PHILIPPE BRUN :
DIRECTEUR DE LA PERFORMANCE INDUSTRIELLE, COORDINATEUR DES USINES STMICROELECTRONICS MONDE
Le 15/02/2011
Philippe Brun, vous venez d’être nommé Directeur de la performance industrielle, Coordinateur des usines STMicroelectronics Monde et vous interviendrez le 31 mars 2011 au Parc Chanot. Vous nous direz en quoi l’innovation sociale est importante pour une activité cyclique comme la vôtre et quelles sont les transformations de l’industrie vers d’autres logiques sociales et environnementales… En tant que Président de l’UIMM 13-04, vous nous ferez un point sur l’activité industrielle de notre département, sur les actions que vous menez, et comment concilier augmentation de la productivité et bien être au travail ?

Quelle est votre mission et celle de l’Ademe ?
L’innovation est le cœur de votre industrie mais pas que technologique, elle est aussi sociale, expliquez-nous ?
STMicroelectronics, ce sont 51000 employés dans le monde et 2850 sur le site de Rousset. Entre 2009 et 2010, nous avons eu 50% de réduction d’activités. En 2010, non seulement nous avons rattrapé notre retard mais le marché a cru de 25% et si nous nous en sommes sortis de cette façon c’est parce que nous n’avons jamais arrêté d’innover, à la fois dans le domaine technologique (nous sommes rentrés dans l’ère des nanomètres) mais aussi dans le domaine social. En effet, l’innovation technologique génère de la complexité supplémentaire et elle ne peut être bien conduite que s’il y a une réponse organisationnelle permettant aux gens d’être plus réactifs, plus efficaces.Notre activité est cyclique, c’est pourquoi nous faisons de l’innovation sociale, organisationnelle et managériale, un axe central et de première importance pour des équipes qui sont dans un environnement très variable avec des changements brusques soumis à l’évolution du produit. Cela est possible en raccourcissant les boucles de décisions, en rapprochant les acteurs des problèmes. Lors de votre plénière je vous expliquerai les programmes que nous avons mis en place pour motiver notre personnel et le travail d’équipe permettant à la fois de concilier les objectifs de chacun dans une vision commune.
En tant que président de l’UIMM 13-04 (Union Industrielle Métallurgie Minière), dites-nous comment se porte l’activité industrielle ?
L’industrie est principalement composée de la chimie, de l’énergie, du pétrole et de la métallurgie. Sur les Bouches-du-Rhône, l’effectif industriel représente 75 000 emplois salariés privés soit 15% de la valeur ajoutée du département et 3 milliards d’euros de salaires versés. Il faut compter 54 400 emplois dans les services associés à l’industrie. Cela fait au total 130 000 emplois qui dépendent du secteur industriel (24% de l’emploi salarié privé et 17% de l’emploi total des Bouches-du-Rhône). En outre, ce département concentre la moitié des effectifs industriels régionaux.
La force de notre territoire c’est la diversité des industries permettant d’équilibrer l’activité. Certaines ont des cycles plus ou moins longs. C’est pourquoi, en 2009, l’activité du département a bien résisté à la crise mondiale. Par exemple, quand l’activité de l’aéronautique baissait, celle de l’électronique augmentait…
Quels sont vos actions principales ?
La clé du développement industriel est la technologie et l’innovation. Notre travail est de favoriser tout ce qui peut générer de l’innovation. Il faut pour cela rapprocher les acteurs entre eux (pôles de compétitivité, universités, entreprises, etc.)
Ensuite nous voulons donner envie aux jeunes de travailler dans l’industrie, nous multiplions nos actions avec le monde de l’Education Nationale. Il manque de la main d’œuvre qualifiée.
Enfin, nous nous mobilisons pour créer de meilleures infrastructures : notre département souffre du peu d’axes autoroutiers, du manque de transports en commun, de zones industrielles qui ne sont pas au niveau environnemental, etc…
Quel est pour vous l’enjeu de demain pour l’industrie ?
Baisser les coûts de productivité tout en l’augmentant.
Comment allier la course à la productivité et la pression exercée sur les hommes pour l’atteindre ?
Productivité et satisfaction de l’homme ne sont absolument pas antinomiques. La productivité c’est la capacité « de faire plus avec moins d’effort », à l’aide de technologies qui rendent les tâches moins pénibles. Par conséquent, elle permet à l’homme de se concentrer sur des tâches plus intéressantes et elle participe à son développement personnel.