sont les raisons qui ont motivé une étude sur l’innovation ? 

Une étude de l’INSEE datant de Novembre 2010, souligne que les PME de Provence-Alpes-Côte d’Azur innovent moins que leurs homologues à l’échelon national. Elle précise que « si cette différence s’explique en partie par la présence plus importante en PACA de secteurs d’activité par nature moins innovants, l’essentiel du déficit d’innovation est imputable à un moindre dynamisme propre à la région ».

Cette étude, et bien que certains de ses points aient été relativisés, a été le premier motif d’un nécessaire approfondissement du thème de l’innovation par le CESER.

Par ailleurs, le tissu économique de PACA est composé particulièrement de PME voire de TPE (96 % ont moins de 20 salariés). Pourtant, pour résister à la concurrence internationale, la France doit pouvoir voir évoluer ses micro-entreprises en véritables PME , voire en ETI , à l’exemple de l’Allemagne. 

L’innovation, dans ce contexte, est un levier fiable de croissance et de pérennisation de l’activité des entreprises.

De plus, la région PACA a réaffirmé dans ses schémas directeurs structurants, le SRADDT ou le SRDEII à venir, sa volonté de dynamiser l’activité productive du territoire et de faire de PACA « un territoire d’innovation et d’expérimentation ». 

Elle a mis en place des dispositifs régionaux clés pour favoriser l’innovation

– Les PRIDES
– PACA Investissement
– Le fonds JEREMIE
– L’APRF (l’Appel à Projets Recherche Finalisée)
– Le PRDE (le Prêt Régional pour le Développement pour l’Emploi)
– La PTR (la Prestation Technologique Réseau)
– Les allocations de recherche (les bourses doctorales, les post-doctorats…)

Enfin ce sujet est à présent plus que jamais d’actualités avec le projet de Fleur Pellerin, Ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’Economie numérique, de consacrer à la mi-Juillet un plan coordonné en faveur de l’innovation avec l’annonce de mesures telles que le Crédit impôt Innovation, l’évolution du statut de la jeune entreprise Innovante, ainsi que la priorité donnée à l’Innovation pour la nouvelle Banque Publique d’Investissement.  

Par conséquent, le CESER a souhaité proposer des voies d’amélioration à une problématique singulière de notre région liée aux difficultés d’innovation des petites entreprises , propres au tissu industriel de PACA; cette situation est d’autant plus préoccupante dans un contexte de crise économique et de concurrence accrue, dans lequel les petites entreprises sont une des clefs de sortie. 

Que fait l’Europe pour stimuler l’innovation ? 

Un tableau de bord de Mars 2013 de la Commission Européenne, a classé les pays de l’UE selon leurs performances à l’innovation : la Suède arrive en tête suivie de l’Allemagne, du Danemark et de la Finlande. La France n’est pas dans le groupe de tête, étant considérée elle comme un « suiveur de l’Innovation ». La France s’est donc engagée auprès de l’Europe à renforcer la compétitivité de ses entreprises notamment en reconsidérant la place de l’innovation dans cet impératif. 

L’Union européenne développe une politique de soutien à l’Innovation. Une partie du budget de ses programmes dédiés à l’Innovation sera destiné aux PME.Horizon 2020 (adopté en Nov 2011) est un programme de financement de la recherche et de l’innovation de l’Union européenne qui prévoit un investissement de 80 milliards sur la période 2014-2020. 

A l’échelle régionale, la commission européenne va délivrer des fonds FEDER 2014-2020 aux Régions qui auront décliné ces objectifs et la politique des 3S (Smart Specialisation Strategy), dans leurs SRI (Stratégie Régionale de l’Innovation) respectives. Pour PACA, cela équivaut à 250 M€ sur 7 ans.

La Smart Specialisation ou spécialisation intelligente devient ainsi un pivot de la Communication de la Commission Européenne (CE) sur la « Contribution de la politique régionale à une croissance intelligente dans le cadre de la stratégie Europe 2020 ».

