ALAIN DOUSSET :
Le 30/05/2010
Alain DOUSSET, Directeur Général de l’entreprise DOUSSET MATELIN, nouveau Président du Syndicat National des Entreprises de Service et de Distribution du Machinisme Agricole lors de la VIIème Convention de la filière des agroéquipements, qui fut organisée à MARSEILLE nous expliquent quelle seront ses options face à la crise que traverse le Monde Agricole Français et ses initiatives en regard des défis qu’ont à relever les Agriculteurs, en matière d’équipements et de matériels moins agressifs sur l’environnement.

Quelques chiffres et avant propos :
Les chiffres faisant foi, par publication du Gouvernement attestent d’un revenu moyen agricole, en 2009, à hauteur de 14600 euros, soit une baisse de 34% par rapport à 2008, année où s’enregistrait déjà une perte de 20%. Pour parer au plus pressé, le gouvernement a lancé un plan de soutien de 1,8 milliard d’euros de prêts, assorti de 650 millions d’aides. Le Ministre Bruno LE MAIRE entend s’attaquer aux problèmes structurels et le Sénat examine présentement la Loi de modernisation de l’Agriculture et de la pêche, dont l’objectif est d’assurer des revenus plus stables aux Paysans. En parallèle, le Gouvernement fait pression sur la Grande Distribution et à l’issue d’une réunion, tenue le 17 mai 2010 à l’Élysée, cette filière s’est engagée à modérer les marges appliquées, par ses enseignes, sur les fruits et légumes. Monsieur le Président de la République, a récemment averti les Partenaires européens de la FRANCE qu’il n’accepterait pas le démantèlement des instruments de régulation de la P.A.C, (Politique Agricole Commune), lors du protocole de renégociation de « l’Europe Verte ».
De fait, les impératifs d’adaptation aux marchés, les exigences de modernisation et de respect environnemental trouvent, pour partie, leur résolution dans les technologies et les matériels développés par l’industrie du machinisme agricole. En votre qualité de nouveau Président, représentant le secteur de l’Agro-équipement, (Constructeurs, Importateurs, Distributeurs), quelle seront vos options face à la crise que traverse le Monde Agricole Français et vos initiatives en regard des défis qu’ont à relever les Agriculteurs, en matière d’équipements et de matériels moins agressifs sur l’environnement, alors qu’existent des distorsions à l’échelon européen et mondial, en l’absence d’uniformisation des règles ?
La filière du Matériel Agricole et des Agro-équipements connaît une crise qui s’origine dans la baisse du revenu des Agriculteurs Français, due effectivement en partie, à l’existence de distorsions réglementaires au niveau mondial et même européen, malgré les processus législatifs et normatifs d’intégration européenne. Ainsi, en matière sociale, le coût de la main d’œuvre agricole est plus élevé en FRANCE que dans le reste des pays membres de l’Union Européenne, y compris l’ALLEMAGNE. Ces disparités s’expriment aussi en écarts de valeur qui ont pour effets de surenchérir, en FRANCE, le coût des matériels et des investissements et de rendre plus difficultueux la prise de conscience écologique et l’éco – compatibilité agricole sur les milieux.
La baisse problématique du revenu agricole moyen a-t-elle une incidence directe sur le seul niveau des investissements à court terme, sans venir compromettre l’avenir de la nécessaire modernisation de long terme des exploitations agricoles, en respect des dispositifs sur l’environnement, tels que le Règlement européen REACH ?
C’est parce-que l’agriculture constitue un domaine stratégique que les Pouvoirs Publics et l’ensemble des Décideurs Français se sont mobilisés pour circonscrire à court terme les conséquences de la crise actuelle. Tout au long des deux jours de notre VIIème Convention, les différents Intervenants ont insisté sur la qualité des fondamentaux de l’agriculture française, assurant son développement à moyen et long terme. Lors de sa prise de parole, un Député Européen, insistant sur l’aspect stratégique a proposé de décliner le sigle P.A.C / « Politique Agricole Commune » en « Politique Alimentaire Commune ». A mes yeux, suivant mon expérience et mes contacts, le Monde agricole reste majoritairement convaincu de la nécessité des efforts à produire en direction d’un meilleur équilibre d’ensemble, pour mieux produire en qualité, sans sacrifier aux exigences de quantité.
Le Plan de Soutien Exceptionnel à l’Agriculture, (P.S.E.A), promulgué par le Gouvernement a été présenté hier, 8 avril 2010, en la Préfecture de Région par Monsieur le Médiateur Nicolas FORISSIER, pour son application en PROVENCE – ALPES – CÔTE D’AZUR. Il a principalement pour but de reconstituer la trésorerie et les marges des Exploitations agricoles. Ces mesures sont elles suffisamment bien adaptées à l’ampleur des tensions économiques du secteur agricole français, sur longue période ?
Parmi les quatre volets qui composent le Plan d’Urgence, seules les mesures bancaires et sociales peuvent être analysées à ce jour ; les mesures « Agriculteurs en difficulté », ainsi que les mesures fiscales s’inscrivant dans un calendrier plus tardif. Les réalités économiques agricoles varient suivant les Régions, ainsi en PROVENCE – ALPES – CÔTE D’AZUR, la production agricole est caractérisée par les filières fruits et légumes, arboriculture, viticulture à fortes charges opérationnelles, en particulier de main d’œuvre salariale. Les mesures à impact positif seront celles visant à effacer tout ou partie de ces charges. Ce constat, basé sur l’utilisation différentielle des mesures du P.S.E.A, corrobore le fait que nous sommes plus en face d’une crise de marché que d’une crise de structures. Tout projet afin de sécuriser l’avenir des revenus et apte à donner de la transparence et de l’équité à la formation des prix sera donc accueilli favorablement par les Agriculteurs et Éleveurs.
Les défis tenant à la place de l’Agriculture raisonnée, au Développement Durable, ne sont ils pas à même d’assurer au savoir – faire français, dès lors qu’il les relèvera, la capacité de permettre à l’Agriculture Française d’occuper les tout premiers rangs mondiaux ?
La croissance démographique de la Population mondiale génère un poids, davantage ressenti sur l’espace agricole disponible. Il nous incombe de déterminer les nouveaux modes de culture des sols et d’élevage compatibles avec une agriculture « écologiquement intensive ».