ROBERT MAURY : 

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PROVENCE PROMOTION

 

 

 

 

 

 

Le 02/11/2010

Robert Maury, vous êtes Directeur Général de Provence Promotion (promouvoir le département des Bouches du Rhône et rechercher des investisseurs, créateurs d’emplois et de valeur ajoutée) vous nous faites part de vos chiffres et vos réussites, vous nous expliquez les cibles que vous cherchez à attirer sur notre territoire, les arguments tenus pour les faire venir et pourquoi le développement durable et la RSE sont des atouts attractifs pour un territoire…. 

 

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Quelles sont l’activité et les résultats de Provence Promotion ?

Provence Promotion a pour mission de fédérer les énergies autour de la promotion du département et de la recherche d’investisseurs, créateurs d’emplois et de valeur ajoutée. Ainsi l’agence de développement économique prospecte l’Europe, l’Amérique du Nord, et l’Asie dans le cadre de nombreuses missions. 

Parmi les services proposés nous avons créé « le home sweet home » et le « Go Beetween ».

Le Home sweet home consiste à faire revenir nos chercheurs et experts partis dans d’autres pays que le nôtre. M. Jacques Suquet en est un exemple avec sa start up, « Supersonic Imagerie » spécialisée dans la fabrication et la conception de nouveaux types de scanners pour le cancer du sein. 

Le Go Beetween est un service qui permet de trouver les compétences ailleurs, qui pourrait non seulement reprendre des entreprises régionales mais en même temps y ajouter le développement de son savoir-faire. Pour cela nous avons constitué un groupe de travail d’experts qui nous font remonter les compétences dont nous avons besoin pour ce type de projet et où les chercher.
Weichan (Chine) en est la parfaite illustration, non seulement elle a racheté les moteurs Baudoin mais elle y a aussi développé un centre de recherche et de développement sur le site. 

Nous créons chaque année en moyenne 60 projets d’implantations et 2000 emplois directs. Depuis 2008, le nombre de projets est à peu près à l’identique, seul le nombre d’emplois créés est en baisse ; pour le moment, en 2010, nous en sommes à 1000 emplois créés.

Parmi de grandes entreprises que nous avons fait venir, il y a IKEA à Fos (400 emplois), Expedia (100 emplois), Logistic Katone-Natie (300 emplois).

Nous comptions avant entre 15 et 20% des projets en provenance de l‘étranger, aujourd’hui nous progressons plutôt entre 35 et 38%. Parmi les 10 investisseurs étrangers recensés, les Etats Unis occupent de loin la première place avec 10% des projets et 15% des emplois, suivis par l’Allemagne avec 4% des projets et 5 % des emplois.

Nous avons dernièrement été classés par la communauté Européenne au 20ème rang sur 34 villes pour notre aptitude à accueillir les personnes qui créent leur entreprise. Auparavant nous ne figurions même pas dans ce genre de classement ! 

Et en 2009, nous avons été la deuxième région de France captatrice d’investissements internationaux pour la création d’entreprises sachant que le taux d’échec d’entreprises étrangères implantées sur notre territoire est plus faible que le taux d’arrêt des entreprises créées en France.

Quelles sont les entreprises que vous cherchez à attirer sur notre département ?

Nous ciblons des entreprises qui pourront être pérennes pour l’emploi de notre région. Nous n’avons pas beaucoup d’espace disponible pour attirer des entreprises, mais nous avons tout de même des bureaux et des locaux techniques capables d’intéresser particulièrement des laboratoires de haut niveau, des starts up.
Nous sommes intéressés par toutes les entreprises qui souhaitent venir dans notre région, mais si nous devions en choisir que quelques unes, nous chercherions à attirer plutôt des starts up qui ont une forte R&D. En effet, nous constatons que beaucoup d’européens ont démarré leur projet en dehors du continent. Ce sont des entreprises mûres en pleine croissance et nous cherchons à les faire revenir en Europe et surtout sur notre département.