Le constat sur lequel repose la Smart Specialisation est double : l’Europe, pour rivaliser avec les anciens et nouveaux concurrents mondiaux doit se doter de clusters d’envergure mondiale, ce qui contraste avec l’existence d’un large nombre de territoires qui ont tendance à diluer leurs ressources, souvent limitées, pour soutenir un large spectre de secteurs sans que ceux-ci arrivent à atteindre une masse critique suffisante pour façonner un avantage compétitif.

Cela implique en premier lieu la définition des priorités régionales en termes d’investissements en innovation (no more saupoudrage, donc), une réflexion sur ses propres avantages compétitifs dans une perspective internationale, une vision large de l’innovation, une appropriation « terrain » de la part des acteurs économiques de la démarche, et, in fine, la création d’un système d’observation et d’évaluation.

Le programme vise :

  • L’Excellence scientifique européenne afin d’assurer la compétitivité à long terme de l’Europe ;
  • La primauté industrielle, il s’agira de renforcer l’attractivité de l’Europe pour les investissements dans la recherche et l’innovation (y compris l’éco-innovation) 
  • La mise en œuvre d’une approche axée sur les défis de la société à relever, en mobilisant des ressources et des connaissances couvrant plusieurs domaines, technologies et disciplines scientifiques, y compris les sciences sociales et humaines

Notons que 15 % du budget consacré aux deux derniers points pourraient être destinés aux PME.

Qu’entendez-vous par « innovation » et « innovation sociale » ? 

Aujourd’hui, la notion d’innovation est élargie et ne se limite plus à une dimension purement technologique dépendant seulement de la part investie en Recherche et Développement.

La définition du Manuel d’Oslo constitue la référence actuelle (OCDE, 2005) : 

«  Une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures. »

Conformément à la définition européenne, sont considérées comme innovantes les sociétés qui ont introduit un changement significatif ou une nouveauté dans au moins une des quatre catégories d’innovation possibles suivantes :  

– L’innovation de produits
– L’innovation de procédés (ex : nouveau logiciel de gestion)
– L’innovation d’organisation sous toutes ses formes (ex : démarche qualité ; lean-management ; mesure en matière de Ressources humaines)
– L’innovation de marketing/de design. (Annexe 2 : définitions)

L’innovation sociale est une des déclinaisons de l’Innovation sur laquelle le CESER souhaite faire un focus.

Le Conseil supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire (CSESS) a proposé une définition de l’Innovation Sociale : « L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et des usagers ».  

Qu’elle soit de nature technologique, organisationnelle, de produit ou de marché, l’innovation sociale est pensée collectivement en fonction de son impact sur son environnement. Il s’agit de penser l’innovation comme outil d’amélioration des conditions de travail et de vie sur un territoire ; elle doit être créatrice de mieux-être. 

Aussi l’innovation sociale permet un nouveau lien avec les territoires, est coproduite par les différents acteurs, usagers et salariés, et dans ses partenariats publics/privés, et produit un résultat dont les bénéfices sont partagés. 

Quels est l’analyse des facteurs et des bonnes pratiques stimulant l’innovation ? 

Les auditions réalisées par le CESER ont permis de recueillir, auprès d’acteurs clés de l’Ecosystème, des invariants incontournables à prendre en compte dans l’installation d’une Agence Régionale d’Innovation en région.

En matière d’animation de l’Ecosystème

L’étude de l’Ecosystème régional nécessite de renforcer la mise en réseau d’acteurs complémentaires qui ne seraient pas issus du même domaine. L’innovation apparait souvent au croisement des filières et dans l’interdisciplinarité. Aussi, au vu des auditions réalisées par le CESER, il est particulièrement porteur de développer des travaux en inter-filière donc en inter- pôles de compétitivité, inter-PRIDES… 

La filière TIC est considérée comme structurante c’est pourquoi on peut facilement rapprocher les TIC et le domaine de la santé, les TIC et le secteur de l’Energie etc. …

L’analyse de l’Ecosystème souligne la nécessité de renforcer les interfaces, de travailler aux décloisonnements : recherche publique et celle privée, recherche fondamentale et appliquée, recherche et industrie, recherche et université, recherche et marché, entre universités, entre acteurs de l’Ecosystème… 

Bonnes pratiques : Le CRITT agro-alimentaire est à l’interface entre les entreprises, les centres de recherche, et les laboratoires. 

