PHILIPPE BEL : 

DIRECTEUR DE PÔLE EMPLOI SUR PACA

 

 

 

 

 

 

Le 16/01/2012

Philippe Bel, vous êtes directeur de Pôle emploi Paca, vous serez présent, à nouveau, le 23 février prochain, aux rendez-vous régionaux de la RSE et de ses innovations. Dans cet ITV vous revenez sur la situation de l’emploi en Paca, les mesures phares que vous avez mises en place pour lutter contre le chômage, celles mises en place pour gérer le stress de vos salariés alors que le chômage augmente et la politique RSE continue à se développer au sein de Pôle emploi Paca ?

 

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Philippe Bel, vous êtes directeur régional ad intérim de Pôle emploi Paca depuis octobre 2011. Un mot sur votre parcours et quelques chiffres ? 

Après cinq années au poste de directeur régional adjoint de l’ANPE Paca, j’ai occupé successivement au sein de la direction générale de l’ANPE puis de Pôle emploi les fonctions de directeur de la stratégie dans le cadre de la fusion ANPE/Assedic puis directeur du pilotage et de l’organisation du réseau. J’ai ensuite été nommé Directeur du réseau en Paca et depuis le 10 octobre 2011 et assure actuellement l’intérim de Directeur régional de Pôle emploi Paca.

Quelle est la situation de l’emploi sur notre région ? 

Les effets de la crise sur l’emploi salarié se sont estompés mais ne permettent pas une amélioration du marché du travail :

Malgré une stagnation au niveau national au cours du troisième trimestre 2011, l’emploi affilié à l’assurance chômage en Paca poursuit son rebond au cours de ce trimestre avec une reprise de sa croissance (+0,3% estimé contre une stagnation au national). Sur un an, la progression de l’emploi en région Paca se confirme avec +1,5% pour la région contre +0,9% au national.L’industrie connaît une cinquième hausse consécutive de son niveau d’emploi salarié. La construction stagne et le tertiaire reste dynamique avec une neuvième hausse consécutive, il explique presque à lui seul la croissance du nombre de salariés.Toutefois, l’emploi intérimaire, comptabilisé dans les activités de services, semble avoir atteint un palier : en recul depuis deux trimestres, son évolution annuelle devient négative à partir du troisième trimestre 2011.Il est à noter une augmentation globale du nombre d’offres déposées en Paca au cours des onze premiers mois de 2011 (+7,2%) notamment au sein des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes.La situation de reprise s’observe notamment au travers des types de contrat des offres d’emploi déposées au cours des onze premiers mois de l’année 2011. Avec une progression de tous les types de contrat, les missions d’intérim ont la plus forte augmentation entre 2010 et 2011 (+20,5%) 

Compte tenu des caractéristiques économiques propres à la région, cette reprise de l’emploi s’oriente davantage vers des métiers porteurs au sein de l’hôtellerie restauration, l‘agriculture, les services aux particuliers, la santé ou la vente.

Concernant la demande d’emploi, les jeunes et les seniors constituent des publics prioritaires. Après une période de ralentissement, l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi se poursuit sur l’ensemble des départements de la région ; le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence étant les départements les plus impactés. La demande d’emploi des chômeurs de longue durée continue d’augmenter. On constate également une augmentation significative du nombre de femmes en recherche d’emploi. Chez les jeunes, après une phase de stabilisation en 2010 et une légère décrue début 2011, le nombre de demandeurs continue à progresser (+4,7%). Le chômage des seniors, quant à lui à un rythme élevé (+18,6% en un an à fin novembre 2011 en catégorie A et +17,8% en catégories A, B, C). 

Le chômage poursuit sa progression : Le taux de chômage régional reste élevé et s’établit au troisième trimestre 2011 à 11%. Il progresse par rapport au trimestre précédent (+0,1 point), mais se dégrade moins que le niveau national (+0,2 point sur la même période). Tous les départements de la région subissent une augmentation annuelle du taux de chômage. 

Quelle est la mesure phare pour lutter contre le chômage ? 

