LAURENT PAEZ :
FORMATEUR EN GESTION DES RISQUES ROUTIERS
Le 27/05/2011
Laurent PAEZ, vous êtes formateur en gestion des risques routiers; animateur des stages de sensibilisation aux causes et conséquences des accidents de la route; intervenant en entreprises sur la problématique des accidents de la route dans le cadre du travail; intervenant au sein de l’association ERRHA (Education Routière et respect du Handicap).

Vous nous faites part de la prise de conscience des entreprises sur les problèmes liés à la prévention des risques routiers qui comprend les problèmes liés à l’alcool, des obligations des chefs d’entreprise dans le cadre des risques routiers, et vous partagez 2 ou « exemples de bonnes pratiques à mettre en place dans une entreprise pour anticiper ce risque lié à la route et l’alcool…..
Quelles sont les obligations des chefs d’entreprise dans le cadre des risques routiers?
Le constat est simple, plus de 55% des accidents mortels du travail de salariés sont des accidents de la route, c’est la première cause de décés par accident au travail.
Quel que soit son statut et son secteur d’activité, chaque actif doit prendre conscience que le risque routier est un risque professionnel à part entière.
Concernant les obligations des chefs d’entreprise dans le cadre du risque routier, la situation reste préoccupante, car pour eux, la prévention du risque routier n’est pas une priorité, comme l’atteste un sondage réalisé par l’Ifop à la demande de la Sécurité routière, en avril 2006. 17 % des dirigeants interrogés ont déclarés avoir mis en place des actions de prévention. Soit moins d’un sur cinq.
Une sensibilisation insuffisante à relier à une mauvaise connaissance de la réglementation : seulement 45 % des dirigeants interrogés savent que la prévention du risque routier dans le cadre d’une mission (lorsque le salarié se déplace pour l’entreprise) est une obligation. Pourtant, « un décret paru en novembre 2001 impose à toute entreprise de rédiger un « document unique » d’analyse de tous les risques professionnels – dont le risque routier fait partie -, en listant les actions mises en place « .
Conséquence : en cas d’accident, le chef d’entreprise peut recevoir une amende pénale. Quant aux accidents qui surviennent lors des déplacements domicile-travail (il s’agit du « risque trajet »), ils sont, eux aussi, considérés comme des accidents du travail. Si, dans ce cas, le dirigeant n’a pas, selon la loi, de responsabilité directe en termes de prévention, « il doit cependant prendre en charge tous les frais occasionnés par un accident : c’est l’obligation de réparation stipulée par l’article L 411-2 du code de la Sécurité sociale »,
Ce qui mérite réflexion… Prendre en charge les frais d’un accident et l’absence d’un salarié a un coût d’autant plus lourd pour une petite entreprise. De plus, l’absence prolongée d’un employé suffit à mettre en péril toute son organisation. Le coût de cette accidentologie ne peut être évalué avec précision. Ce que l’on sait, c’est que ces accidents sont forcément graves. En effet, n’entrent dans les statistiques que les accidents qui entraînent des jours d’arrêt maladie, une incapacité permanente – qui peut aller d’un membre abîmé à la tétraplégie – ou même un décès. Selon la Cnam, les accidents routiers sont en moyenne deux fois plus graves que les autres accidents du travail.
La sensibilisation aux risques routiers doit passer par le dirigeant, car il a le pouvoir décisionnaire et dispose des moyens humains et financiers.
Il faut d’abord faire prendre conscience du risque, et pour cela communiquer, faire connaître et diffuser les bonnes pratiques, par exemple à travers les clubs d’entreprise. Il est impératif de réfléchir à une meilleure organisation des déplacements et du travail en général. L’exposition au risque routier découle, le plus souvent, d’une organisation du travail qui n’est pas forcément optimale.
L’entreprise doit, avant tout, faire son propre diagnostic : qui circule ? Pendant combien de temps ? Combien de kilomètres sont parcourus ?… Ensuite, elle peut désigner une personne parmi ses salariés et devenir une personne relais sur la prévention dans son entreprise, sur une partie de son temps de travail, et de mettre en place un plan d’action.
Cependant la prévention des risques en général au sein d’une entreprise ne doit pas être le «dictat» d’une seule personne. Ce doit être l’affaire de tous, et les rélexions et les actions à mener doivent être le résultat du travail d’un collectif.
Prévenir le risque routier dans une entreprise doit être étroitement lié à la culture d’entreprise et ce quelque soit le secteur d’activité.
Quel est le constat que vous fêtes sur la prise de conscience des entreprises sur les problèmes à la prévention des risques routiers qui comprend les problèmes liés à l’alcool?