Le CRITT chimie-formulation-matériaux et la SATT Sud-Est ont lancé un appel à projets de transfert de technologies dans le domaine de la Chimie Durable afin de cibler des résultats de recherche pouvant donner lieu à un transfert vers des industriels.

Enfin, le réseau PACA Innovation présente essentiellement des structures publiques ou parapubliques. Réfléchir en termes d’Ecosystème conduit à s’interroger sur l’absence dans ce réseau d’acteurs privés, exceptés les Business Angels, tels que banquiers, capital risqueurs, entreprises… De plus, on peut se demander également pourquoi les établissements d’enseignement supérieur et de recherche n’apparaissent pas dans ce réseau.

En matière de cartographie intelligente

Dans la même optique, il est donc incontournable d’organiser des rapprochements entre entreprises en anticipant d’éventuelles complémentarités. 

Néanmoins le CESER constate que les réseaux existants n’accueillent pas toujours de nouveaux membres lors de leurs séminaires de travail. 

Il est donc indispensable, au sein de l’Ecosystème, de prospecter de nouveaux partenaires afin d’avoir une cartographie des entreprises exhaustive et régulièrement remise à jour. En effet, les entreprises doivent revenir au centre de l’Ecosystème.

Bonne pratique : Le PRIDES SCS met en œuvre des plans événementiels par métier, thématique et marché pour atteindre ces nouvelles PME. 

En matière d’infrastructures

L’accent a été mis également sur la qualité des infrastructures afin de susciter l’innovation chez les acteurs de l’Ecosystème en développant :

– Des lieux emblématiques, éco-responsables…
– Des lieux conviviaux favorisant les échanges informels
– Des lieux ouverts, proches des campus, voisins des entreprises, laboratoires, salles d’enseignement mais aussi financeurs, banquiers et capital-risqueurs. 

L’innovation et le territoire sont en effet étroitement liés.

Enfin, l’accès des acteurs à des infrastructures numériques de pointe est aussi un facteur incontournable de l’innovation.

Bonne pratique : La communauté urbaine MPM travaille à la mise en place de technopôles pour augmenter l’attractivité de son territoire

En matière de ressources humaines

L’innovation, fruit de la créativité, relève aussi, contrairement aux idées reçues, de profils issus des sciences humaines et sociales. 

Les entreprises de l’Ecosystème doivent pouvoir recruter des profils variés et s’ouvrir à des disciplines moins techniques. Les profils qui sont à l’interface comme les chercheurs-développeurs, sont à privilégier.

Bonne pratique : Méditerranée Technologie envisage de recruter de nouveaux collaborateurs ayant ce type de profil (sociologue…)

En matière d’accompagnement des petites entreprises

Des acteurs de l’Ecosystème parlent de l’obligation de « coaching » des petites entreprises par les grands groupes, voire de parrainage. En effet, il faut encourager les petites entreprises à accepter l’expertise des grands groupes qui peuvent ainsi valider leur « business plan » et les aider à vendre durablement. C’est ce que M. DESTOT appelle la « solidarité entrepreneuriale». 

Bonne pratique : La Direccte, avec le Technocampus d’Eurocopter, insiste sur le renouveau des relations entre grands groupes et sous-traitants qui deviennent ainsi partenaires dans un lien « gagnant-gagnant ».

Le courant de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) va dans ce sens et définit la responsabilité sociétale d’une organisation (RSO), publique ou privée, dans ses interactions avec le territoire, l’environnement, et l’homme (salariés/fournisseurs/partenaires sociaux..).

(Annexe 8 définition RSO)

Bonnes pratiques : Le projet de PTCE (Pôles territoriaux de coopération économique) de la CRESS ainsi que la structure Alter’Incub en Rhône-Alpes qui est un incubateur d’entreprises socialement innovantes. 