Tout est utile pour lutter contre le chômage. Nous devons conduire simultanément un ensemble d’actions dans les champs du développement économique, de l’accompagnement et de la formation des demandeurs d’emploi, de la mise en relation demandeurs d’emploi/employeurs, de la lutte contre la sélectivité du marché du travail, … 

Sans souci d’exhaustivité, quelques illustrations :

1- Une intervention au plus près du territoire : la région est composée de territoires très diversifiés sur le plan du dynamisme économique et de la situation du marché du travail. C’est à ce niveau qu’il faut intervenir. Le préfet de région a décidé de mettre en place Initiative Emploi Formation dans dix-huit bassins de la région. Réunissant, sur la base d’un diagnostic partagé de la situation, l’ensemble des partenaires, ce dispositif a permis la mise en œuvre d’actions variées : job-dating, mise en place de club de recherche d’emploi pour les demandeurs d’emploi les plus en difficulté (clubs ZUS, clubs ambition pour les jeunes), opérations de développement économique, formation des saisonniers… 

2- La formation comme outil indispensable : en complémentarité avec l’offre de formation du Conseil Régional, Pôle emploi a acheté en 2011 pour plus de 25 millions d’euros de formation, centrées sur le retour rapide à l’emploi et l’adaptation au poste de travail. Ce sont près de 12 000 demandeurs qui en ont bénéficié.

3- Proposer des emplois aidés : en 2011, en Paca, nous aurons proposé plus de 36 000 contrats aidés aux demandeurs d’emploi et aux employeurs des secteurs marchand et non-marchand. Ces contrats bénéficient en priorité aux demandeurs d’emploi les plus éloignés de l’emploi.

4- Garantir un revenu pendant la recherche d’emploi : Pôle emploi a versé dans la région en 2011 plus de 2,4 milliards d’euros d’allocations aux demandeurs d’emploi.

Comment gérer le stress de vos salariés face à l’augmentation du nombre de chômeurs ?

Sur cette question, je crois que la première chose à dire est que le travail des conseillers de Pôle emploi est très difficile. En 2011, ils ont reçu physiquement plus de deux millions de personnes dans la région, ils ont répondu à plus de deux millions d’appels téléphoniques et ont permis le versement de 2,4 milliards d’euros d’allocations. En cette période de forte montée du chômage, ils exercent tous leur métier avec beaucoup d’empathie, de pédagogie et un grand professionnalisme. Il n’en reste pas moins, que tous les jours, au contact de personnes qui sont dans une situation difficile et qui parfois ont un peu de mal à comprendre ou à admettre des règles qui leur paraissent opaques, la probabilité de vivre des situations de stress augmente tant pour le management local que pour les conseillers. 
Il ne faut pas nier cette réalité. Nous avons, même si le risque zéro n’existe pas, des moyens pour y faire face :
– Premièrement, poursuivre une politique systématique d’amélioration des services que nous rendons. A titre d’illustration concrète, si nous proposons un service de renseignement téléphonique, il faut que nous nous organisions pour d’abord répondre et ensuite donner des réponses de qualité. Cela permet d’éviter que le demandeur d’emploi qui n’arrive pas à nous joindre se rende à l’agence avec un a priori négatif. Cela peut apparaitre comme un truisme mais nous avons, avec l’ensemble du management, beaucoup travaillé sur cette question. Aujourd’hui, grâce à notre niveau de performance et à la qualité des réponses apportées, nous avons fortement diminué le nombre de demandeurs qui devaient nous appeler à plusieurs reprises pour nous joindre.De la même manière, nous sommes très attentifs au volume des dossiers qu’il nous reste à traiter. Un dossier non traité, c’est un risque de paiement en retard et probablement d’incident à l’accueil. 

– Deuxièmement, rechercher une amélioration continue des conditions de travail des salariés et particulièrement de ceux qui sont au contact des demandeurs d’emploi et des employeurs. De ce point de vue, nous mettons en place des actions préventives qui portent sur la fixation claire des priorités puisque tout n’est pas réalisable dans une période de forte augmentation du chômage, la formation des salariés, la sensibilisation du management, l’organisation du travail, l’aménagement des lieux de travail, l’adaptation de l’ergonomie du mobilier… Je l’ai dit, le risque zéro n’existe pas et nous disposons de dispositifs qui permettent de gérer notamment les incivilités et les agressions et donnent à nos salariés qui le souhaitent la possibilité de bénéficier d’une assistance psychologique. 

Qu’en est-il, aujourd’hui, de l’engagement RSE de Pôle emploi Paca ?

En 2011, pour intégrer dans notre champ de responsabilité les préoccupations d’ordre social, environnemental et sociétal, des actions concrètes ont été réalisées sur ces 3 volets avec un fil conducteur : « Aller au-delà de nos missions classiques, dans notre cœur de métier, et au-delà de nos obligations légales et conventionnelles ». Nous poursuivons cette démarche fédératrice qui s’inscrit aussi dans les priorités nationales de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) avec la Convention Pôle emploi/MEDDTL.

SOCIAL 

Nous avons déjà décrit nos actions pour réduire le stress, qui entrent dans une politique RH globale plus qualitative en termes :

  • de dialogue social, 
  • de politique diversité (accord seniors décliné avec des « entretiens deuxième partie de carrière » réalisés, 6 % d’emploi de travailleurs handicapés accompagnés par des correspondants RH dédiés, lutte contre la précarité par l’accompagnement des CDD et contrats aidés pour favoriser leur retour à l’emploi durable, …), 
  • d’égalité professionnelle hommes/femmes.

