CHRISTOPHE CASTANER : 

Pourquoi un territoire est-il plus fort avec la RSE ?

Si les entreprises d’un territoire intègrent les principes de la RSE dans leur stratégie, cela veut dire qu’elles seront attentives aux questions relevant de la protection de l’environnement, du dialogue social, du dialogue avec les parties prenantes, à une meilleure intégration dans l’économie locale.

Tous ces éléments contribuent à l’amélioration de la qualité de vie dans une région, et plus les entreprises qui adoptent cette démarche et cette vision seront nombreuses, plus l’effet de levier jouera.

Lorsqu’une région offre une bonne qualité de vie, lorsque les filières sont dynamiques, avec un écosystème qui fonctionne bien, cela se traduit par des entreprises qui se développent et par des implantations de nouvelles entreprises. Et donc par des emplois.

Consacrée depuis quelques années dans les textes internationaux et européens, de plus en plus omniprésente sur le plan politique au niveau national, la Responsabilité Sociale et Environnementale représente également un enjeu à l’échelle du développement des Régions dans un espace européen ou celles-ci tendent à prendre de plus en plus d’importance tant sur le plan économique que politique. Méthode de management de l’activité économique, elle doit également être mise en œuvre dans les PME afin de contribuer à l’amélioration globale de la qualité des emplois, des compétences, de l’environnement et du lien social. Ancrées dans les territoires, il est important pour ces entreprises de construire un dialogue permanent avec leurs parties prenantes.

La RSE permet de renforcer la compétitivité des entreprises à long terme car elle permet : 

• d’anticiper les évolutions du marché liées par exemple à la pénurie de certaines matières premières, 
• de rencontrer les attentes de plus en plus exigeantes des clients sur ce volet
• d’intégrer plus facilement les évolutions de la législation existante notamment dans le domaine de l’environnement (grenelle de l’environnement, directives européennes…)
• d’améliorer la performance de l’entreprise à travers un management plus efficient et une amélioration des conditions de travail

En ce sens, la RSE appliquée aux PME représente un levier pour l’innovation et le développement au service d’une compétitivité à long terme de l’activité économique régionale. 

La crise a-t-elle renforcé la RSE ?

La crise actuelle du modèle dominant, et ses dramatiques conséquences sociales, environnementales, humaines, appelle un changement de posture, et le développement d’une économie responsable prenant en compte ses impact sur l’environnement et sa responsabilité sociétale. Cette crise appelle de profondes transformations face à la financiarisation des échanges et à la course effrénée vers le profit. Une autre économie est possible, vecteur d’un développement respectueux de l’homme et de son environnement. Parce que l’homme n’a pas à être soumis à l’économie mais que celle-ci doit au contraire répondre aux besoins de l’homme. 

Vous avez lancé un appel à projet RSE vers les PRIDES quel était son objectif ?

C’est avec cette volonté de dynamiser l’économie régionale que les élus de la Région ont lancé la politique des PRIDES (Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire). Ils ont dès le départ imposé que la RSE soit un des 5 leviers de développement de la stratégie des PRIDES, ce qui est tout à fait novateur dans une politique de clusters.

Lancé en décembre 2008, l’appel à projet RSE à destination des 29 PRIDES et des branches professionnelles avait pour objectif d’inciter les structures à proposer à leurs adhérents une information, un diagnostic, et de les aider à mettre en place un plan d’action stratégique pour intégrer le développement durable dans leur stratégie. 

Sachant qu’il serait parfois difficile de proposer une démarche complète pour certaines structures, l’appel à projet permet également de ne traiter que certaines « briques », mais de faire une sensibilisation à la RSE afin d’initier un parcours où l’entreprise, rentrant par le volet social ou bien le volet environnemental, acquiers peu à peu une vision plus globale.

Avez-vous des exemples de PRIDES qui ont lancé des actions collectives RSE ? 

