RAOUL HADOU :
PRÉSIDENT DE LA COMMISSION TOURISME
Le 06/11/2012
Raoul HADOU, vous êtes Président de la Commission Tourisme du Conseil Economique Social et Environnemental PACA et vous avez été saisi par le Président du CR Michel Vauzelle, sur les enjeux de la gestion institutionnelle de l’e-Tourisme et sur la stratégie régionale à mettre en œuvre pour renforcer la compétitivité des destinations touristiques sur l’ensemble du territoire régional…….

Qu’est ce que représente l’e-tourisme ?
Le tourisme contribue à hauteur de 11 % du PIB régional. La consommation touristique s’évalue à plus de 10 Md€. Le tourisme représente plus de 25 000 entreprises et 7 % l’emploi total, dont 148 000 emplois directs et 200 000 emplois induits. De surcroît, ces emplois ne sont pas délocalisables. L’économie touristique est une richesse pour notre région qui dispose, comme vous le savez tous, de nombreux atouts.
Un milliard d’euros est investi annuellement par les opérateurs touristiques en région ; pour les dépenses touristiques, c’est environ une quinzaine de milliards d’euros dépensés par la trentaine de millions de touristes qui viennent nous visiter chaque année ; en termes d’emplois, ce sont 150 000 emplois en région, c’est le secteur qui a créé le plus d’emplois au cours des 20 dernières années ; enfin, en termes d’investissements, on a là un vrai moteur de notre économie
L’e-Tourisme ou plus globalement le tourisme numérique correspond à l’ensemble des activités du tourisme utilisant Internet et autres Technologies de l’information et de la communication pour organiser un voyage. Il représente un des secteurs leader sur Internet et l’ampleur de son poids économique se traduit en France par un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros en 2009
Le web est la 1ère source d’information pour préparer un voyage. Il concerne 2 milliards d’internautes dans le monde en 2010, soit 1 personne sur 3. Les français sont à la pointe en matière de réservation de voyages sur internet, avec 80 % des internautes qui utilisent ce média pour organiser leur séjour et 21 millions de français sont des mobinautes.
Quel était l’objet de la saisine ?
Vu ce que représente l’e-tourisme pour notre région, elle doit s’adapter plus qu’une autre aux évolutions de l’économie et des outils numériques. C’est dans ce sens, que le Conseil Economique Social et Environnemental Régional (CESER) a été saisi en date du 23 juin 2011 sur les enjeux de la gestion institutionnelle de l’e-Tourisme et sur la stratégie régionale à mettre en œuvre pour renforcer la compétitivité des destinations touristiques sur l’ensemble du territoire régional.
Au cours de vos différents travaux, quels constats faites vous ?
L’e-Tourisme constitue un outil stratégique d’information au service du développement touristique des territoires, un levier d’innovation et un facteur d’attractivité et donc de compétitivité pour les entreprises du secteur.
Selon l’enquête régionale de clientèles menée par le Comité Régional de Tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d’Azur, internet est également l’outil n°1 pour s’informer et réserver en région avec un taux d’utilisateurs qui varie entre 60 et 80 %.
Une question posée en juin dernier :
« utiliserez-vous Internet pour préparer vos vacances d’été ? » Voici les réponses :
- Oui, pour comparer les prix, 37 %.
- Oui, pour se renseigner sur la destination, les trajets, les lieux, les bons plans, 35,7 %.
- Oui, pour visualiser les lieux de vacances, 32,8 %.
- Oui, pour acheter des billets.
- Oui, pour choisir une destination.
- Oui, pour louer une résidence, une maison, un appartement, etc.
Autrement dit, vous voyez que seulement 17 % de la population ayant l’intention de partir en vacances cet été ne comptent pas utiliser Internet. Cela signifie que 83 % comptent l’utiliser, ce qui est absolument considérable.
Néanmoins, le CESER a relevé un certain nombre d’enjeux et constaté des difficultés avec de fortes disparités territoriales qui freinent le développement du tourisme numérique en particulier dans les zones du haut et moyen pays :
Des enjeux d’aménagement du territoire avec un accès insuffisant à la GSM et une couverture numérique hétérogène avec de nombreuses zones grises dont 30 % dans le 04 et le 05 ainsi que la persistance de zones blanches, Dans notre région, l’inéligibilité ADSL touche aujourd’hui de l’ordre de 1,5 à 1,7 % de la population. Les zones grises, celles où il n’y a qu’un seul opérateur, représentent entre 15 et 18 %, c’est-à-dire au total de l’ordre de 600 000 foyers.
- Des enjeux de professionnalisation démontrant une maitrise insuffisante des outils numériques et des besoins de formation,
• Des enjeux financiers et humains qui témoignent de l’importance d’aider et d’accompagner les professionnels, en particulier les petites structures, pour s’équiper et mettre en œuvre leur stratégie
internet afin d’être présent sur la toile et d’investir les réseaux sociaux.
Enfin, des difficultés d’ordre organisationnel, liées à la gestion institutionnelle de l’offre touristique sur le territoire régional, comme l’absence de base de données d’information commune, le manque de coordination et de coopération entre les acteurs institutionnels du secteur, voire même des oppositions, qui ont pour conséquence une remontée et un partage insuffisants des informations au détriment de la visibilité de l’offre et des attentes des professionnels et des touristes.
Quelles sont vos propositions ?
Au vu des enjeux et du constat précédent, la Région en fédérant l’ensemble des acteurs institutionnels du secteur, doit accompagner l’évolution du tourisme numérique sur l’ensemble du territoire régional, afin de contribuer à l’attractivité des destinations touristiques et au développement des territoires de manière à renforcer la compétitivité du tourisme et plus encore dans le haut et moyen pays pour lesquels ce secteur constitue un enjeu crucial.
En effet, Le développement du tourisme numérique peut favoriser à partir d’une offre touristique de qualité à :
• L’amélioration de la lisibilité et la valorisation de l’offre ainsi que la diffusion de l’information afin d’attirer de nouvelles clientèles et de rééquilibrer la fréquentation des territoires en vue d’une régulation des flux dans une logique de développement durable,
• La captation de nouveaux marchés pour faire face à une concurrence de plus en plus forte et conforter la place du tourisme dans l’économie régionale et aux niveaux national et international,
• L’animation de réseaux de partenaires et le développement de mutualisations dans un souci d’efficience et au moindre coût,
• Le renforcement de la compétitivité des entreprises touristiques grâce au levier d’innovation que constitue le numérique,
• L’adaptation et la modernisation des offices du tourisme notamment en termes d’accueil pour mieux répondre aux exigences de la clientèle touristique actuelle en quête
d’autonomie, de mobilité, de refus des contraintes, de séjour sur mesure et de souplesse.
Ainsi, dans nos sociétés, on est passé d’un simple besoin d’information qui consiste à mettre en relation un événement avec les hommes, un besoin de communication qui est un échange entre les hommes, à maintenant un besoin de télécommunication en abolissant la contrainte de l’espace.
Il est clair que l’économie numérique et l’Internet, un peu comme au moment de l’apparition de l’électricité, ont amené à concevoir, à adopter de nouvelles formes d’organisation et de coordination économique, à créer comme on dit aujourd’hui de nouveaux modèles.
Aussi, le CESER estime que le développement du tourisme numérique en région requiert un certain nombre de conditions qui favorisent l’environnement numérique et la mise en œuvre d’une stratégie régionale de référencement et de positionnement de l’offre.