EMMANUEL DELANNOY : 

DIRECTEUR DE L’INSTITUT INSPIRE

 

 

 

 

 

 

Le 08/03/2011

Emmanuel DELANNOY, vous êtes directeur de l’Institut INSPIRE, créé il y a trois ans à Marseille. Vous participez, pour la troisième année consécutive, au salon RSE PACA le 31 mars 2011. Vous nous dites ce que vous proposerez à nos visiteurs car vous co organisez l’atelier Biodiversité et animerez l’atelier eco conception. Vous nous dites aussi où vous en êtes aujourd’hui et quelles sont vos priorités d’action ?

 

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En trois ans, l’institut INSPIRE s’est développé et a constitué une équipe de 3 permanents basé à Marseille, et nos missions nous conduisent à intervenir sur l’ensemble du territoire national, voir plus largement dans les pays francophones comme en Belgique, en Suisse ou au Burkina Faso.
Nous comptons aujourd’hui près de 130 adhérents répartis sur ces territoires, dont des entreprises de tout type d’activité. Notre action se concentre toujours sur le même sujet, la réconciliation de l’économie avec la biodiversité, mais en diversifiant les approches et les leviers d’action. Nous avons commencé à tisser des réseau de partenariat avec des organismes scientifiques, comme l’IMEP (Institut Méditerranéen d’Ecologie et Paléoécologie) et le CEFE (Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive), pour contribuer au renforcement et à la diffusion des connaissances sur ces questions liées à la prise en compte des activités humaines dans la conservation de la biodiversité. Nous travaillons aussi beaucoup à la sensibilisation des entreprises, et à l’expérimentation de nouvelles démarches opérationnelles pour mieux intégrer la biodiversité dans leurs stratégies, leurs chaines d’approvisionnement ou la gestion de leur sites. A ce titre, deux partenariats viennent de démarrer cette année, l’un avec un centre de recherche sur l’énergie, basé en Allemagne, l’autre avec la Poste, et l’expérimentation aura d’ailleurs lieu en Région PACA. Nous cherchons aussi à nous ancrer plus profondément en Région PACA, avec un projet en cours de labellisation d’une nouvelle Réserve Naturelle Régionale dans le Var, incluant notamment, vous vous en doutez, un volet socio-économique et concertation avec les parties prenantes. Enfin, nous poursuivons notre action de sensibilisation et d’information du grand public, à travers des débats et rencontres, récemment par exemple avec Dominique Bourg, philosophe spécialisé des questions de démocratie écologique, venu à la rencontre des marseillais en décembre dernier, et prochainement, le 8 avril, avec une table ronde / débat sur la « solidarité écologique », ou comment créer un double effet positif : développer des activités nouvelles et de la prospérité à l’échelle d’un territoire, tout en préservant sa biodiversité et son patrimoine naturel. Ce débat réunira les meilleurs spécialistes scientifiques de la question, mais aussi des dirigeants d’entreprise et des syndicalistes, et sera ouvert à tous.

Vous participez, pour la troisième année consécutive, au salon RSE PACA le 31 mars 2011. Pouvez-vous nous dire ce que vous proposerez à nos visiteurs ?

Nous seront présent à travers un stand, ou nous invitons les visiteurs à notre rencontre pour des échanges libres et informel, et animerons deux ateliers. L’un sera sur le thème de la biodiversité, et permettra de faire le point sur les nouveautés qui concernent les entreprises depuis l’année de la biodiversité et la conférence internationale de Nagoya, par exemple sur les nouveaux outils ou indicateurs disponibles, et sur les nouveaux accords internationaux comme l’APA (Accès et Partage des Avantages) qui concerne directement les entreprises. L’autre atelier portera sur les différentes approches et mise en pratique de l’écoconception, dans une perspective d’augmentation radicale de la productivité des ressources naturelles. Dans chacun de ces ateliers, des experts et des praticiens pourront débattre avec les participants dans la salle et répondre à leurs questions. Comme l’année dernière, le public aura le choix entre poser ses questions de vive voix, ou par écrit en envoyant des SMS. Nous ferons en sorte que toutes les questions soient affichées, et ainsi visibles par tous, et traitées par les intervenants à la table ronde. Notre objectif est ainsi d’éviter ainsi la succession d’exposés magistraux pour aller vers des échanges plus spontanés, et plus en phase avec les attentes de participants.

Révolutions arabes, flambée des cours du pétrole, polémique sur les gaz de schiste, etc. : l’actualité semble s’emballer. Y-voyez vous des signaux d’alerte ou des raisons d’espérer ?

J’y vois surtout une raison supplémentaire de se mobiliser, et d’agir pour anticiper le plus en amont possible les transformations radicales qui se profilent, tant sur le plan énergétique, environnemental, social et même géopolitique. Contrairement à ce qu’on nous dit parfois, rien de ce qui se passe aujourd’hui en Afrique du Nord n’était imprévisible, et des signaux avant coureur étaient déjà perceptibles depuis plusieurs années. Plus que jamais, cette situation nous invite à repenser les liens qui unissent création de valeur, bien être humain, partage équitable, dans l’espace et dans le temps, des ressources naturelles et réinvestissement dans le capital écologique. Les concepts de biomimétisme, d’économie circulaire, d’économie de fonctionnalité et de recapitalisation écologique, que notre institut porte depuis sa création, prennent un sens très concret dans ce contexte, ouvrent des perspectives précises et opérationnelles aux entreprises et aux gestionnaires des territoires, et sont porteuses de sens et d’espoir pour les femmes et les hommes qui y travaillent.