(Annexe 9 : définition PTCE)

En matière de services

Les services proposés par l’Ecosystème d’innovation sont très divers mais il en faut certains particulièrement adaptés à la situation des petites entreprises à savoir :

– Une offre de micro-services peu onéreux (cf. les micro-services du PRIDES SCS facturables à 50 €)
– Des accompagnements de courte durée 
– Une alternance d’appuis individuels sur mesure et d’actions collectives
– Des plans PME voire des plans TPE (cf. plan PME de l’ARDI de Rhône- Alpes, ou encore IDEOPROJET pour l’accompagnement des projets innovants des entreprises artisanales. (Annexe 10 : Programme spécifique d’accompagnement des TPE par le CRITT agro-alimentaire PACA)
– Des outils de communication simplifiés (cf. guide pratique du CRITT agro-alimentaire…). 
– La prise en charge de la veille réglementaire et technique (cf. l’Agence Régionale d’Innovation de Rhône-Alpes a 5 salariés chargés de la mission de veille, le PRIDES SCS fait un rapport de veille mensuel)
– Un accompagnement pour la mise sur le marché des produits ou services.
– Un soutien à apporter aux chefs d’entreprise de petites structures pour vendre leurs projets, à le présenter à l’oral, dans le but d’inspirer confiance et de pouvoir ainsi capter des financements, notamment privés.

En matière de soutiens financiers, d’aides publiques

Les acteurs interrogés soulignent que les problématiques de trésorerie et de levée de fonds sont majeures pour les petites entreprises. L’accompagnement dans l’ingénierie financière de ces petites entreprises est fondamental : il est nécessaire de les mettre en lien avec les Business Angels, les Capital risqueurs, les entreprises familiales qui souhaitent investir dans ces entreprises et d’arriver à obtenir des fonds patients (cf. le PRIDES SCS suggère un retour sur investissement sur 12 plutôt que 5 ans).

Les aides des collectivités dans ce domaine sont positives.

Néanmoins, il est également nécessaire d’adapter certaines aides publiques à la réalité des petites entreprises.

Bonne pratique : La politique de primo-innovation de Méditerranée Technologies avec les coupons innovation d’OSEO de 5 000 à 10 000€ est particulièrement adéquate.

En revanche certaines conditions d’octroi des aides régionales peuvent constituer un frein à leur mobilisation, ce qui explique que certaines soient peu utilisées par les petites entreprises. Les conditions d’internationalisation de l’activité et de création d’emploi à trois ans pour la mobilisation de l’APRF sont en décalage avec les priorités des petites entreprises. Par ailleurs ce dispositif ne prend pas en compte certains centres techniques, ainsi des entreprises sont contraintes de construire leur projet par rapport à l’éligibilité financière d’un partenaire et non pour son expertise technique. 

Enfin, les acteurs de l’Ecosystème ont souligné la disjonction qui pouvait apparaitre entre certains dispositifs régionaux excluant tout partenaire extérieur à la région et des projets collaboratifs nationaux ou internationaux.

Notons également que les délais imposés par les collectivités pour la mise à disposition des fonds relevant d’une aide (au mieux 6 mois pour le Conseil Régional au dire des acteurs) et la complexité des dossiers administratifs, restent une difficulté considérable pour les petites d’entreprise.

Enfin, les fonds européens FEDER, les fonds liés au CIR (Crédit d’Impôt Recherche) pourraient être utilisés davantage.

En matière de management de l’innovation

Les différents partenaires de l’Ecosystème ont insisté pour que les entreprises créent les conditions en interne pour recueillir les idées innovantes en mettant en place des démarches participatives impliquant les salariés et leurs représentants (remontées bottom up, boite à idées, « manufactures des idées », lieux conviviaux d’échanges…) : « il faut avoir des ingénieurs créatifs et des designers ingénieriques » . 

Par ailleurs, certaines entreprises ont créé des portails qui permettent à toute personne de répondre à un problème publié par la société : c’est « le paradigme de l’innovation ouverte » où l’innovation vient souvent de l’extérieur. 

Le CESER de Rhône-Alpes a rapporté que les organisations de chercheurs et d’entreprises qui intègrent des membres de la société civile produisent une innovation plus importante. Les organisations de type « agora » ou « cafés » permettent de se connecter à la société civile. Les linklab sont aussi des expériences intéressantes qui permettent de tester les usages et les acceptabilités.