Nous cherchons à attirer des sièges d’entreprises qui ont une activité représentative de l’expertise de notre Région comme dans le secteur de l’eau (avec le forum de l’eau en 2012), l’énergie, la santé (nous comptons dans nos rangs régionaux plusieurs équipes de rang mondiaux…), l’aéronautique, et les TIC ( entreprises liées au techniques d’information et de communication). Nous avons l’espoir de réussir à en faire venir quelques unes qui sont concentrées à Paris, près de la Défense.
Jouer sur le fait d’avoir déjà des entreprises du secteur implantées sur notre territoire permet de rassurer d’autres entreprises qui souhaiteraient les rejoindre. Elles savent qu’elles trouveront de l’expertise et des compétences. C’est la carte qu’a joué Hambourg en misant sur le fait d’attirer des entreprises de logistique ; elles sont aujourd’hui plus de 400.

Une forte délégation régionale, dont vous faites partie, s’est rendue à Shanghaï, quels sont vos arguments pour attirer des entreprises à venir chez nous, entre autres les chinoises ?

Quand nous nous retrouvons à l’étranger, on ne peut pas faire passer de multiples messages. Rien ne vaut d’ailleurs l’exemplarité. C’est pourquoi dans notre délégation nous comptons des chefs d’entreprise, comme M. Weichan, qui expliquera mieux que quiconque à ses homologues l’intérêt de venir sur notre département.

Par ailleurs, la France a impulsé l’Union pour la Méditerranée offrant à Marseille d’en être la porte pour la France, mais pour cela nous devons avoir une vision claire des objectifs que nous nous fixons. 

Par exemple, au niveau de l’aéroport de Marseille qui se développe tous les jours, mais où la concurrence est très forte, avec par exemple Munich qui a garanti au départ de son projet, une trentaine de vols intercontinentaux ; cela a rassuré les sièges qui ont fait le choix de se délocaliser, trouvant que le projet exposé était sérieux et encourageant. Aujourd’hui cette ville en compte 47.

Nous offrons aux entreprises potentielles une zone de chalandise, prometteuse de clients. Plus les pays d’Afrique, du Maghreb, se développent comme c’est le cas avec l’Algérie qui est en pleine croissance, plus notre offre de chalandise est importante et susceptible de faire venir de plus en plus d’entreprises. 

Le tourisme et la logistique est une force de notre région, et nous souhaitons faire du port de Marseille, une base arrière de grandes compagnies maritimes comme Cosco, l’une des plus grandes entreprises maritimes chinoises qui a choisi le Pirée comme porte vers l’Europe.

Quel modèle de développement souhaitez vous, sachant que nous sommes une des régions avec la plus grande superficie d’espace protégé ?

Premier constat, des entreprises japonaises spécialisées dans la cosmétique, comme Shiseido, se sont installées dans le jardin de la France, en Val de Loire, connu pour ses châteaux et ses espaces verts, pensant que le lieu d’implantation reflétait l’image recherchée par ses consommateurs japonais. 

Nous sommes une région où nous avons la plus grande superficie d’espace protégé avec des lieux classés et des parcs régionaux. Nous avons donc tous les atouts pour faire venir ce genre d’entreprise, et nous devons communiquer sur notre environnement propice à une qualité de vie exceptionnelle.

Enfin nous devons jouer sur notre histoire qui a fait de notre ville une cité cosmopolite, représentative d’un nombre très important de communautés diverses qui savent vivre ensemble. 

Quel est votre sentiment sur la RSE, est-ce un argument pour faire venir des entreprises ?

Comment imaginer attirer des entreprises de haute valeur ajoutée sans ce volet-là ? 

Le tropisme ambiant pousse les entreprises à aller vers le Sud, au soleil, et pourtant un pays comme la Suède, par exemple, a réussi à faire venir des créateurs, des experts, grâce à la force de son imagination et à son concept axé sur la RSE (l’éco habitat, la récupération des eaux, le traitement des déchets, sa qualité de vie sans pollution, son climat social incluant tout type de populations et d’égalité entre les hommes et les femmes, etc …) ; et en plus il ajoute «Chez nous aussi il fait beau» !

Notre région doit faire du développement durable et de la RSE un atout pour donner envie aux entreprises de venir en Provence-Alpes-Côte d’Azur.