La problématique de l’alcool au volant est une problématique avant tout nationale, car l’alcool intervient dans plus d’un accident mortel sur trois. Avec un accident du travail sur cinq en relation avec l’alcool et un absentéisme pour maladie de deux à cinq fois plus élevé chez les buveurs exessifs que dans la population générale, la consommation d’alcool et ses répercussions sur la santé demeurent l’une des préoccupations majeures des services de santé au travail.
En entreprise, le problème de l’alcool reste toujours préoccupant, car il est étroitement lié à la culture française.
Les images que renvoie la consommation d’alcool en entreprise sont toujours festives (pôts de départ, naissances, mariages….), et ses représentations sociales sont positives.
La culture d’entreprise, les tabous et les conditions du travail font perdurer cette tradition.
Cependant les entreprises prennent de plus en plus la mesure de ce phénomène, en mettant en place des actions de formations pour informer et pour prévenir ce risque.
Depuis 2002, l’employeur a pour obligation légale de prévenir et de protéger ses salariés des risques professionnels et des éventuelles addictions.
Sa responsabilité pénale et civile ont été renforcées et les sanctions aggravées.
Le chef d’entreprise a à sa disposition, différents moyens pour préserver la santé de son personnel via le règlement intérieur.
Avant que les habitudes ne changent réellement, la route sera longue.
C’est pour celà qu’avant de sanctionner ou avant d’être devant le fait accompli d’un accident grave lié à l’alcool, il faut former les salariés au risque alcool.
Lors de mes différentes interventions en entreprise, je remarque que bon nombre d’entreprises ont commencé à mettre en place des informations et des actions de formation pour les salariés.
En ce qui me concerne, je pense que la prise en compte de ce risque doit être l’affaire de tous, et que chacun des membres du collectif d’une entreprise doit se responsabiliser sur cette problématique.
Outre la législation spécifique de l’alcool au volant, ainsi que la perte de points et d’une forte amende; quel conducteur est capable réellement d’évaluer les risques qu’il prend pour lui, pour les autres, pour son entreprise ?….
Avez vous 2 ou 3 exemples de bonnes pratiques à mettre en place dans une entreprise pour anticiper ces risques liés à la route et l’alcool ou autres?
En terme de prévention des risques, il n’y a pas de bonnes pratiques sans une reflexion interne à l’entreprise.
Il y a des modèles, des concepts…
La bonne pratique est certainement celle qui est partagée par tous les membres de l’entreprise, du haut vers le bas, et du bas vers le haut.
Au lieu de chercher la recette miracle, il est préférable de chercher le sens de telle ou telle pratique.
Un réglement n’a de valeur que si il est partagé par tous et compris par tous.
Cependant, qui dit réglement, dit infractions au réglement et forcément, répression!!!
Je parlerai alors plus favorablemnt de prévention.
Les bonnes pratiques en ce qui concerne la préventions des risques en général dans une entreprise, seraient :
- Evaluer les risques.
- Former et sensibiliser les salariés aux risques professionnel.
- Former ses salariés au risque alcool.
- Travailler sur l’organisation du travail.
Ce quatrième exemple est peu être peu signifiant, mais nombres de catastrophes pourraient être évitées si cette question relevait d’un travail collectif.
Quelle est votre vision sur la polémique concernant les radars et ce qu’il faudrait faire mettre en place por diminuer le nombre de morts?
La polémique concernant le retrait des panneaux qui anoncent les radars?
En ce qui me concerne j’ai un avis trés tranché sur cette question.
Les conducteurs Français restent toujours sur la posture de la peur du gendarme, alors dés que l’on touche à des questions de procédures, on a l’impression qu’on leurs enlève de l’oxygène.
En ce qui concerne la prévention du risque routier chez les jeunes, je travaille sur la représentation sociale de l’accident mortel de la circulation.
Et surtout sur les conséquences physiques de l’accident de la route.
Pour une classe d’élèves de 6ème seulement 42% d’entre eux s’attachent toujours à l’avant comme à l’arrière. (sur 700 classes sensibilisées en 2010)
C’est peu, d’autant plus que le port de la ceinture à l’avant est obligatoire depuis 1973 et depuis 1992 à l’arrière.
Qui sont les parents de ces enfants là???
La prévention du risque routier est l’affaire de tous.
On n’oblige personne à commettre des infractions «c’est ce que je dit aux stagiaires des stages de récupération de points !!!»
Vous remarquerez que dans ma présentation je suis aussi un animateur de stages de sensibilisation aux causes et aux conséquences des accidents de la route.
C’est donc vraiment différent qu’un donneur de points.
La peur de gendarme est toujours là!!!!
Et la peur de la mort sur la route, on y pense????
En 2010
12 morts par jour dont 60% ne sont que des victimes.