CHRISTOPHE MASSE  

PRÉSIDENT DE 13 HABITAT 

 

 

 

 

 

 

Le 15/11/2011

Christophe Masse, vous êtes Président de 13 Habitat (Office public qui gère 33 000 logements sur les Bouches-du-Rhône, 400 millions d’euros de CA/an, 850 salariés), vous êtes Vice Président du CG 13 en charge de l’aménagement du territoire, enseignant à l’école de journalisme sur les institutions politiques, vous nous faites part dans cet ITW, des enjeux à prendre en compte pour aménager notre département. Vous nous dites en quoi les critères Développement Durable sont pris en compte dans votre production de logements, du taux de logements manquant pour pourvoir aux besoins de la population, de votre méthode pour faire adhérer les municipalités à vous céder du foncier et à moins le « ghettoïsé » et enfin de votre projet sur la prévention, la médiation et l’animation dans les cités….     

 

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Quelle est la spécificité de notre département des Bouches-du-Rhône ?

Notre département des Bouches-du-Rhône est aujourd’hui à la croisée des chemins avec des mutations industrielles à anticiper plutôt qu’à subir. L’exemple de la pétrochimie est alarmant, comment peut-on laisser ces pans de l’industrie sans stratégie nationale ? Comment laisser se reproduire des schémas comme ceux du déclin de la métallurgie sans en avoir tiré les conséquences ? Je plaide pour la création avec la Région, le département, les intercommunautés et la CCI d’un dispositif de veille économique et d’élaboration de stratégies régionales, puisque l’état semble totalement absent de ces débats.

Le Conseil Régional prépare le prochain Schéma Régional de l’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT), quels sont les nouveaux enjeux que vous voudriez voir pris en compte dans ce schéma et quels stratégies et moyens mettez vous en place pour le réaliser ? 

Dans le cadre de la préparation du SRADDT par la Région, le département va bien entendu s’inscrire pleinement dans le cadre de ses compétences et nous sommes en pleine consultation. 

Vous êtes un bailleur social qui gère plus de 33000 logements, quels sont les enjeux de la production de logements sur notre département ? 

La production de logements est un véritable enjeu aujourd’hui. Le système de rotation des logements sociaux dans le cadre du parcours traditionnel d’accession à la propriété ne peut plus se faire, le prix de la pierre et la flambée de l’immobilier ont bloqué tout dispositif de sortie du parc locatif social de ses locataires.
Les locataires restant dons plus longtemps dans leur appartement (pour ne pas dire définitivement), le parc HLM n’est donc plus le dispositif transitoire d’accès à la propriété mais un dispositif pérenne de logement. Il faut donc construire encore et toujours.

Avez-vous fait évoluer votre cahier des charges en y incluant des clauses sociales, environnementales et sociétales de manière plus importantes ? Rencontrez-vous des difficultés à trouver des prestataires capables d’y répondre ? 

Il est aussi capital de noter que, malgré les apparences, les nouvelles constructions de logements sociaux répondent à des exigences en matière de service et de qualité quasi exceptionnelles.
Nos réalisations, qui doivent d’abord être un exemple de qualité car nos locataires ont droit à cette qualité, sont donc maintenant largement impactées par toutes les mesures relatives aux économies d’énergie et au développement durable. Le label BBC (Bâtiment Basse Consommation) est un élément constitutif récurrent de nos programmes.
Nous demandons donc maintenant à nos prestataires de tenir compte de ces exigences comme de celles relatives au mieux vivre ensemble.

Comment faites-vous pour donner une image positive du « logement social » et y faire adhérer les différentes municipalités qui peinent à respecter les obligations légales ? 

L’image du logement social reste souvent galvaudée. Pourtant ce dispositif de logement est aujourd’hui indispensable pour essayer d’assurer un toit pour tous.
Des milliers de demandes de logements sont aujourd’hui inscrites dans nos circuits, les autres bailleurs sociaux du département en ont autant, que faut-il d’autre pour comprendre que le besoin d’un logement social peut demain se faire ressentir par n’importe qui d’entre nous.
De plus, les réalisations de 13 Habitat, tant en termes d’architecture, de réduction énergétique, d’harmonisation dans le contexte local, sont maintenant exemplaires.
Les tours et les barres n’existent plus, nos ensembles sont à taille humaine.
Cela beaucoup de Maire l’ont compris, d’autres ont encore des doutes, à nous de les persuader de réaliser des opérations. Ils n’auront pas à le regretter, j’en suis convaincu.

Quelles mesures prenez-vous pour que le logement social ne soit pas toujours concentré dans les mêmes zones urbaines et éviter la ghettoïsation ? 

Il est tout aussi indispensable de travailler sur l’équilibre des réalisations entre les différents territoires géographiques de notre département comme entre les différents arrondissements de Marseille.
Attention à ne pas laisser se développer et s’accentuer des formes de frontières sociales qui détruisent à long terme l’unité d’une ville ou d’une commune.

Enfin, vous voulez aller au-delà de votre rôle de bailleur social, en mettant en place un projet prévention, médiation, communication, expliquez-nous ?

Je fais de la sécurité un axe majeur de mon mandat de Président de 13 Habitat. 
Au travers du mot sécurité, je veux parler de la prévention, de l’animation et de la médiation dans nos cités car notre rôle n’est certainement pas de se substituer à la police ou la gendarmerie.
Je veux parler de notre capacité à porter un projet rassurant de « tranquillité publique ». En effet, nos enfants, nos anciens, sont souvent les premières victimes de cette délinquance au quotidien qui, pardonnez-moi l’expression, nous « pourrit la vie ». Je veux pouvoir intervenir dans ce domaine, avec des agents de tranquillité qui interviendront dans nos cités, devant nos écoles, nos locaux commerciaux et associatifs et apporteront, je pense, une forme d’équilibre.
Bien entendu, je ne me leurre pas, je n’ai pas de baguette magique et il n’est pas question de prétendre éradiquer la violence sous toutes ses formes dans nos cités, mais par contre, il nous serait reproché à juste titre de ne rien faire.