BERNARD SUSINI :
ADJOINT AU MAIRE, CHARGÉ DU DÉVELOPPEMENT URBAIN DURABLE ET DU PLAN CLIMAT TERRITORIAL
Le 27/05/2011
Bernard Susini, vous êtes adjoint au Maire, chargé du Développement Urbain Durable et du Plan Climat Territorial, dans cet interview vous faites un état des lieux des actions réalisées par la Ville de Marseille pour lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de G.E.S, en protégeant notre territoire, la faune, la flore et la population

Notre pays, dans le cadre de la convention de Kyoto signée en 1997, s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Cet engagement s’est traduit au plan Européen par la fixation de trois objectifs
1- de diminuer de 20 % les émissions de GES,
2- d’augmenter de 20 % l’efficacité énergétique,
3- de porter à 23 % la part des En+R.
La réalisation de ces objectifs implique la mobilisation des Collectivités Locales.
La Ville de Marseille, au travers l’application de son Plan Climat Territorial, entend participer à ce combat en menant des actions qui visent non seulement » à lutter contre la «source» du réchauffement climatique en réduisant les émissions de G.E.S, par la maîtrise de sa consommation énergétique, mais aussi » à se prémunir contre les « effets » du réchauffement climatique en protégeant son territoire, sa faune, sa flore et sa population.
Nous savons que 2/3 des émissions de gaz à effet de serre proviennent des seuls secteurs de l’habitat et du transport, il est donc de notre devoir d’agir prioritairement en direction de ces deux domaines.
Ainsi, la ville de Marseille a décidé de réduire sa consommation énergétique au niveau de la gestion de son parc immobilier, mais aussi des services qu’elle rend à la population (écoles, gymnases, état civil …).
Dans un même temps, nous avons signé avec la Fédération du BTP une charte visant à des modes de construction plus sobres :
avoir une approche bioclimatique de la construction, c’est-à-dire orienter les bâtiments par rapport au soleil pour favoriser l’ensoleillement plus ou moins fort des pièces, par rapport au sens de la circulation des vents pour pouvoir en bénéficier et s’en protéger, développer des nouveaux modes d’isolation, de nouvelles sources d’énergie …
En ce qui concerne les compétences de la Ville, nous avions donc deux objectifs
1er objectif : Diminuer le volume des émissions de gaz à effet de serre de notre patrimoine (bâtiments administratifs, piscines, gymnases…)
D’ici 2020, les collectivités doivent baisser de 38 % les consommations liées à leur parc existant au travers la recherche » d’une plus grande sobriété, » d’une meilleure efficacité énergétique des équipements, et » d’une amélioration de la performance thermique.
Les actions de la Ville de Marseille portent sur :
- l’installation de compteurs électriques, de régulateurs électriques pour adapter l’occupation des locaux aux variations de température extérieures,
- la rédaction de contrats d’intéressement avec les installateurs. L’objectif est de partager entre la ville et les installateurs les fruits des bénéfices dégagés par la réduction des consommations énergétiques.
- Le passage du chauffage dans les écoles du fuel au gaz (30% de pollution en moins et plus grande efficacité énergétique)
- La réalisation des diagnostics et de performance énergétique dans les bâtiments de plus de 1000 m2.
- La réalisation de la thermographie aérienne de la ville (chaque Marseillais peut retrouver la photographie thermique de sa maison et voir où se trouvent les sources d’émissions les plus fortes de gaz à effet de serre qui traduisent un manque d’étanchéité des matériaux).
D’autres axes sont concernés par notre action :
- L’éclairage public qui représente la moitié de la facture «électricité» de la Ville (remplacement de 2 000 lanternes/an par des ampoules basse consommation)
- Le développement d’énergies renouvelables par l’installation de panneaux photovoltaïques sur nos édifices publics (au moins 100 000 m2 sont concernés).
- Etudes menées sur la mise en place d’un système de boucle en eau de mer (cela consiste à utiliser l’eau de mer pour chauffer ou climatiser les futures constructions situées dans le cadre de l’extension d’Euroméditerranée).
- Consommation du papier provenant de forêts gérées selon les procédés durables (je rappelle qu’à l’origine du papier, il y a le bois qui est un piège à CO2).
- Développement du numérique et dématérialisation des documents papier (économie 600 000 photocopies lors de la seule préparation du budget! ).
- une politique d’achat qui intègre les normes environnementales, nous avons commencé par: le bois, les emballages pour la restauration scolaire.
- Recyclage des ordinateurs réformés.
2ème objectif : se protéger contre les effets du réchauffement climatique
Ces dérèglements risquent d’entraîner des inondations dévastatrices. Afin de les éviter :
- Nous curons le lit de nos trois fleuves pour faciliter l’écoulement,
- Nous créons des bassins de rétention, (on est passé de 3200 m3 en 1995,
à 130 000 m3 en 2010, avec un prévisionnel de 210 000 m3 en 2017)
Il convient aussi de protéger notre capital nature et sa biodiversité :
- Création du Parc National des Calanques
- Valorisation et préservation des Iles du Frioul (classement Natura 2000)
- Réalisation du plan « Récifs » 30 000 m3 de structures immergées destinées à fixer les végétaux et à servir de refuge aux poissons pour faciliter leur reproduction
- Négociation du plan de la Gestion de la Rade avec l’ensemble des collectivités concernées (Etat, Région, Département, Communauté Urbaine)
- Modernisation du réseau de rejet des eaux usées: ajout d’un volet biologique à l’usine de traitement des eaux : la station d’épuration Géolide est la plus moderne d’Europe
- Réalisation progressive de parcs et jardins « secs ». Nous travaillons sur la sélection de 25 000 espèces pour détecter les plantes les plus sobres et les plus résistantes à la chaleur et permettre ainsi à notre ville d’avoir encore des espaces verts dans 20 à 30 ans.
- Réduction de 95% de pesticides pour l’entretien des parcs et jardins.
Enfin avec les autres collectivités, et plus particulièrement la Communauté Urbaine, nous réfléchissons sur 3 axes :
- Arrêter l’étalement de la ville et s’orienter vers un aménagement urbain plus compact. Cette vision de la ville suppose d’augmenter la densité de l’habitat, de renouveler les formes architecturales, et de libérer, ainsi, des espaces de loisir et de détente.
- Réfléchir à une éco-mobilité globale, avec une priorité donnée aux TCSP et aux modes doux de déplacement (vélos, piétons) ce qui suppose de réorganiser nos voies pour une circulation multimodale (permettre aux bus, taxis voitures et vélos de circuler sans risque et en harmonie).
- Informer de manière plus importante le grand public par des moyens tournés le plus possible vers le numérique.