Ainsi les PRIDES qui avaient initié des actions collectives pilotes dans le domaine du développement durable, ont continué à entrainer d’autres entreprises à travers des actions collectives complémentaires et font ainsi bouger peu à peu l’ensemble de leur filière. Quelques exemples :

Le PRIDES NOVACHIM, qui était pionnier pour tester la démarche « SD 21 000 » (Sustainable Development) avec l’AFNOR, clôturera la semaine prochaine, le 7 avril, une autre action collective intitulée « EVADD » (les Entreprises se Valorisent et Agissent pour le Développement Durable).

Le PRIDES Grande Plaisance, a initié une première action avec les chantiers de réparation navale, puis une autre avec les sous traitants de ces chantiers Il démarre maintenant une action dans la filière grande plaisance sur le thème de l’ « environnement et la sécurité » qui est portée par le PRIDES risques.

Et désormais, le PRIDES risques qui est un pôle transversal, prend la relève pour intégrer dans sa stratégie pour les années à venir le déploiement du thème « environnement sécurité, sensibilisation à la RSE» dans d’autres filières avec d’autres PRIDES.

Force est de constater cependant que la conception et la « commercialisation » d’actions collectives par les PRIDES pour leurs adhérents n’as pas toujours été facile. 

C’est la raison pour laquelle, après l’appel à projet RSE à destination des PRIDES, la Région a fait appel il y a un an, en avril 2010, à une assistance à maitrise d’ouvrage pour aider les PRIDES à monter des actions collectives dans le domaine de la RSE.

Quels autres outils que les PRIDES avez-vous mis en place pour accompagner les PME s’engageant dans une démarche RSE? 

La RSE dans la charte d’engagement des entreprises

La charte d’engagement des entreprises, votée en octobre 2010, vise à développer et à intégrer le développement durable dans ses trois composantes : environnementale, sociale et économique au sein des entreprises bénéficiant d’une aide régionale

Téléchargez la charte d’engagement. 

La RSE dans le dispositif CEDRE

Première délibération votée en décembre 2010 qui fixe le cadre du dispositif, une seconde sera voté le 28 avril 2011 pour fixer les modalités opérationnelles de financement. La Région accompagne l’émergence d’une économie responsable. Au delà des structures répondant aux statuts « historiques » de l’ESS, l’économie régionale responsable rassemble toute les entreprises ayant pris conscience de leur rôle social, environnemental au sein de la société. 

Les entreprises de l’ESS et plus largement celles de l’économie responsable sont souvent en pointe en terme d’innovation. 

Il est légitime que la région soutienne, à travers le dispositif CEDRE, les expérimentations et le développement de ces entreprises qui assument le coût de leur engagement social et environnemental, le coût de la responsabilité. 

Ce dispositif est destiné aux entreprises de moins de 50 salariés partageant les principes de l’économie responsable. Les structures pourront bénéficier d’un appui sur différents vecteurs de leur développement :

• Développement territorial
• Développement de marchés au local, au national, à l’export
• Transformation statutaire
• Mise ne œuvre de démarches marketing responsables
• Coopération d’acteurs
• Développement vertical
• Diversification de l’offre de biens ou de services
• Renforcement de la fonction R&D
• Démarche qualité, certification
• Adaptation aux mutations techniques ou technologiques

Quels liens faites vous entre la RSE et l’Innovation ? 

La définition régionale de l’innovation est lisible dans le SRI ( Schéma Régional de l’Innovation) , celle-ci ne repose pas seulement sur l’innovation technologique mais bien sur l’innovation prise au sens large. L’innovation intègre dans notre définition l’innovation sociale, l’innovation en matière de gouvernance etc.. il existe donc une articulation évidente entre la notion de RSE et l’innovation telle que la définit notre institution. 

Tout projet de R&D devrait être réfléchi en termes de développement durable

En effet, une amélioration technologique peut être rentable, répondre à un besoin à court terme du marché, mais avoir des conséquences sociales ou environnementale néfastes. Il est nécessaire que l’entreprise ou le laboratoire qui entreprend des recherches réfléchisse en amont sur les impacts du produit ou du service sur la société et sur l’environnement.