MOHAMED LAQHILA : 

Vous avez organisé le 2ème congrès régional de la Profession de l’Audit, du Chiffre et du Conseil en juillet dernier et dans ce cadre vous avez expliqué les enjeux auxquels doit faire face l’expert-comptable du 21ème siècle. 

Ce congrès avait pour vocation de réunir la Profession de l’Audit, du Chiffre et du Conseil autour d’intervenants de haut niveau qui ont su poser les enjeux du Capital Humain et de la capacité d’innovation indispensable aujourd’hui à la profession.

En effet, si les missions traditionnelles du professionnel du chiffre et du conseil – garantir la fiabilité des comptes sociaux, le conseil aux entreprises, respecter les législations en vigueur… – sont toujours d’actualité, désormais, son champ d’action s’est considérablement élargi notamment grâce aux nouvelles technologies. Place à l’Expert-Comptable du 21éme siècle. 2.0 ! Big Data, nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) mais aussi SaaS, business intelligence, cloud computing, Rso… sont devenus un rouage essentiel de la performance de l’entreprise. L’expert-comptable évolue alors dans un écosystème de plus en plus mobile et connecté : la digitalisation du métier devient sa réalité. 

L’expert-comptable comme artisan de la « conduite au changement des entreprises » et vers plus de savoir être, expliquez-nous ? 

L’expert-comptable du XXIe siècle collabore ainsi de plus en plus étroitement avec les directions opérationnelles et fonctionnelles dans le cadre d’une démarche totalement responsable et collaborative, ce qui fait de lui le liant qui favorise la conduite du changement. Devenu « la tour de contrôle », il assume un rôle dorénavant multifonction et pluridisciplinaire résolument tourné vers le co-pilotage de la performance financière en optimisant la chaîne de valeur dans son intégralité : contrôle de gestion, de la trésorerie, de la maîtrise des risques, de l’optimisation des systèmes d’information, etc. Fini donc l’expert-comptable producteur uniquement des comptes, l’expert-comptable se retrouve aujourd’hui en position de pilier central dans les choix décisifs en participant aux opérations les plus pointues – accompagnement des chefs d’entreprises dans la levée de fonds, attestations de nouvelles données extra-financières, …- avec un objectif clair : aider le chef d’entreprise qui reste le commandant de bord, à collationner toutes les informations nécessaires au pilotage et au maintien de cap décidé. Si ces évolutions nécessitent un savoir-faire technique de premier ordre, le savoir- être s’impose plus que jamais comme un prérequis essentiel pour assumer ce nouveau rôle. Les qualités humaines de communication s’associent dès lors aux qualités d’anticipation et de rigueur inhérentes à la profession comptable. L’expert-comptable et l’ensemble de ses collaborateurs aux compétences multiples se transforment en véritables aiguilleurs du chef d’entreprise. 

En quoi l’expert-comptable peut aider l’entreprise à innover ? 

L’expert-comptable a deux leviers importants pour accompagner les entreprises vers plus d’innovation : 

Un levier tourné vers l’entreprise en repérant ses actifs immatériels. Il s’agit de l’ensemble de ses richesses qui ne figure pas nécessairement à son bilan comptable, comme son capital humain, ses marques, son organisation, ses partenaires etc. 
Les leviers de l’innovation service sont d’ailleurs à mettre en corrélation avec les dix classes d’actifs reconnues par l’Observatoire de l’Immatériel (voir conférence d’Alan FUSTEC, invité de notre Congrès). 

Un levier centré sur la capacité d’innovation des cabinets par leur business model : le business model est la façon dont le cabinet va générer des revenus. C’est la description des activités clés du cabinet, de ses partenaires, de ses ressources et des flux financiers qui lui permettront d’être rentable. L’innovation portant sur le business model ne change pas nécessairement la nature du service offert aux entreprises mais fait évoluer le mode de rémunération de ce service au fur et à mesure que se développent de nouveaux usages. Cette adaptation des cabinets aux nouveaux besoins de l’entreprise innovante constitue un outil d’accompagnement du changement.

Quelles sont les mutations économiques, technologiques et sociales 
auxquelles les cabinets doivent faire face ? 

Les experts comptables eux aussi doivent faire face à de fortes mutations économiques (qualité, innovation), technologiques (NTIC) et sociales (mutation des pyramides des âges). Les entreprises, les cabinets, confrontés à des exigences de réactivité, d’adaptation quotidienne aux évolutions de la règlementation, de qualité de service et d’amélioration de la compétitivité, souhaitent bénéficier d’un professionnalisme toujours plus élevés de la part de leurs collaborateurs. 
Les salariés, eux, manifestent des exigences plus fortes en matière de contenu et d’organisation du travail, de parcours professionnel et de reconnaissance. 
Les démarches compétence constituent des dynamiques vers des organisations du travail évolutives et qualifiantes ; c’est l’organisation qui s’adapte aux compétences des hommes, cherche à les utiliser au mieux et à les développer. Elles reposent sur des formes de management plus coopératives et décentralisées dans lesquelles l’initiative et l’autonomie des salariés sont sollicitées. 

Quelles sont les conditions de réussite de la démarche compétences des cabinets? 

Les cabinets doivent mettre à parité les enjeux économiques et sociaux, pensés de façon solidaire, dans une relation gagnant-gagnant. Il s’agit de mobiliser les capacités de l’efficacité économique du cabinet en visant l’amélioration de la performance et la qualité au service du client. Pour les salariés, les objectifs peuvent être individuels ou collectifs : l’amélioration de leurs conditions de travail, le renforcement de leur employabilité grâce à la formation et l’acquisition d’expérience, la reconnaissance de leurs compétences, un système équitable de rémunération et bien sûr, sujet ô combien important, l’amélioration de leurs perspectives d’évolution. 
Il est essentiel également que les cabinets situent leur démarche compétence dans ses articulations avec leur stratégie, l’organisation du travail et le management : innovation, réponses à des contraintes ou aux attentes des clients, maîtrise de la qualité, certification, dématérialisation etc… 

Quels sont vos prochains projets tournés vers la RSE ? 

De la sensibilisation, de la formation, des outils…. Plusieurs projets sont en préparation : 
– Une campagne d’information sur un outil, le kit enviro-compta qui permettra à l’expert-comptable de faire un état avec son client de sa performance RSE.
– Une série de conférences sur le thème « Reporting RSE, article 225 Loi Grenelle II et sa vérification »
– Un colloque sur le mécénat d’entreprise
– Une forte implication dans les projets RSE de nos partenaires institutionnels.

Vous serez au 10ème anniversaire des trophées RSE PACA , le 20 novembre, pour créer une passerelle avec la 15èmeéditions des trophées RSE national de la profession comptable…..

En effet, nous sommes partenaires depuis plusieurs années des trophées RSE PACA, et cela va exactement dans le sens de ce que nous faisons depuis plusieurs années sur le territoire France, à savoir mettre en avant des entreprises particulièrement exemplaires sur le plan de la RSE, c’est pourquoi nous avons décidé de sélectionner d’office tous les dossiers lauréats des trophées RSE PACA pour qu’ils participent aux trophées RSE de de la profession comptable qui se dérouleront à Paris en début d’année 2015.