SOCIETAL

En interne :
– des actions pour décliner l’ « engagement citoyen » de Pôle emploi Paca, comme la collecte de bouchons sur l’ensemble des agences – en soutien à l’association « Bouchons d’Amour » œuvrant pour l’équipement de personnes handicapées- lancée symboliquement lors de la semaine du développement durable ;
– une politique Achats et Immobilier intégrant des critères RSE (conditions de travail, tri, recyclage des déchets, usage de produits non polluants…) dans le cahier des charges des appels d’offres pour tous les nouveaux marchés (contrats multi techniques, contrats de nettoyage, appels d’offre pour travaux…).

Pour nos publics : 

* Mettre l’accent sur l’accompagnement dans l’insertion durable des plus vulnérables, en développant les initiatives telles que les clubs Ambition (12 clubs créés en 2011 pour renforcer l’accompagnement vers l’emploi de jeunes issus des ZUS sur les Bouches-du-Rhône et le Var en faisant connaître notre offre de service pour accompagner la lutte contre les discriminations et promouvoir la diversité auprès des entreprises (développer l’utilisation de la Méthode de Recrutement par Simulation, notamment avec les signataires de la Charte Diversité, améliorer l’insertion des travailleurs handicapés, lutter contre l’illétrisme…).

* Mobiliser nos partenaires sur les enjeux RSE pour contribuer à une GPEC territoriale avec les Collectivités territoriales, les branches, les entreprises, 
– en intégrant notamment des clauses d’insertion dans les conventions régionales, 
– en accompagnant, en amont, les projets économiques pour adapter notre offre de service aux spécificités des territoires et faciliter l’insertion sur des métiers recruteurs localement.

* Continuer notre plan d’action régional sur les « emplois de l’économie verte » via des actions concrètes et novatrices telles que les ateliers d’orientation des demandeurs d’emploi sur les métiers porteurs dans ces filières vertes (expérimentation Eau, Air, Déchets, Assainissement menée sur Saint-Raphaël…), augmenter le volume de nos formations vertes ou « verdissantes » (8 % en 2010 et 2011), participer activement aux forums et manifestations sur le territoire pour informer sur les métiers (Semaine régionale des métiers du développement durable…), apporter notre expertise sur le marché du travail avec notre étude régionale « emplois de l’économie verte », construire des partenariats avec des organismes experts, avec les fédérations (FEDEREC…), pour adapter notre offre de service ;

Et poursuivre notre contribution au projet national Economie Verte et à la coopération des services publics de l’emploi franco-suédois sur l’accompagnement du développement des « Filières Vertes » 

ENVIRONNEMENTAL

Une certification Iso 14001 renouvelée fin 2011 pour développer notre démarche environnementale et l’étendre à l’ensemble de Pôle emploi Paca en lien avec les enjeux de la Stratégie Nationale de développement durable :
– un plan d’action « déchets » avec un dispositif de collecte, de tri et recyclage des déchets (dont le papier) mis en place progressivement sur tout le territoire, en s’appuyant dans certains territoires sur des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire ;
– l’organisation de la collecte de consommables informatiques, téléphones portables, piles et bouchons ;
– une sensibilisation permanente des collaborateurs aux éco gestes (notamment lors de la semaine du développement durable) pour renforcer les comportements éco responsables et faire le lien avec l’Economie Verte induite.

Un plan de déplacements entreprise (PDE) pour réduire l’empreinte carbone de Pôle emploi Paca, en associant les IRP, et en partenariat avec les collectivités territoriales et les opérateurs de transports publics :  
– Suite à la réalisation d’un bilan carbone 2 années consécutives et après diagnostic des habitudes de déplacements de ses collaborateurs, Pôle emploi Paca (dont les déplacements représentent 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre), a lancé son Plan de déplacement entreprises EcoMobile qui concerne le personnel en interne ainsi que le public demandeur d’emploi. EcoMobile a permis d’identifier 44 actions à mener. Par exemple l’expérimentation prochaine, pendant 3 mois, de 4 voitures électriques sur Marseille, ainsi qu’une mise à disposition sur internet et dans les agences de Marseille, grâce à un partenariat avec la RTM, d’informations sur les lignes de transport en commun desservant les sites Pôle emploi et les tarifs préférentiels pour les demandeurs d’emploi.D’autres actions sont en cours pour réduire les déplacements : le développement de la visioconférence, une plate-forme de covoiturage et le développement des visio-guichets sur les territoires.