Bonne pratique : Aussi, le CESER salue l’initiative de la Région avec « PACA Labs ». (Annexe 11 : définition)

En matière de cohérence d’ensemble

L’analyse de l’Ecosystème régional fait ressortir qu’il y a une hétérogénéité d’actions et d’acteurs qui est certes riche mais qui a besoin d’être régulée pour que son action soit optimisée. En effet, un coordonnateur prenant la forme d’une Agence Régionale de l’Innovation pourra amener de la cohérence entre les stratégies diverses et fixer un objectif commun. 

Par ailleurs, chaque niveau de gouvernance locale développe ses propres stratégies de soutien à l’innovation et ses propres outils. Ces acteurs faisant partie à part entière de l’Ecosystème, il serait souhaitable, pour une meilleure efficacité, que ce soit la Région qui ait compétence en ce domaine.

En matière de culture d’entreprise et d’innovation

Beaucoup de jeunes lycéens ou étudiants aspirent à une vie professionnelle qui leur permette de mettre en œuvre leur esprit de créativité et leur capacité d’innovation. C’est pourquoi il serait judicieux de sensibiliser dès la formation initiale les élèves au monde de l’entreprise, en s’appuyant sur leurs motivations et en développant leurs connaissances scientifiques et techniques, afin qu’ils puissent concevoir l’entrepreneuriat comme un moyen de réaliser leurs aspirations .

(Annexe 12 : Propositions de M.DESTOT pour l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.)

Former les jeunes à l’innovation peut demander aux acteurs de l’Ecosystème de s’impliquer davantage dans les modules d’enseignement et également d’accueillir ces jeunes en stage afin de les acculturer au travail en réseau, aux méthodes, et à l’état d’esprit requis pour développer leur créativité.

Bonne pratique : Implication du CRITT agro-alimentaire PACA dans l’IFRIA (Institut de formation des jeunes aux métiers de l’agro-alimentaire), formations en master dans deux universités, interventions dans les lycées agricoles, accueil de stagiaires, actions de formation continue des salariés de l’agro-alimentaire.

Par ailleurs, et de manière générale, il est nécessaire de renforcer la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle. 

Bonne pratique : le soutien de la Région PACA sur ce volet de la diffusion de la culture scientifique et technique est positif.

Les petites entreprises constatent qu’elles ont du mal à faire entendre, dans leurs relations partenariales avec les services publics, combien les délais administratifs d’instruction des dossiers, la complexité de certains documents (cf. FEDER), les multiples interlocuteurs qu’elles ont, et le temps qu’elles doivent y consacrer, pénalisent leurs activités.

Enfin, il est bénéfique que la collectivité régionale porte les innovations de son territoire. Le CESER pense que réserver une partie de l’achat public à des innovations locales, dans le respect de la réglementation des marchés publics, pourrait également être une initiative fédératrice.

Bonne pratique : Ainsi le CESER reconnaît l’intérêt du projet régional « designers en résidence ». (Annexe 13)

Quelles sont les recommandations du CESER pour renforcer l’efficience de l’Ecosystème d’innovation en PACA ?

Le CESER souligne l’importance, dans cet écosystème, du rôle du pilote qui est le garant de la coordination des actions, de la cohérence du système et du suivi d’une ligne directrice. Le CESER salue ainsi la volonté politique de la Région de créer une Agence Régionale d’Innovation, de Développement Economique et d’Internationalisation des Entreprises

L’agence doit pouvoir répondre aux exigences suivantes pour optimiser l’efficacité de l’Ecosystème :

– Conserver ce foisonnement d’acteurs car il permet une spécialisation des acteurs aux particularités des entreprises locales, quels que soient leur forme juridique, leur taille ou leur secteur d’activités, tout en évitant la dispersion des actions.
– Convaincre les acteurs de la nécessité de coopération que demande une organisation systémique.  
– Relayer auprès de chacun des acteurs de l’Ecosystème les conditions favorables à l’innovation qui ont pu être identifiées.
– Réunir des professionnels aux compétences très pointues, issues du monde de l’entreprise, et qui auront ainsi la légitimité nécessaire auprès des autres acteurs de l’Ecosystème.
– Intervenir sur la définition des aides régionales et leurs modalités d’octroi en collaboration avec les services de la Région.
– Pouvoir orienter dans l’Ecosystème vers la bonne personne-ressource et le service adéquat.
– Encourager l’action concertée entre les différentes échelles de gouvernance locale.

Les recommandations particulières que nous faisons sont les suivantes :

Recommandation 1 : Multiplier les actions regroupant dans la durée les petites entreprises et les autres acteurs de l’Ecosystème afin qu’elles initient et concrétisent dans la fréquence de ces rencontres leurs démarches innovantes.

Recommandation 2 : Cartographier les acteurs de l’innovation et s’assurer du partage et de la mise à jour de ces données et intégrer les acteurs privés, et les acteurs publics de la recherche (CNRS, INRA …) dans cet Ecosystème.

Recommandation 3 : Organiser des temps conviviaux permettant aux acteurs de l’Ecosystème de se rencontrer autour d’une thématique.

(Exemples : petits déjeuners, « 5 à 7 » (17h-19h) en Rhône-Alpes…)

Recommandation 4 : Appuyer les démarches ayant pour objectif de faire évoluer les relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants vers des relations de partenariat voire de parrainage. Les syndicats professionnels pourraient mettre en œuvre ces dites démarches.

Recommandation 5 : Définir des plans d’actions adaptés aux petites entreprises à l’image des « Plans PME ». (cf. ARDI de Rhône-Alpes, CRITT agro-alimentaire PACA)

Recommandation 6 : Renforcer le financement de la primo-innovation notamment en développant le dispositif des « coupons innovation » de 5 000 à 10 000 € mis en place par OSEO.

Recommandation 7 : Accompagner les entreprises dans la mise sur le marché de leurs nouveaux produits et services et concevoir un accompagnement régional dans ce sens.

Recommandation 8 : Alléger les contraintes d’accès aux aides à l’innovation et éviter d’imposer des conditions ne permettant pas toujours aux petites entreprises de les utiliser. (cf. l’APRF et la condition d’activité à l’international)

Recommandation 9 : Simplifier les procédures administratives et réduire les délais d’instruction des demandes de subventions et de prêts et accélérer le paiement des aides. 

Recommandation 10 : Poursuivre la prise en compte des acteurs de l’Economie Sociale et solidaire comme acteurs à part entière de l’Ecosystème et générateurs d’innovations sociales. Favoriser la création d’entreprises mutualistes, coopératives ou associatives.

Recommandation 11 : Encourager l’application des principes de la RSE par les entreprises et les intégrer dans les initiatives primo-innovantes.

Recommandation 12 : L’ARI nouvellement créée devra développer une communication en direction des petites entreprises avec des outils simplifiés et adaptés pour :

  • Les sensibiliser à la nécessité d’innover
  • Leur faire connaître les acteurs et les dispositifs clefs en matière d’innovation et éditer un outil du type « Guide du primo-innovateur en 10 points ».

Par ailleurs, l’ARI pourra organiser des événements fédérateurs autour du thème de l’innovation (forums, manifestations, prix …)

Recommandation 13 : Mettre en place une base de données permettant de tracer les différents accompagnements opérés par les acteurs de l’écosystème comme l’outil PARCOURRA de l’ARDI de Rhône-Alpes.

Recommandation 14 : Ne pas perdre de vue le rôle des organismes de recherche publique et des Universités qui doivent irriguer le tissu économique à l’image de Grenoble avec le CENG , Grenoble Université et plus généralement les Universités de Stanford, Berkeley, Louvain …

Recommandation 15 : Réserver une partie de l’achat public des collectivités territoriales au bénéfice des innovations régionales, dans le respect de la réglementation des marchés publics, à l’image du projet gouvernemental.

Recommandation 16 : Participer à la diffusion de la culture scientifique et technique à tous les niveaux du système éducatif de façon à développer la créativité et l’esprit d’innovation. Sensibiliser les services des administrations concernées aux besoins de réactivité des entreprises, notamment des TPE et PME.

Recommandation 17 : Mettre en place des outils d’évaluation en continue des mesures destinées à accroître l’innovation au sein des petites entreprises, et les modifier en fonction des résultats obtenus (cf. l’ARDI de Rhône-Alpes a initié cette démarche avec des enquêtes de satisfaction adressées aux acteurs de l’Ecosystème).

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